samedi 14 décembre 2024
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Procès Vincent Dabilgou : L’ex-ministre refute toutes les accusations portées par des co-accusés contre lui

Vincent Dabilgou, « l’ordonnateur principal du budget du ministère des Transports entre 2018 et 2022 » est à la barre, ce lundi 19 juin 2023 au TGI Ouaga 1. C’est le principal prévenu dans cette affaire de « détournement de deniers publics pour des besoins personnels et politiques ». L’ex ministre des Transports nie toutes les « révélations » faites par les prévenus précédents sur sa gestion.

« Le ministre ne se mêle pas de la gestion du carburant dans un ministère », campe Vincent Dabilgou à l’entame de son audition. En effet, tout part d’une question de contrat de carburant dont le livrable a été transformé en espèce, en lieu et place du carburant proprement dit. Il s’agit des marchés confiés à deux entreprises, Green Énergy et Ildo Oil pour la livraison de carburant au profit du ministère des Transports et qui ont fait l’objet de « détournement ».

Plutôt que du carburant à livrer, « les contrats stipulaient qu’une partie devrait être livrée en montant, en espèces ». Vincent Dabilgou maintient que toutes « ces manigances » lui sont étrangères. Alors que, pour ce faire, c’est un compte du ministère des Transports qui a été utilisé pour toutes les transactions. Il s’agit d’un compte bancaire domiciliés à ECOBANK et dont la création par l’ASECNA est antérieure à la prise de fonction du ministre Dabilgou. Selon l’ex ministre des Transports, ce compte commercial de son département ministériel était ravitaillé par 3 sources dont l’ASECNA, la DAAM et la RAN. Les fonds de ce compte sont destinés aux besoins du ministère des Transports, a-t-il précisé, tout en indiquant que le solde est accrédité d’un peu plus de 60 millions de FCFA. Le prévenu affirme d’ailleurs qu’il n’est pas « normal que ce compte soit utilisé pour les besoins du parti politique, le NTD ». Mais, si cela a été fait, « Vincent Dabilgou n’a jamais donné l’ordre de les utiliser pour les besoins du parti », se défend-t-il.

Sur le « supposé » don de carburant du ministère des Transports à la SOPAFER-B comme affirmé par le prévenu Malick Kouanda, qui était DG de la SOPAFER-B, M. Dabilgou les remet en cause. « C’est monsieur Kouanda qui dit que c’est un don. C’est moi qui l’ai nommé. Je ne l’ai pas désigné parce que j’aimais Kouanda. Mais j’ai désigné le plus qualifié. Maintenant, lui et moi, on n’a jamais discuté d’un quelconque don à cet effet », a martelé le ministre Dabilgou. Précisons que Malick Kouanda était aussi le Directeur de campagne de Vincent Dabilgou en 2020.

Concernant l’utilisation des fonds du ministère des Transports pour l’achat des motos, Vincent Dabilgou a fait savoir qu’il n’a jamais commandé des motos à titre personnel ou pour le parti politique, le NTD. Si Jean Gabriel Séré a affirmé qu’il a acheté plus de 80 motos pour la campagne du NTD en 2020 avec un nommé Seydou Compaoré « sur instruction du ministre Dabilgou », l’accusé a rejeté cette version à la barre.

Vincent Dabilgou est ferme. Il ne connaît pas le nommé Seydou Compaoré. Mais, il reconnaît avoir « reçu des motos MegaMonde ». Et d’ailleurs, « toutes les motos du parti en sa connaissance sont de MegaMonde », a confié l’ex ministre des Transports, alors que le rapport d’expertise sur son téléphone personnel révèle que M. Compaoré a émargé avec les chèques ECOBANK du ministère des Transports.

Cependant, pour preuve, le ministère public a livré une conversation entre Vincent Dabilgou et Seydou Compaoré sur WhatsApp. Il est écrit : « Bonsoir Excellence. Je m’excuse. Votre stock de motos commandées est prêt. Nous pouvons vous livrer demain ».

Des contradictions qui ont fait révolter le ministère public. « Monsieur Dabilgou, vous avez affirmé que vous ne connaissez pas Seydou Compaoré. Vous ne reconnaissez pas non plus avoir eu des échanges sur l’achat des motos avec lui. Mais, si un vendeur de moto peut se permettre d’appeler un ministre, si c’est ça la vérité, je suis désolé mais nous sommes foutus », a lancé le procureur à l’endroit du ministre Dabilgou. Rappelons que Seydou Compaoré est un témoin. Il sera entendu dans ce dossier.

Poursuivant sa défense, Vincent Dabilgou a aussi partiellement rejeté la déclaration de Malick Kouanda qui avait dit que le ministre lui avait demandé de stocker des motos appartenant au NTD dans les locaux de la SOPAFER-B. « J’ai demandé le magasin pour conserver d’abord des vivres pour aider des sinistrés. C’est par la suite que j’ai redemandé à Kouanda de stocker des motos que j’ai reçues de MegaMonde dans le magasin, qui d’ailleurs se trouvait hors du bureau », a-t-il expliqué.

Concernant également les contrats de la SOPAFER-B avec les sociétés Green Énergy et Ildo Oil pour la livraison de carburant, M. Dabilgou a déclaré qu’il n’était informé de rien. « Je suis formel. Je ne suis pas au courant du contrat de la SOPAFER-B avec Green Énergy et Ildo Oil. Nulle part », a-t-il déclaré.

Sur les financements privés du NTD, selon le ministre Vincent Dabilgou, aucune loi n’interdit un privé de donner de l’argent à un parti politique. « Un parti politique reçoit beaucoup de financements de la part des personnes étrangères et structures privées. Je ne pouvais pas contrôler tout cela. Je n’ai pas de commentaire à faire sauf que moi Vincent Dabilgou je ne peux pas mentir sur un opérateur économique », s’est-il défendu.

L’audition du ministre Vincent Dabilgou reprendra après la pause observée par le Tribunal.

Mathias Kam
Minute.bf

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