samedi 14 décembre 2024
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Sanmatenga: deux chercheurs burkinabè se penchent sur le travail des enfants dans les sites d’orpaillage

Ceci est le fruit de recherches de deux chercheurs burkinabè sur le retrait des enfants dans les sites d’orpaillage et intervention des ONG au Burkina Faso : cas de la province du Sanmatenga. Lisez !

Thème : Retrait des enfants dans les sites d’orpaillage et intervention des ONG au Burkina Faso : cas de la province du Sanmatenga

Dr Zongo Tongnoma, chargé de recherche à l’institut des sciences des sociétés du CNRST

Email : ztongnom@gmail.com

Dr Somé Sien So Sabine Léa, attaché de recherche à l’institut des sciences des sociétés du CNRST

Email : siensolea@gmail.com

Introduction

Le Burkina Faso compte de milliers d’ONG et associations de développement (Direction Générale de la Coopération -Annuaire statistique de l’économie et des finances, 2015). Cependant, il convient de mentionner que peu de travaux scientifiques existent sur le sujet comparativement à un pays voisin comme le Mali (Raghavan, 1992), notamment en Sciences Humaines. Alain Piveteau (2004, p. 21) souligne que « les ONG bénéficient, auprès des organismes internationaux, comme auprès d’un large public, d’une réputation à la hauteur des défis et programmes d’actions qu’elles ont engagées ».

Parmi ces ONG et associations de développement, plusieurs ont pour centre d’intérêt les enfants travailleurs dans les mines. Bon nombre d’entre eux interviennent dans les sites aurifères de la province du Sanmatenga. En effet, le Burkina Faso fait partie des pays dont une bonne partie des enfants gagnent leur quotidien en travaillant dans les sites d’orpaillage (Ministère des mines et des carrières, 2018).

De nos jours, le développement de certains secteurs d’activités tels que la protection des enfants travailleurs dans les sites miniers paraît incapable de se penser en dehors de la rhétorique des grands bailleurs de fonds, des ONG, associations de développement. Palliant les défaillances de l’Etat burkinabè, notamment sur le plan social, les ONG et associations de développement ont stigmatisé l’affaiblissement de pouvoirs publics qui voient souvent leur rôle de coordination en matière de développement amoindri (Green et Matthias, 1997). Cette situation a engendré une présence massive des ONG dans la lutte contre le travail des enfants dans les sites d’orpaillage. Cependant, la situation sécuritaire qui sévit dans la province du Sanmatenga bouleverse les mécanismes d’intervention qui étaient mis en place dans le passé. Dans le cadre de cette étude, notre objectif principal est d’investiguer sur les mécanismes d’intervention des ONG dans la lutte contre le travail des enfants dans les sites d’orpaillage dans ce contexte actuel d’insécurité dans la province du Sanmatenga.

  1. Méthodologie

Notre étude est essentiellement compréhensive d’une réalité, celle de l’intervention des ONG dans ce contexte d’insécurité difficile sur les sites d’orpaillage. Cette étude se donne pour objet d’analyser les mécanismes d’intervention des ONG dans ce contexte d’insécurité dans la province.

La démarche scientifique adoptée dans le cadre de cette étude est basée sur la recherche documentaire, les enquêtes de terrain et l’observation directe. La recherche documentaire et la collecte des données sur le terrain ont servi de support de taille à l’acquisition d’informations dans le cadre de cette étude. L’approche qualitative fut privilégiée au niveau de la collecte des données sur le terrain.

