Le Réseau national pour une plus grande implication des personnes infectées et affectées par le VIH-Sida dans la lutte contre le VIH-Sida au Burkina Faso (REGIPIV-BF), a initié les 27 et 28 Novembre 2023, à Bobo-Dioulasso, un atelier de formation à l’endroit des professionnels des médias. L’objectif de cette rencontre était de contribuer au renforcement des capacités de ces professionnels de média pour une meilleure connaissance de la transmission mère enfant du VIH, de l’hépatite et de la syphilis et les meilleures façons de porter ce sujet à leurs audiences. Les initiateurs de cette rencontre ont appelé les participants à s’impliquer davantage dans la lutte contre le VIH-SIDA.
Plus de 97 000 personnes vivent avec le VIH-SIDA au Burkina Faso. Ces chiffres sont de l’ONUSIDA, en 2019. La prévalence actuelle du VIH est de 0.6%, celle de l’hépatite B est de 9,1 % avec des taux supérieurs à 10 % dans les régions d’insécurité. Il s’agit donc d’environ 2,4 millions de Burkinabé atteints d’une maladie évitable dès la naissance. La prévalence de la syphilis est de 1,2 %. Face à ces statistiques toujours alarmantes, le REGIPIV-BF a réuni une vingtaine de professionnels de médias, pour leur donner les informations nécessaires à même de leur permettre de mener convenablement la sensibilisation auprès de leurs lecteurs, auditeurs et spectateurs, en vue de contribuer à mettre fin à ces maladies.
« Adiez cette jeunesse, ceux qui ne sont pas encore malades, à rester loin de ce traitement qui est lourd. Empêchez des personnes à être infectées par votre art », a, d’entrée, lancé à l’endroit des professionnels des médias, Mamadou Sawadogo, président du Conseil d’administration du REGIPIV-BF. Il a confié qu’il suit un traitement antirétroviral depuis des années, lui qui a connu son statut en 1996, « au temps difficile » de la maladie.

« Vous pouvez impacter les gens »
Dans son intervention, Oumar Sanou, Chef d’antenne régionale du SP/CNLS-IST des Hauts-Bassins, a dit ses remerciements aux participants pour leur présence à cette formation. « Au début, tout le monde était impliqué (dans la lutte contre le VIH-SIDA, ndlr). Chacun a joué un rôle qui nous a conduits aux indicateurs que nous connaissons actuellement. La prévalence est actuellement à 0,6% au Burkina Faso », a-t-il d’abord rappelé, relevant le « rôle très important » que les journalistes ont à jouer dans cette lutte. « Vous pouvez impacter les gens. Les ateliers de ce genre pour capaciter sont très importants parce que les choses évoluent », a-t-il soutenu, invitant les participants à cette formation à s’impliquer dans la lutte qui est dans une dynamique aujourd’hui de triple élimination (VIH, hépatite, syphilis), en vue d’atteindre les objectifs de l’ONU/Sida qui sont de mettre fin à la transmission du VIH-SIDA d’ici à 2030.
Arthur Sawadogo, agent de santé au REGIPIV-BF, a donné une communication sur la transition des adolescents vivant avec le VIH suivis dans les services de prise en charge. Il s’agit du passage du traitement pédiatrique au traitement adulte. C’est un projet du réseau qui consiste à faire passer les jeunes adolescents de la prise en charge pédiatrique à la prise en charge adulte. « C’est un projet très important pour les jeunes vivant avec le VIH-SIDA », convient Dr. Sawadogo. « Avant les années 2000, quand un enfant naissait avec le VIH, c’était comme s’il était né avec un certificat de décès, parce qu’il n’y avait pas assez de solutions pour le sauver. Pour les soignants, il était condamné, pour une maladie incurable qui n’avait pas de traitement à l’époque. Dans les années 2000, avec l’évolution de la science, il y a eu l’introduction des ARV », a retracé le docteur Sawadogo, notant que ces jeunes nés avec le VIH dans les années 2000 ont aujourd’hui grandi et ont des besoins que ceux de la pédiatrie n’arrivent pas à couvrir.

Ce sont donc ces jeunes qui sont transférés dans des sites adultes de prise en charge pour poursuivre le traitement. « Quand vous regardez dans le protocole de prise en charge du VIH, il n’y a pas de protocole qui définit cette transition. (…) Il y a certes, des propositions qui sont faites, mais il n’y a pas d’étude qui définit l’âge de la transition. Actuellement, quand le jeune atteint l’âge de 15, 16 ans ou plus, on fait un transfert de dossier et le jeune part sur le site adulte pour poursuivre le traitement sans une réelle préparation », a déploré le Dr Arthur Sawadogo, qui estime que cette façon de procéder a des conséquences du fait que ces jeunes se retrouvent dans un nouvel environnement les rendant parfois réticents à se faire prendre en charge par d’autres agents de santé.
Impliquer davantage les médias dans cette lutte
Ainsi, le « Projet transition » vise à préparer les jeunes pour la transition, à impliquer les médecins de la pédiatrie et ceux des sites adultes, à recruter des jeunes pères éducateurs (des jeunes qui sont déjà suivis sur le site adulte, ndlr) qui vont accompagner les nouveaux venus, les rassurer, afin qu’ils puissent transiter de la prise en charge pédiatrique vers celle adulte sans grande difficulté.
Le projet comprend trois volets qui impliquent la prise en charge clinique, la recherche et le volet communautaire. « (…) Tout cela est fait pour pouvoir adapter le traitement », a dit Dr Arthur Sawadogo.

Pour information, ce projet est mis en œuvre à Ouagadougou, au CHU Yalgado Ouédraogo, au CHU Charles De Gaulle, au CHU Bogodogo, au CMA de Pissy et au CMA de Kossodo. Il concerne pour l’instant 160 jeunes. Face à la menace de suspension de financement du projet l’an prochain par les partenaires, le REGIPIV-BF a plaidé pour sa poursuite, afin de permettre son extension aux autres régions et de prendre en charge un grand nombre de jeunes concernés par cette transition. Le réseau appelle donc à un financement endogène pour permettre au projet de continuer à aider les populations.
Au cours de cette rencontre, Rodolphe Kabré, responsable au REGIPIV-BF, a présenté le réseau, ses actions et ses missions. De sa présentation, il ressort que le réseau a pour objectifs de développer des actions au profit des personnes infectées et affectées par le VIH-SIDA pour la satisfaction de leurs besoins en service d’éducation, les traitements antirétroviraux (ARV) et la prise en charge psychosociale et économique. Le réseau promeut également l’accès aux soins et traitements par les personnes infectées et affectées par le VIH-SIDA ainsi que les droits et devoirs des personnes infectées et affectées. M. Kabré a invité les participants à cette formation à s’impliquer davantage par des productions journalistiques en vue de sensibiliser les populations à la nécessité de se préserver de cette maladie dont le traitement est à vie.
Minue.bf