Ceci est une tribune du Pr Taladidia Thiombiano sur la problématique des élections dans une situation de terrorisme. Lisez plutôt !
L’Union européenne vient d’octroyer au Burkina Faso une enveloppe financière de 15 millions d’euros pour l’organisation des élections en 2024. C’est bien. Le peuple burkinabè remercie l’UE de se soucier du retour à la démocratie à travers des élections libres et transparentes, permettant à la société civile de revenir au pouvoir. Seulement voilà, en citoyen libre et soucieux de l’avenir de mon pays, je demande à l’UE, combien de millions de dollars elle a mis à la disposition du pays pour qu’il puisse acheter des armes pour lutter contre l’insécurité ? Quelle est la quantité d’armes que l’UE a remises au gouvernement burkinabè pour le soutenir dans sa lutte contre le terrorisme qui frappe le pays officiellement depuis le 15 janvier 2015 ? Je pense que l’Occident doit commencer à comprendre, sinon, la jeunesse africaine lui fera comprendre à sa manière que le discours où on disait au nègre si on te gifle la joue gauche tu donnes la joue droite, et « heureux vous qui êtes pauvres, car le royaume de Dieu est à vous ! Il est difficile au riche d’entrer au ciel ». C’est bien. Si tel est le cas, pourquoi vous les Occidentaux vous avez fait des esclaves pour devenir plus riches ? Pourquoi vous avez fait des colonies pour devenir encore plus riches ? Pourquoi vous maintenez des néo-colonies dans la servitude pour vous enrichir davantage ? Pourquoi vous faites l’accumulation capitaliste pour vous enrichir au-delà de votre besoin de consommation ? Pourquoi vous nous envoyer des terroristes pour vous faciliter l’exploitation de nos ressources naturelles ? C’est à croire que vous-mêmes vous ne croyez pas à ce paradis ?
Mais, nous avons vu où cela nous conduit.
Concrètement, on a un nègre toujours soumis au colonialiste blanc. Faites en sorte qu’il ne se révolte jamais, dit Léopold II (Extrait du discours du Roi belge Léopold 2 en 1883) devant les Missionnaires se rendant en Afrique.
Ces rappels historiques constituent un devoir de mémoire. Ce n’est pas que l’Africain ne veut pas aller de l’avant, ce n’est pas qu’il passe son temps à regarder le passé. Non, c’est parce que pour aller de l’avant, il a besoin de reconstituer l’ensemble du puzzle.
Il faut se souvenir que le terrorisme en Afrique et notamment au Sahel n’est pas venu du ciel ; c’est suite à l’assassinat du colonel Kadhafi.
Considérons l’attitude des Occidentaux face à la guerre en Ukraine. Quelle solidarité !
Quelle est l’attitude de l’UE face au terrorisme au Sahel ? Quelle politique de division pour régner ?
Que faire ? L’aide financière de l’Union européenne à l’Ukraine
De février 2022 à Février 2023, l’Europe a appuyé l’Ukraine dans sa guerre contre la Russie pour un montant de plus de 50 milliards d’euros (Rapport Kiel Institute for the World Economy du l4 avril 2023). Ce montant ne prend pas en compte l’aide privée, la prise en charge des réfugiés. De façon spécifique, l’aide militaire pour les principaux contributeurs se situe comme suit : Allemagne 5,4 milliards d’euros, Pologne 3 milliards d’euros, France 1,4 milliard d’euros, Pays-Bas 0,847 milliard d’euros, Suède 0,807 milliard d’euros. Soit pour la période d’un an 11,454 milliards d’euros au titre de l’armement pour une période d’un an. Selon le Journal français Le Monde, actualisé le 4 avril 2023, au total, les pays occidentaux qui se sont engagés à soutenir l’Ukraine dans l’effort de la guerre sera d’au moins 151 milliards d’euros soit 99 000 milliards FCFA. Récemment, les occidentaux ont décidé de soutenir davantage l’Ukraine en lui envoyant 132 chars léopards et 45 chars divers soit au total, 177 chars d’assaut les plus sophistiqués prélevés dans leurs stocks d’armes. A aucun moment il n’a été question d’envoyer des armées occidentales directement en Ukraine. Ce sont les Ukrainiens et les mercenaires occidentaux tels que les mercenaires américains Mozar… qui sont au front.
La question que je pose, est-ce que le Président ukrainien est-un saint ? Un démocrate ? Est-ce qu’il est moins corrompu que les présidents africains et singulièrement les militaires qui sont au pouvoir au Burkina, au Mali ? Est-ce qu’il est arrivé démocratiquement au pouvoir ? Pour la corruption, je renvois le lecteur aux informations des enquêtes de Pandora Papers, sur le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Pour l’arrivée au pouvoir (CF les Accords de Minks (1991)).