Une trentaine d’entretiens ont été réalisés en juin 2022 auprès de plusieurs acteurs au niveau de la province du Sanmatenga et dans la ville de Ouagadougou. Les acteurs concernés par les entretiens au niveau de la province étaient constitués des orpailleurs de la province du Sanmatenga, le responsable du syndicat des orpailleurs à l’échelle de la province, un agent de la direction régionale de l’action sociale, un agent de l’ONG Alliance Technique d’Assistance au Développement (ATAD), un agent de la mairie de la ville de Kaya, les parents des enfants déplacés internes dans la commune de Kaya. Au niveau de la capitale Ouagadougou, des entretiens ont été réalisés auprès des agents du ministère des mines, de la direction de l’Agence Nationale d’Encadrement des Exploitations Minières Artisanales et Semi-mécanisées (ANEEMAS), le Ministère du Genre , Solidarité nationale, Famille et de l’Action Humanitaire (ex Ministère de la Femme, de la Solidarité nationale, et de la Famille), l’ Office national de sécurisation des sites miniers (ONASSIM) et la Brigade Nationale Anti-Fraude de l’Or (BNAF).

Les entretiens auprès de ces informateurs clés ont consisté à recueillir les mécanismes de gestion des enfants travaillant sur les sites, les changements qu’ils ont été contraints d’opérer du fait de l’insécurité dans leur zone d’intervention.

L’observation a également joué un rôle fondamental dans le cadre de cette étude. Notre guide d’observation a porté sur les conditions de travail des ONG, les interactions entre les représentants des ONG et les enfants bénéficiaires de leurs services.

Les données des entretiens ont été recueillies à l’aide d’un dictaphone. Par la suite, elles ont été transcrites, traitées, analysées et complétées par des données secondaires provenant des différentes bibliothèques du Burkina Faso et des documents traitant de la thématique en accès libre sur internet.

2. Les résultats de l’étude    

2.1. Mécanismes d’intervention des ONG dans la lutte contre le travail dans les sites d’orpaillage avant les attaques des groupes armés          

 Dans le cadre de la promotion et la protection des droits de l’enfant, le Burkina Faso bénéficie de l’accompagnement de plusieurs acteurs non étatiques, parmi lesquels, il y a des organisations non gouvernementales internationales, multilatérales et bilatérales, des ONG et associations nationales. En 2015, le ministère de l’Economie et des finances, à travers les directions générales de la coopération (DGCOOP), a dénombré 394 ONG et associations de développement actives au Burkina Faso. Ces ONG étaient très dynamiques dans la lutte contre le travail des enfants dans les sites d’orpaillage du Burkina Faso avant les attaques des groupes armés dans les régions rurales du pays. En effet, les actions de contrôle du travail des enfants dans les sites d’orpaillage et carrières artisanales, le retrait et la prise en charge d’un certain nombre d’entre eux se multipliaient. Cependant, face à la gravité et l’ampleur des attaques des groupes armés dans les sites d’orpaillage, les zones d’interventions des ONG ne font que se rétrécir du jour au lendemain. Le ralentissement des activités des associations locales considérées comme des courtiers locaux, acteurs d’interface qui construisent leur position sociale (et parfois économique) sur leur maîtrise de « langage développement » et sur leur capacité à assurer la traduction entre espace de sens (Bierschenk et al, 2000) est observable dans notre zone d’étude. Dans ce contexte de sécurité difficile, le phénomène de courtage joue finalement à tous les niveaux de l’aide. C’est dans cette même veine que des chercheurs comme (Blundo et Olivier de Sardan, 2007 ; Mathieu, 2007) notent que les logiques de captation de l’aide qui se branchent sur les logiques néo-patrimoniales et clientélistes et/ou de corruption finissent par l’emporter sur la finalité affichée du projet. Au-delà de la corruption ou du mauvais suivi des associations qui exécutent les programmes des ONG dans la lutte contre le travail des enfants dans le Sanmatenga, il convient de mentionner que l’insécurité mets à mal la poursuite des projets de développement.

