Ceci est un communiqué des Ressortissants de Karma déplacés et résidents à Ouahigouya au sujet des exactions contre des habitants de Karma. Lisez !
Communiqué de presse
Le jeudi 20 avril 2023, notre village, Karma situé dans la commune de Barga et à une quinzaine de kilomètres de la ville de Ouahigouya a été la cible d’une tuerie lâche et barbare. Depuis lors, de fausses informations sont distillées notamment sur les réseaux sociaux par des personnes dont nous ignorons les réelles intentions.
Au regard de la gravité de la situation, nous venons à travers ce communiqué de presse apporter des éclaircissements à l’opinion nationale et internationale sur ce qu’il convient d’appeler le « drame de Karma ».
En effet, dans la matinée du jeudi 20 Avril 2023, précisément autour de 7h30mns, notre village a été encerclé par des hommes armés venus en grand nombre et habillés en tenues militaires burkinabè. Ils étaient sur des motos, dans des véhicules (pick up et blindés) et on pouvait également apercevoir un char de combat.
Certains villageois, heureux de voir « nos soldats », sont sortis de leurs concessions pour les accueillir. Malheureusement, cette joie sera écourtée lorsque les premiers coups de feu retentirent, occasionnant également les premières victimes. La débandade et le sauve-qui-peut ont immédiatement remplacé la joie de voir «ces soldats ».
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Plusieurs personnes sont abattues sur place sans autre forme de procès. Quant à celles qui avaient eu la chance de rejoindre leurs concessions et de s’enfermer dans le silence et la peur totale, elles seront sommées de sortir et de se réunir en plusieurs groupes, des portes sont défoncées, des hangars brulés et des CNIB récupérées.
Selon les témoignages des rares rescapés, voici ce que ces « soldats » affirmaient lors de leur sale besogne: « depuis quel jour, êtes-vous là ? comment se fait-il que les villages voisins aient déguerpis pendant que vous, vous y êtes toujours installés ? pourquoi n’avez-vous pas rejoint Ouahigouya? y a-t-il des hommes armés au sein du village? votre village est un passoir pour les groupes armés, vous êtes tous des complices et vous serez traités comme tels »
Plusieurs groupes de villageois ont été exécutés sur place, des blessés qui ont tenté de s’enfuir ont été poursuivis et achevés. Selon toujours certains rescapés, leurs sous-groupes qui avaient assisté aux exécutions des autres groupes attendaient dans la plus grosse frayeur leur tour. Cependant, ils auront la vie sauve grâce à un groupe de « soldats » qui, visiblement n’approuvait pas l’attitude de certains de leurs compagnons. Un de ces derniers, autour de 12h, leur aurait même apporté de l’eau dans un bidon de 20 litres mais tout en leur réitérant l’ordre de ne pas tenter de fuir. Pendant ce temps, les exécutions se poursuivaient dans les autres quartiers du village comme celui de Moiga Yiri dont l’horreur a atteint son summum. En effet, des femmes, des enfants, des personnes âgées n’ont pas été épargnés de la folie meurtrière de « ces soldats ». Certaines femmes ont été exécutées pendant qu’elles portaient au dos leurs bébés dont les chances de survie au moment où nous écrivons ces lignes sont quasi- inexistantes.
C’est autour de 14h, que la colonne de « soldats » a quitté le village tout en se dirigeant vers celui de Dinguiri situé au nord de Karma. C’est donc après ce départ que les rescapés ont pu quitter le village. Les blessés ont été conduits au CHUR de Ouahigouya.
A ce jour, nous ne sommes pas à mesure de dresser un bilan exact, mais selon les survivants on dénombre plus d’une centaine de morts et plusieurs blessés par balles dont des femmes et des enfants. Au regard de l’urgence de la situation, nous sommes rentrés en contact avec les autorités administratives et judiciaires dans l’espoir d’avoir un accompagnement. Cependant à part le communiqué du Procureur du Faso près le TGI de Ouahigouya annonçant l’ouverture d’une enquête sur ces événements, aucune autre réaction de la part de l’autorité notamment en terme d’accompagnement n’a été enregistrée.
En outre, dans la matinée du 24 avril 2023, nous avons tenté, bravant tous les risques, d’aller enterrer nos parents mais l’armée avait bloqué la route au niveau de l’axe Ouahigouya-Youba, interdisant les usagers de rejoindre le village de Karma. Il faut souligner que les portables étaient retirés et certaines photos supprimées avant d’être restitués.
De ce qui précède, nous ressortissants du village de Karma:
- Tenons à éclairer l’opinion nationale et internationale sur les horreurs subit par notre village;
- Déplorons ce qui s’est passé dans notre village;
- Condamnons les propos diffamatoires et erronés qui circulent sur les réseaux sociaux;
- Invitons les auteurs de ces propos à avoir la crainte de Dieu et à compatir à notre douleur,
- Appelons l’autorité à réunir les conditions pour que nos puissions procéder à l’enterrement de nos parents dont les corps gisent toujours dans la nature;
- Restons disponibles pour toutes sollicitations pouvant contribuer à la manifestation de la vérité ;
- Appelons les autorités à nous accompagner dans la prise en charge des blessés et des rescapés;
- Exigeons toute la lumière autour de cette affaire;
Pour plus de détails, nous convions toute la presse à une conférence de presse qui se tiendra le samedi 29 avril 2023 au siège du MBDHP Yatenga à partir de 10h00.
Fait à Ouahigouya le 25 avril 2023
Pour les ressortissants du village :
Ont signés
Pour les ressortissants de Karma à Ouahigouya
BELEM Daouda
TÉL:76517551
Pour les rescapés des évènements
BELEM Salif
TÉL: 72547102
Minute.bf