Dans le cadre des activités de la 15e édition des Journées nationales du Refus de la Corruption (JNRC), le Réseau national de Lutte anti-corruption (REN-LAC) a organisé un forum sur la transparence et la rédévabilité dans la gestion des ressources minières au Burkina Faso. Ce jour 9 décembre 2020 au CENASA, invité à communiquer, le Secrétaire général (SG) de la Confédération générale des Travailleurs du Burkina, Bassolma Bazié est revenu sur la mine de Poura, localité dont il a foulé le sol pour aboutir au constat : « il y a péril dans la demeure ».
« En Afrique de l’Ouest, le Burkina Faso regorge de près de 21 % des potentialités en or », a d’emblée précisé Bassolma Bazié pour qui, ce qui devrait paraître un argument d’amélioration des conditions de vie du peuple puisqu’appartenant au peuple, selon la Constitution, n’en n’est pas un. Pour preuve, ce dernier a basé sa communication sur la mine d’or de Poura.
« Sur seulement un petit intervalle de 15 ans d’exploitation, il y a eu plus d’une dizaine de tonnes d’or qui ont circulé de Poura vers des villes du Burkina. Mais vous constaterez qu’une voie même de moins d’une vingtaine de kilomètres n’est pas goudronnée, les ponts qui sont sur la route ne sont pas faits et pendant la saison pluvieuse, Poura, Fara sont totalement coupés du reste du Burkina », raconte celui-là qui a été sur les lieux pour constater les faits de visu en 2007. Si les années écoulées devaient remettre en cause ces données présentées, le communicateur a expliqué qu’il a été à Poura pendant la saison pluvieuse 2020 mais c’était les « mêmes réalités ».
Fort de ce constat, M. Bazié pense que « l’amélioration des conditions de vie des populations n’est que des mots prononcés sur les lèvres des autorités, mais dans le fond, ce sont des intérêts étrangers aux intérêts nationaux qui sont servis ». A ce sujet d’ailleurs, « les 1 % qui étaient réservés pour le développement local pour faire passer ça dans une loi, nous avons appris par voix très bien sûre que même pour arracher ça au niveau de l’Assemblée nationale (AN), cela a été très difficile parce que, jusqu’au gouvernement, les gens ne voulaient pas accepter », a révélé M. Bassolma avant de s’interroger « comment on peut être à la limite (permettez-moi le terme), aussi apatride que ça ? ».
Pourtant, « l’or est une ressource minérale non renouvelable » et « véritablement et c’est très dommage, et même douloureux de constater que ceux qui devaient être aux avant-postes de la défense des intérêts du peuple, créent les conditions du pillage des ressources de ces mêmes peuples pour contenter des entités extérieures ». L’exemple palpable, « on fait des conventions avec Bolloré sur des rails où on retrouve des cargaisons de charbon fin et jusqu’à aujourd’hui, vous voyez comment ce dossier est traité au niveau de la justice. C’est comme si quand on te prend la main dans le sac en terme de corrupteur, en terme de malversations, on te remet à un autre haut lieu où tu peux davantage en commettre ».
L’or un danger pour l’environnement et ses habitants
Bassolma Bazié a également dénoncé les conséquences de l’exploitation minière aussi bien sur l’environnement que sur les populations. « Quand vous regardez les déchets miniers qui sont rejetés, les déchets cyanurés, mercurés et autre qui devaient être à une certaine profondeur pour ne pas contaminer les eaux, ce n’est pas évident qu’il y est des bassins creusés dans ces normes », a prouvé M. Bazié, image à l’appui avant de conclure : « conséquence, on expose toute les populations ». Aussi, dans un pays qui est à majorité agricole, « les excavations, la non-restauration de l’environnement et autres » sur les sites d’orpaillage sont préjudiciables aux agriculteurs à en croire le conférencier.
Pour conclure, en réponse aux populations riveraines des zones minières qui dénoncent « la poudre aux yeux » en ce qui concerne les retombées de l’or, Bassolma Bazié a appelé à l’application des textes pour recouvrer entièrement les bénéfices dus aux populations locales et aussi, à faire montre d’une rigueur dans la protection et/ou restauration de l’environnement selon les textes pour créer des conditions vivables au profit des générations à venir.
Franck Michaël KOLA
Minute.bf