Le projet PROMIS « Protection des migrants : Justice, droits de l’homme et trafic illicite de migrants », porté conjointement par l’Office des Nations unies contre la drogue et les crimes (ONUDC) et le Haut-commissariat des nations unies aux Droits humains (HCDH) a été lancé le mardi 30 mai 2023 à Ouagadougou, sous la présidence de la ministre en charge de la justice. Il s’agit d’un projet qui vise « à renforcer les capacités des Etats d’Afrique de l’Ouest à prévenir et combattre plus efficacement le trafic des migrants, la traite des personnes et les autres crimes annexes ».
Pour « un ensemble complexe de raison », de plus en plus de migrants se voient contraints de quitter leur foyer pour d’autres horizons. De ce constat, l’ONUDC et le HCDH soulignent que les migrants sont exposés à « des violations de droits de l’homme » de différentes formes, allant de « la privation des droits civils et politiques (détention arbitraire, torture ou absence de procédure regulière…) » à « la privation des droits économiques, sociaux et culturels (droit à la santé, au logement, à l’éducation) ». Cela, de l’avis de la représentante pays du HCDH au Burkina Faso, Zeinab Hamza Diaby, est lié « à des lois discriminatoires, à des préjugés et des comportements xénophobes profondément ancrés ».
Pis, « la migration, pense-t-elle, peut-être une opportunité pour des bandes criminelles de se livrer à des actes contraires à la dignité humaine ». Précisément, la représentante pays du HCDH parle de « la traite des personnes et du trafic illicite de migrants ».
C’est pour combattre cela que l’ONUDC et le HCDH porte le projet PROMIS dont l’objectif est de « renforcer les capacités des Etats d’Afrique de l’Ouest à prévenir et combattre plus efficacement le trafic de migrants, la traite des personnes et les autres crimes connexes, et à répondre aux violations des droits de l’homme liées à la migration irrégulière conformément aux principes des droits de l’homme et aux normes et standards des Nations unies ».
PROMIS pour combattre la traite des personnes
Concrètement, il s’agit, selon le responsable pays du projet PROMIS, Somité Sougué, de « prévenir la traite des personnes en soustrayant les présumées victimes ». Par ailleurs, jugera-t-il, la « réponse judiciaire très abyssale », illustrant qu’au Burkina Faso, le dernier rapport fait état de 1 500 personnes soustraites de la traite pendant que la réponse judiciaire n’a pas suivi. Il s’agira donc de renforcer cet aspect répressif et aussi de la migration sensible au genre.
Pour ce faire, le projet, des explications de M. Sougué, s’appuie sur 4 axes d’intervention. Le premier axe vise au « renforcement des capacités nationales pour la détection, l’enquête et la poursuite en matière de trafic illicite de migrants et de traite de personnes [par une assistance législative] ; des capacités institutionnelles (élaboration de plan nationale contre la traite des personnes) ; des capacités techniques de la chaine pénale ».
Le second axe concerne « le renforcement de la coopération régionale (ratification d’accords bilatéraux entre pays d’Afrique) et internationale (Afrique et Europe) ».
Troisièmement, il s’agira du « renforcement de la protection et de la promotion des droits de l’homme des migrants dans leur pays d’origine et pendant les mouvements migratoires (par plaidoyer et suivi, des monitorings avec des programmes concernant des acteurs de la société civile ».
Le quatrième axe, c’est « une approche sensible au genre en matière de migration, de pratiques illicites de migrants, de traite de personnes ».
Dans ce sens, pour la mise en œuvre du projet PROMIS au Burkina Faso, M. Sougué a annoncé « l’organisation de missions de monitoring des violations des droits humains commises dans le contextes des mouvements migratoires, sur les besoins de protections des migrants avec des partenaires nationaux pour aider les migrants victimes de violations de leurs droits à obtenir réparation ». Il a ajouté que l’Etat bénéficiera également « d’assistance technique et financière » pour lui permettre de mettre en œuvre les recommandations des comités.
Pour tout cela, au nom de la ministre en charge de la justice, Wendzoodo Julie Rose Ouedraogo/Ouedraogo a salué l’initiative. Reconnaissant que le Burkina Faso est « un foyer d’intenses mouvements migratoires aussi bien à l’intérieur de ses frontières qu’en direction ou en provenance de l’étranger », Mme Ouedraogo a souligné que de par sa position géographique au cœur de l’Afrique de l’Ouest, le pays « favorise des flux migratoires ». C’est pour cela que le pays a ratifié de « nombreux instruments internationaux relatifs aux questions migratoires ».
« J’apprécie l’initiative de ce projet de s’étendre désormais au Burkina Faso, ce qui viendra contribuer aux efforts déployés par le Burkina Faso pour mettre l’homme et la femme au cœur de sa politique de gestion des migrations et de mieux adresser tous les défis qui y sont associés, notamment la traite des personnes », s’est satisfaite la représentante de la ministre, rassurant de la disponibilité du gouvernement à accompagner la mise en œuvre du projet PROMIS.
Le projet qui rassemble organisations et acteurs de l’humanitaire, de défense de droits de l’homme, des Forces de Défense et de Sécurité et de journaliste, est financé par le Royaume des Pays-Bas.
Franck Michaël KOLA
Minute.bf