Le Dr Ra-Sablga Seydou Ouédraogo a fait, ce samedi 03 septembre 2022, le diagnostic de la situation sociopolitique et sécuritaire actuelle au Burkina Faso. C’était au cours d’une conférence publique initiée par l’institut Free Afrik sous le thème : « Et pourtant cette guerre ne nous dépasse pas ! ».
Selon l’analyse du Dr Ra-Sablga, la situation actuelle du Burkina Faso est à son niveau le plus critique. D’après ses données, le pays était « en 2018, le 37e pays le plus affecté par le terrorisme. En 2019, 27e au niveau mondial. En 2022, nous sommes 4e ». Une situation de « désespoir » qui a donné lieu à une « dépression nationale ». « Aujourd’hui, si nous sommes honnêtes, c’est 1 Burkinabè sur 9 qui est PDI (personne déplacée interne), nous sommes dans un moment où ce n’est pas principalement liés à la guerre en Ukraine mais où 7 Burkinabè sur 10 sont en crise alimentaire », a poursuivi l’analyste dans son diagnostic.
Pour lui, le Pays des Hommes intègres est aujourd’hui « au plus profond de la fosse ». Et en pareille situation, tous les efforts devraient être axés, de son avis, sur les priorités du moment, à savoir : le retour de la sécurité dans le pays, la résolution de la crise humanitaire, et bien d’autres. Pourtant, a-t-il deploré, « nous sommes dans une situation où la priorité a été d’augmenter le salaire des ministres. Ce n’est pas du populisme. Mais ça fait mal car cela engage la légitimité du gouvernement. Un pays aussi dévasté sur le plan humanitaire ».
Ras-Sablga Ouedraogo a aussi laissé entendre que la mobilisation générale n’est pas encore effective autour de la question sécuritaire au Burkina Faso. Ci fait, à l’en croire, que les vieilles habitudes se poursuivent à tous les niveaux. Pour lui, il faut sonner la mobilisation générale à tous les niveaux de la société et impliquer l’ensemble de toutes les couches sociales dans la lutte. « Qu’est ce qu’on attend de l’agriculteur dans cette guerre ? Qu’est ce qu’on attend des jeunes, des universitaires, etc. ? Pour la première fois il y a eu une attaque dans un milieu universitaire (Ouahigouya, ndlr) (….) La mobilisation est partielle (…) Nous sommes dans une logique de riposte quand il y a attaque et quand il n’y a rien, alors la vie est normale », a-t-il indiqué.
Sur le volet économique, le conférencier a décrié un manque d’adaptation de l’économie nationale à la menace en présence. « Nous sommes fatigués de dire l’impact économique. Qu’avons nous fait pour adapter l’économie dans cette guerre? On donne des marchés publics à des gens pour faire des routes où l’État n’y est plus. La mauvaise gouvernance continue », a-t-il fustigé tout en appelant à une réelle implication des autorités du moment dans la lutte contre le phénomène insécuritaire.
Mathias Kam
Minute.bf