Alors! Qu’en est-il de l’aide pour la défense du Sahel ?
L’aide militaire de l’Union européenne aux pays du Sahel
Le Tchad a demandé 400 000 millions de dollars pour équiper son armée ; mais, selon feu Idriss Deby, confirmé par Bazoum, président du Niger aucun dollar n’a été versé aux pays du Sahel. Il en est de même du Burkina Faso. Par contre la réponse de Macron est claire pour l’Ukraine, il faut aider ce pays parce que son existence est menacée. Et Macron de dire qu’en Ukraine, « vous avez un pays souverain dont la souveraineté et l’intégrité territoriale ont été violées par une agression unilatérale d’un pays voisin, la Russie… ». Il poursuit en disant que « Là où je vois trop souvent de l’hypocrisie particulière sur le continent africain, à ne pas savoir qualifier une guerre qui en est une et de ne pas savoir dire qui l’a lancée parce qu’il y a des pressions diplomatiques… ». Mais, je demande à Monsieur Macron, qui est le plus hypocrite ? Les Africains ou les Occidentaux ?
Non seulement vous nous aviez envoyé des terroristes pour reconquérir nos pays, mais vous nous aviez refusé vos ventes d’armes pour nous défendre ? Et vous inventez avec vos supplétifs africains la notion de groupes armés non étatiques. De plus, vous essayez d’inventer des conflits communautaires, là où les populations ont toujours vécu en harmonie pendant des siècles. Sachez que vous n’avez plus le monopole de la rhétorique aujourd’hui. Hélas ! A quel moment Macron, ce jeune président qui n’a pas muri après un quinquennat et qui aime toiser tout le monde y compris le peuple français va continuer à infantiliser les africains ?
Je voudrais lui rappeler que ce n’est plus un Léon MBa qui disait à l’indépendance devant le Général De Gaulle que « tout Gabonais a deux patries, le Gabon et puis la France ». Cette époque est révolue même s’il reste encore des présidents comme Bazoum du Niger et un Sissoko Ambalo de la Guinée Bissau. Mais, la jeunesse africaine a compris l’incohérence des chefs d’Etat français. Ecouter les attentivement ! Du Général De Gaulle à Macron en passant par le socialiste François Mitterrand au libéral Macron, c’est d’infantiliser l’Africain.
Le Président Ibrahim Traoré, a, dans son dernier entretien avec la presse dit que le Burkina a cherché en vain à acheter des armes, mais les Occidentaux ont opposé un refus catégorique. Ce qui confirme les dires du Président Idrissa Déby du Tchad et du Président Mohamed Bazoum du Niger.
Alors, pour nous enfoncer davantage, l’Union européenne (UE) ne trouve pas mieux que de se précipiter pour sortir de son chapeau 15 millions d’euros (soit 9,840 milliards FCFA) pour l’organisation des élections en 2024, au moment où nous nous battons pour recouvrer notre souveraineté.
Nous savons que l’UE et ses supplétifs (partis politiques, prétendus défenseurs de la démocratie, CEDEAO…..) vont bientôt sonner le rassemblement pour exiger la tenue de ces élections ! Sinon, la chanson habituelle, c’est le renforcement des sanctions de la CEDEAO, de l’Union africaine, de l’UE, des Nations-Unies, et qu’en sais-je encore !
Dès maintenant, la jeunesse, fer de lance de la défense de notre souveraineté doit savoir que la lutte ne fait que commencer car il faudra davantage de sacrifices.
Cette lutte pour la libération du pays n’est pas un dîner de gala, mais des sacrifices, des privations. Mais, venons-en à l’aide et au soutien de la CEDEAO ! Ici, je ne suis pas catégorique dans mes propos, mais en faisant une Revue de littérature, je n’ai pas trouvé les soutiens financier et militaire de cette organisation à moins que sa contribution soit inscrite dans un registre global. Sinon, ce que j’ai retenu de cette organisation, ce sont les insistances répétées sur les droits de l’homme, les sanctions (suspension aux activités de la CEDEAO, invite d’être traduit devant la Cour Pénale Internationale (CPI)), etc.
Si à la date indiquée nous n’organisons pas les élections, elle sortira le carton rouge. Mais, aujourd’hui, le peuple a le choix, poursuivre son destin de liberté pour toujours, où accepter le diktat des USA, de l’UE et de leurs supplétifs de la CEDEAO du Président Macron.
Alors! Que faire ?