 C’est dans ce même ordre d’idée qu’un responsable d’ONG dans le Sanmatenga nous laisse entendre : 

« nous avons un budget conséquent pour appuyer les enfants dans l’apprentissage des métiers afin qu’ils puissent s’épanouir et laisser le travail dans les sites d’orpaillage, mais la situation sécuritaire nous oblige à rester dans les zones accessibles et plusieurs enfants sont laissés à leur propre destin dans les zones dites dangereuses dans la province du Sanmatenga » [IS]

Un autre explique :

« nous avons changé notre modèle d’intervention dans les sites d’orpaillage à cause de la situation sécuritaire à travers des campagnes de sensibilisations des conseillers municipaux, les agents de l’action sociale, les responsables des orpailleurs dans les communes  des zones dites dangereuses mais sans descendre dans les trous d’orpaillage » [CS]

Un autre responsable d’ONG avance : « Nous voulons organiser des campagnes de sensibilisation dans la lutte contre le travail des enfants à travers des émissions radiophoniques et de ciné-débats à cause de la situation sécuritaire très difficile » [CC]. Ces récits montrent bien que les attaques des groupes armés jouent négativement sur l’intervention des ONG dans la lutte contre le travail des enfants dans les sites d’orpaillage pendant ces dernières années au Burkina Faso et plus particulièrement dans la Province du Sanmatenga.

2.2. Perceptions des bénéficiaires sur les mécanismes d’intervention     

Les perceptions des bénéficiaires sur les mécanismes d’intervention des ONG sont un peu mitigées. Si certains s’appesantissent sur les aspects positifs de ces mécanismes et les relèvent, d’autres soulignent les aspects négatifs. Que ce soit l’un ou l’autre groupe, ils font des suggestions pour une meilleure prise en charge.

La majorité des bénéficiaires expriment leur satisfaction des mécanismes d’intervention déployés par les ONG pour leur protection notamment dans les sites d’exploitation minières. Ainsi, R.A., parent d’orpailleur, du village de koutoula Yarce affirme : « L’argent gagné dans l’orpaillage va finir mais le bien-être de l’enfant est à l’école et ce qu’il gagnera comme connaissances lui sera bénéfique tout au long de sa vie. Donc, pour moi, le retrait des enfants dans les sites d’orpaillage par les ONG qui s’inscrit dans cette dynamique est à saluer ».

Les mécanismes d’intervention sont de divers ordres. Dans un premier temps, il y a l’appui aux mères des enfants qui travaillent sur les sites d’exploitation artisanale. En outre la ré-scolarisation est au centre de l’intervention de ceux qui adhèrent à la politique de retrait des sites. En plus, certaines ONG permettent à des enfants de 15 à 17 ans de bénéficier d’une formation professionnelle (mécanique, menuiserie, tissage, couture, …). Enfin, d’autres ONG accompagnent les enfants à partir de 12 ans dans l’initiation des activités génératrices de revenus : élevage, agriculture de rente.

Les principales structures qui octroient des financements à ceux qui initient des activités dans le cadre de la protection des enfants sur les sites miniers de la province du Sanmatenga sont : UNICEF (sous bureau), Plan Burkina, la Croix Rouge, … Ils travaillent en partenariat avec des associations partenaires locales : Association pour le Développement Communautaire et la promotion des Droits de l’Enfant (ADC PDE), Association Communautaire de Développement du Centre-Nord (ACD/CN), Association pour la promotion et l’Intégration de la Jeunesse du Centre-Nord (APIJC CN), Alliance pour une mine responsable, Association d’appui et d’Accompagnement pour le développement Communautaire (AAADC), etc.

Dans la société contemporaine burkinabè, des associations locales se créent pour être des interfaces entre les destinataires des projets et les institutions. 

Selon nos données de terrain, il convient de mentionner qu’il existe une faible adhésion de certains enfants à la politique de prise en charge dans le cadre de leur protection car ils estiment qu’on ne devrait pas contrarier leur projet de travail en vue de subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles. J.O. l’exprime en ces termes :

« Je suis conscient qu’il y a des risques dans le travail de l’orpaillage mais je pense bien que l’orpaillage est plus concret que l’agriculture car depuis que je suis né, l’agriculture n’a jamais donné une moto aux parents mais avec l’orpaillage presque tous les enfants de la famille se retrouvent avec une moto ».

