Depuis 1991 la communauté internationale organise les 16 jours d’activisme contre la violence à l’égard des femmes et des filles. Parallèlement à cette activité, le Secrétariat général des Nations unies a lancé en 2008, la campagne « Tous Unis, d’ici à 2030 pour mettre fin à la violence à l’égard des femmes ». Une campagne qui se tient sous le thème: « Orangez le monde: mettre fin dès maintenant à la violence à l’égard des femmes! ». C’est dans la même lancée que le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) a organisé le 28 décembre 2021 à Ouagadougou un dialogue intergénérationnel en partenariat avec le Réseau africain des Jeunes et Adolescents en populations et développement (AFRIYAN) afin de contribuer à la mobilisation des jeunes, surtout les jeunes garçons pour la lutte contre les violences basées sur le genre et les pratiques néfastes. Ce dialogue a été placé sous le thème: « la masculinité positive comme alternative inclusive de lutte contre les violences basées sur le genre ».
« Les violences basées sur le genre, curieusement, persistent ». C’est le constat du Dr Cheikh Omar Atieyiguibou, secrétaire général du Réseau africain des jeunes et adolescents en populations et développement (AFRIYAN) au Burkina.
« Un tiers des femmes âgées de plus de 15 ans dans le monde ont subi des violences physiques et sexuelles. Au Burkina Faso 37% des femmes mariées ont déjà subi des violences conjugales, 44% des femmes mariées l’ont été avant 18 ans et 44% des Burkinabè estiment cette pratique justifiée. Entre le 2 mars et le 30 juin 2021, au Burkina Faso, 478 cas de violences basées sur le genre ont été enregistrés sur le numéro vert 80 00 11 87 du ministère de l’action sociale ». Ces données à en croire Dr Cheikh Omar Atieyiguibou, justifient l’engagement du monde à lutter contre le phénomène à travers les « 16 jours d’activisme contre les violences basées sur le genre ». Cependant, pour lui, ces chiffres ne relèvent pas de la fatalité. Dr Atieyiguibou a dit être convaincu que la tendance peut être changée: « nous ne pensons pas que c’est une fatalité, nous pensons qu’il y a toujours une solution à cela. Nous sommes convaincus qu’à travers un engagement sérieux, un engagement vrai, un engagement fort des jeunes, c’est certain qu’on va y arriver ».
En effet dit-il constater que « la plupart des violences basées sur le genre ont pour auteurs les hommes. Ce sont les hommes qui sont les plus grands auteurs des violences basées sur le genre ». Pourtant, déplore-t-il, « la majeure partie des luttes contre ces violences sont le plus souvent axées sur les femmes ». Pour lui, il est plus que temps d’ « associer davantage les hommes dans cette lutte à travers la masculinité positive ».
Qu’entend-on par masculinité positive?
Il faut le dire, au cours de ce Dialogue intergénérationnel, Noëli Kouraogo a animé une communication sur le thème de la masculinité positive. À l’en croire, « la masculinité positive est une nouvelle façon d’exprimer la masculinité sans forcément l’associer à la violence adressée à la femme ou aux personnes vulnérables ».
Ainsi, selon elle, cette approche de la masculinité positive est donc une alternative contre la violence basée sur le genre. « On sait que comparativement aux hommes, les femmes sont beaucoup plus victimes de violences basées sur le genre. Les auteurs de ces violences sont généralement aussi des hommes. Donc si on sensibilise les hommes à se voir autrement, c’est-à-dire de façon positive, peut-être qu’ils verront que ce n’est pas nécessaire d’exercer cette violence à travers laquelle, ils se disent plus virils », a-t-elle dit avant de marteler : « la virilité n’a rien avoir avec la masculinité, ça n’a rien avoir avec le fait d’être homme (…) L’homme peut être positif, responsable, considérer l’autre qui est en face de lui comme étant une complémentarité ».
Les jeunes impliqués dans la lutte contre les violences basées sur le genre
À ce propos, les organisateurs ont invité le couple Cheick Tall et Bintou Diallo, un couple modèle à partager leur expérience de vie commune basée sur le respect mutuel avec les plus jeunes présents dans le cadre de ce Dialogue intergénérationnel. Une occasion pour les jeunes de toucher du doigt le vécu réel, l’expérience de ce couple et d’en tirer leçon.
Les jeunes ont salué l’initiative de l’UNPA et de AFRIYAN. « C’est véritablement un certain nombre de conseils et beaucoup d’orientations vis-à-vis de ce que nous nous sommes fixés comme objectif à atteindre que nous avons reçu», s’est réjoui Souleymane Maïga, participant à ce dialogue intergénérationnel initié par AFRIYAN avec le soutien de l’UNFPA.
Pélagie Nabolé, responsable communication plaidoyer et partenariat de l’UNFPA s’est dite d’ailleurs satisfaite de la tenue d’un tel événement. Elle a pour terminer rappelé que l’UNFPA ambitionne d’ici à 2030, atteindre trois (3) résultats transformateurs que sont : zéro besoin non satisfait en matière de planification familiale, zéro décès maternel évitable et zéro violence basée sur le genre et pratiques néfastes. « C’est à ce titre que l’UNFPA a décidé d’accompagner les structures de jeunes avec lesquelles elle travaille dans l’organisation d’activités visant à impliquer les jeunes dans la lutte contre les violences basées sur le genre », conclut-elle.
Hamadou Ouédraogo
Minute.bf