Dans le contexte actuel où nous sommes en train de nous équiper en armement et en logistique, doit-on laisser casser cette dynamique à travers une pseudo-démocratie ? Veut-on plaire aux Occidentaux qui refusent de nous vendre les armes ? Qui veulent par terroristes interposés nous chassés de la terre de nos ancêtres ? Pour ma part, je dis non, pour le moment les élections ne constituent pas une priorité pour le peuple burkinabè. La priorité, c’est la libération totale du territoire national, le retour des déplacés internes, etc. Je précise que je ne suis pas contre des Elections qui vont permettre même de manière imparfaite au peuple de s’exprimer pour choisir ses dirigeants. Mais je suis contre un Occident qui impose ses lois, sa vision unilatérale du monde de manière invariante, identique quel que soit le contexte. Pourquoi je suis contre des élections générales d’ici un an ?
- Pour les raisons suivantes :
- La première raison est de savoir si ces 9,840 milliards FCFA doivent servir à quoi ? A calmer les terroristes pour une trêve comme en 2020 ?
- la seconde raison est que ce montant est insuffisant pour organiser ces élections ; celles de 2020 ont coûté 21 milliards FCFA (Lefaso.net). Quel sera le montant de ces élections en 2024 ?
- la troisième raison est que pendant que nous mettions l’accent sur l’organisation des élections, les terroristes eux, ne nous attendrons pas, à moins que nous ne fassions encore un deal en leur versant des millions d’euros pour une accalmie pendant cette période électorale;
- la quatrième raison est que ces aides ne nous permettent pas de boucler le coût de l’organisation de ces élections. Il nous faut chercher ailleurs le complément (endettement);
- la cinquième raison est qu’au cours de cette période, nous accorderons à ces terroristes un moment de répit pour se réorganiser pour mieux nous attaquer ;
- la sixième raison est que l’argent que nous allons utiliser pour ces élections dont une partie sera versée à nos agresseurs peut nous servir pour renforcer nos équipements militaires et soutenir les FDS et les VDP ;
- la septième raison, c’est que dans un pays où le territoire est occupé à 40 % avec un taux de PDI représentant au moins 2 millions de la population totale, quelle élection démocratique vous voulez faire ?
- la huitième raison est les enseignements que nous tirons des élections de 2020 ;
- la neuvième raison, c’est d’éviter de généraliser comme quoi, les régimes civils valent mieux que les régiments militaires ou inversement. Je pense que chaque régime doit être étudié cas par cas ;
- la dixième raison, c’est que chaque burkinabè doit laisser son égo, ses intérêts personnels pour ne regarder aujourd’hui que l’intérêt collectif. La nation a besoin de tous les fils du pays. Déjà comme tel, le Burkina est un petit pays, comparé au Nigeria, à la RDC, à l’Afrique du Sud, etc. Regardez, ce qu’est en train de devenir le Soudan ? Nous devons y réfléchir !
En définitive, même si l’Occident et ses supplétifs de la CEDEAO et l’UA mettent les bouchées doubles pour déstabiliser le pays en multipliant les attaques, afin de montrer que rien n’a changé selon leurs supplétifs locaux, pour moi, nous ne devons pas nous laisser gagner par le découragement en courant vers des élections sans lendemain.
Pr Taladidia Thiombiano
Minute.bf
S’il y a des Burkinabè qui ont les yeux fermés après cette analyse, cela voudra dire qu’ils resteront aveugles pour de vrais. Ceci est très claire, limpide. On nous finance les élections mais pas la guerre. Les laquais tapis dans l’ombre et sous le couvert de la » communauté internationale, sous toutes ses formes : ONU, Ue, UA, CEDEAO » etc, montrent bien que le peuple ne représente pas son soucis. Seuls les dirigeants élus comptent. Leurs dirigeants choisis et élus à travers des campagnes électorales truquées qui n’ont rien de démocratiques sont nécessaires pour asseoir et perpétrer leur hégémonie. Il importe de refuser de continuer d’organiser des élections à coups de milliards qui n’apportent rien au pays, si ce n’est faire plaisir aux commenditaires. Et c’est surtout cette application que nous mettons à recevoir ces » financements » et à nous obliger à élire qui ils veulent que nous devons comprendre et refuser. Les élections à bulletin secret ne devraient plus avoir cours au Burkina Faso, pour montrer la rupture. La facture n’en sera que moins salée pour le pays qui passe par ces moments difficiles. Revenons à Marc Garango sur l’état des finances de notre pays: Le réalisme des chiffres, et notre souveraineté. Nous voulons leurs financemts pour combattre le terrorisme et recouvrer l’intégralité du territoire, non pour les élections. Leurs priorités ne sont pas les nôtres.