A côté de ces derniers, il y a plutôt ceux qui développent un ressentiment à l’endroit de leurs parents parce qu’ils les ont introduits dans un circuit de travail dans les mines sous la forme d’une contrainte déguisée, d’une marchandisation (Somé, 2017 : 112-114 ; 260-264)). Cette affirmation est confirmée par les propos d’un agent de sécurité de la province de Zorgho en 2022 :

« Nous avons mis la main sur des enfants cédés par leurs parents aux patrons des orpailleurs contre une somme de 200 000 FCFA à 300 000 FCFA pour une destination sur les sites d’orpaillage du Mali ». 

2.3. Le ralentissement des interventions des ONG dans les sites d’orpaillage du Sanmatenga

S’il est vrai que la lutte contre le travail des enfants dans les sites d’orpaillage par les ONG ne peut pas se baser exclusivement sur leurs interventions pour affirmer qu’ils contribuent à les protéger contre toute adhésion des idéologies des groupes armés, il est aussi plus évident que l’occupation d’une grande partie des sites d’orpaillage par les groupes armés pourrait être catastrophique pour plusieurs enfants de la province dont leur suivi en dépend directement ou indirectement. Plusieurs chercheurs ont identifié les risques encourus par les enfants dans le cadre de leurs activités sur les sites d’orpaillage. Dorte Thorsen (2012), montre que certains jeunes creuseurs dépensent immédiatement et ouvertement leur argent dans le sexe et l’alcool au vu et au su de tout le monde. CRONGD-KO et al (2011) a trouvé que les enfants étaient exposés à la prostitution précoce et toute forme de banditisme dans les sites d’orpaillage.  Dans ce contexte d’attaques fréquentes des groupes armés dans la province du Sanmatenga, questionner l’impact de l’arrêt des activités de plusieurs ONG dans les sites d’orpaillage où l’autorité de l’état n’existe plus s’avère très intéressant pour comprendre les mutations et les stratégies de recrutement qui se construisent dans les sites. Avant les attaques des groupes armés dans la province du Sanmatenga, la rémunération des enfants dans le secteur de l’orpaillage dépend des activités qu’ils exercent (Zongo, 2013). Si les adultes sont soumis à un régime de pourcentage de partage dans la répartition des revenus de l’orpaillage, tel n’est pas le cas pour la rémunération des enfants dépendante de leur bon vouloir. Cette forme de vulnérabilité pourrait conduire à un basculement des enfants vers les groupes armés. C’est sur cette même veine qu’un responsable d’une ONG de la province nous laisse entendre que les enfants sont prêts à fournir n’importe quel travail malgré les conditions inhumaines pour avoir de quoi à manger. I.S., un de nos enquêteurs note que « les enfants sont recrutés et formés pour poser les explosifs contre la somme de 200 000 FCFA à 300 000 FCFA pour chaque mine déposée sur la route ».

IZ, un agent de l’action sociale estime : « si rien n’est fait pour protéger les enfants dans les sites d’orpaillage, le terrorisme ne pourra jamais prendre fin car les terroristes continueront de recruter les enfants vulnérables qui sont allés se chercher dans les sites d’orpaillage ».

IA, un parent d’un enfant qui travaille dans les sites d’orpaillage avance : « ce qui motive les enfants à aller dans le rang des terroristes c’est le manque de prise en charge familial pour les enfants orphelins qui sont allés très jeunes dans les sites d’orpaillage ou laissés à eux-mêmes dans les rues des villages ou villes de la province ».

Un agent de la mairie de la ville de Kaya estime que les attaques des groupes armés dans le Sanmatenga ont suspendu les activités et les enfants souvent déplacés, ne pouvant plus aller à l’école, s’adonnent à des activités rémunératrices de revenus comme l’orpaillage et souvent finissent par tomber dans le piège des groupes armés et finissent par accepter leur idéologie. Ces résultats corroborent les résultats de bon nombre d’experts qui établissent une corrélation entre l’insécurité et le boom aurifère actuel qui suscite des convoitises grandissantes. L’orpaillage est l’un des secteurs de l’économie par lesquels ces organisations se financent (International Crisis Group (ICG), 2017). Face à l’incapacité de l’Etat de reprendre les sites d’orpaillage aux groupes armés et d’imposer une discipline au sein des activités d’exploitation artisanale de l’or, les enfants continueront d’être utilisés par les groupes armés pour atteindre leurs objectifs.

  • Quasi-hégémonie des ONG dans la lutte contre le travail des enfants dans les sites d’orpaillage              

L’ONG, est un « espace public » investi par des groupes appartenant à des professions ou à des segments de professions constitués à l’extérieur – agronomes, vétérinaires, médecins, ingénieurs, juristes, enseignants, prêtres, militaires… – qui s’assemblent autour d’un programme politique et social mobilisateur. « ONG » est le nom générique que se donnent ces divers corps de métier dès lors qu’ils se regroupent pour agir dans le domaine de la solidarité internationale (Le Naëlou, 2004 : 781).  « À la fin des années 1980, ces différents corps de métiers décident de mettre en place les conditions favorables à une modernisation générale des organisations et à leur insertion dans les milieux de plus en plus concurrentiels de la coopération internationale » (Le Naëlou, 2004 : 781).

Une grande partie des ONG affiche les logiques civiques de solidarité mutuelle, qui visent à transformer la société (Laville, 2001). Entre demande des habitants et demande des autorités publiques et des bailleurs, les ONG peuvent se voir confier une mission de distribution de divers biens et services là où elles ont tissé des liens plus ou moins forts. Elles sont, en retour, chargées de faire remonter les demandes locales vers les administrations publiques et internationales. Elles développent ainsi une compétence fondée sur la proximité, la connaissance de terrain et sur des expériences de solidarité ordinaire, concrète et adéquate à chaque situation, ce qui leur confère les attributs ambigus de l’expertise (Le Naëlou, 1995). Dans le contexte sécuritaire actuel très précaire au Burkina Faso, et notamment dans la province du Sanmatenga, cette proximité est fortement remise en cause.

La prise en compte des problèmes, des aspirations et des modes d’action des acteurs locaux réagissant aux politiques et programmes de développement est une priorité. L’ONG mobilise les diverses connaissances et les savoir-faire en vue de servir une cause : appuyer les populations des pays du Sud à contrer des modes dominants d’action et élaborer, à leurs côtés, des politiques et projets alternatifs adaptés à leurs demandes et à leurs ressources. Dans cette perspective, l’actualisation de la connaissance des contextes sociaux d’intervention est une des plus grandes difficultés à laquelle sont confrontées les ONG. Cette exigence passe par l’acquisition et le renforcement de cadres conceptuels variés alliés à une connaissance historique des terrains d’intervention sur des temps longs ; L’ONG se donne alors les moyens de comprendre la complexité des situations sociales qu’elle accompagne. Les discours et l’action des ONG paraissent souvent ambigus, enlacés entre des jeux de politiques internationales, des enjeux nationaux et locaux complexes et leurs propres intérêts (Lewandowski, 2007).

Les données d’enquête laissent percevoir une faible volonté de l’état burkinabè dans la lutte contre le travail des enfants dans les sites d’orpaillage, au regard de leurs actions comparées à celles des ONG. La majorité de leurs activités sont initiées en comptant sur le financement des bailleurs de fonds (ONG, associations de développement, …). Celles menées sur financement propre sont très marginales. 

Conclusion

Pour étudier les interventions des ONG dans la lutte contre le travail des enfants dans les sites d’orpaillage dans un contexte d’insécurité grandissante dans la province du Sanmatenga au Burkina Faso, nos analyses ont porté sur la compréhension, les mécanismes d’intervention et surtout l’efficacité de ces stratégies d’intervention tout en essayant de confronter les différents acteurs à différentes échelles. L’entrée par la théorie du changement nous a été utile pour comprendre les mutations qui se construisent dans l’intervention des ONG dans ce contexte de sécurité difficile. Ce fil a permis de montrer que dans les communes minières qui subissent les attaques des groupes armés, les ONG passent par les associations locales pour mettre en œuvre leur projet. Mais toutefois il convient de souligner que la mise en œuvre de ces projets n’est pas beaucoup suivie par ces ONG. En effet, au Burkina Faso comme ailleurs, l’intervention des ONG dans un contexte de sécurité difficile induit des dynamiques territoriales caractérisées par la menace qu’elle fait peser sur le système rural et une concurrence accrue de l’utilisation des enfants travaillant dans les sites d’orpaillage dans le rang des groupes terroristes. Le contexte sécuritaire a fortement contribué à reconfigurer leur mode d’intervention. Les attaques des groupes armés les amènent soit à réorienter leurs activités ou à même les abandonner dans certaines localités au regard des risques encourus par leurs employés. C’est l’une des raisons fondamentales de la présence massive des enfants dans les sites d’orpaillage du Sanmatenga. Cette étude ouvre ainsi à des perspectives de recherche sur le réseau de recrutement des enfants et leurs rôles auprès des groupes armés terroristes au Burkina Faso. Toutes ces questions méritent un intérêt de recherche.

Références bibliographiques

Annuaire statistique du ministère de l’économie et des finances, 2015

BIERSCHENK Thomas, CHAUVEAU Jean-Pierre P., OLIVIER DE SARDAN Jean Pierre, eds. 2000. Courtiers en développement : les villages africains en quête de projets, Paris, Karthala, 328 pages.  

GREEN Andrew et MATTHIAS Anne, 1997, Non-Governmental Organizations and Health in Developing Countries, St. Martin’s Press, New York, p. 60.

LAVILLE, Jean-Louis, 2001, « Les raisons d’être des associations », in LAVILLE Jean-Louis Association, démocratie et société civile, pages 61 à 140.

LE NAËLOU Anne, 1995, « Experts, expertise et coopération européenne », Cahiers Internationaux de Sociologie, Nouvelle série, Vol. 98, Force et contagion des émotions (Janvier-Juin 1995), pp. 129-160 (32 pages) Published By : Presses Universitaires de France. https://www.jstor.org/stable/40690627

 LEWANDOWSKI Sophie, 2007, « Les savoirs locaux au Burkina Faso. Enjeux pédagogiques et sociaux. », Ethnologie française, 2007/4, volume 37, pages 605 à 613   

LEWANDOWSKI Sophie, 2007, « Les compromis d’une ONG burkinabé entre politiques de « bonne gouvernance » et « pouvoirs locaux », Afrique contemporaine (dossier Décentralisations et Développements), n° 221, pp.131-153.

OLIVIER DE SARDAN Jean-Pierre, 1995, « La politique du terrain ». Enquête, [En ligne] 1, mis en ligne le 10 juillet 2013, consulté le 07 octobre 2014. URL : http://enquete.revues.org/263

PIVETEAU Alain, 2004, Evaluer les ONG, Hommes et Sociétés, Karthala, 384 pages.

RAGHAVAN, N., 1992, « Les ONG au Mali », in Politique africaine, n°47, pages : 91-100

External link: http://www.politique-africaine.com/numeros/pdf/047091.pdf

SOME Sien So Sabine Léa, 2017, La marchandisation des enfants au Burkina Faso.  Trafic, traite et exploitation. Editions L’Harmattan, 460 pages.

THORSEN Dorte, 2012, Les enfants qui travaillent dans les mines et les carrières, Résultats d’une étude menée en Afrique de l’Ouest et centrale, Document d’information n° 4, UNICEF.

ZONGO Tongnoma, 2013. Le travail des enfants dans le secteur minier artisanal en Afrique. Mémoire de master recherche de géographie, université de Ouagadougou, 98 pages.

ZONGO Tongnoma, 2020, « Le travail des enfants dans les sites d’orpaillage de la province du Sanmatenga », in Burkina 24 du 09 novembre 2020. En ligne : https://www.burkina24.com/2020/11/09/le-travail-des-enfants-dans-les-sites-dorpaillage-de-la-province-du-sanmatenga/.

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