Le samedi 01 juillet dernier, des manifestants avaient pris d’assaut la place de la Nation de Ouagadougou pour demander une nouvelle Constitution. En depit des réalités sécuritaires, ces manifestants ont précisé que la période transitoire est la meilleure pour changer la Constitution de juin 1991. En marge de la dédicace du Tome 2 de son livre « Le rêve burkinabè », le samedi 08 juillet 2023, Dr Hyacinthe Ouédraogo, a estimé qu’entamer une marche pour une nouvelle République est « une précipitation ».
Dr. Hyacinthe Ouédraogo fonde son opinion sur le temps relativement « court de la Transition ». « Une Constitution ne s’écrit pas autour d’une table en une semaine. Il faut prendre du temps, des années. Il faut surtout inviter tous les acteurs, toutes les intelligences. Il doit y avoir toutes les sensibilités de la société. Au niveau intellectuel, faudrait qu’il y ait des historiens, des constitutionnalistes, des sociologues, des anthropologues et bien d’autres. Tous ces acteurs réunis, feront qu’on n’aura plus une Constitution copier-coller de la France, mais, une Constitution qui reflète parfaitement les valeurs africaines », a-t-il expliqué.
Selon l’enseignant d’histoire à l’Université Nazi Boni de Bobo-Dioulasso, « appeler à une nouvelle Constitution maintenant, c’est de la précipitation ». Néanmoins, Dr. Ouédraogo a relevé « qu’on doit tôt ou tard réviser notre Constitution ».
Du reste, l’Universitaire s’est voulu on ne peut plus clair. « Si c’est un appel à réfléchir pour une réforme profonde, pour même passer à la 5e République, je ne dirai pas non. Mais dans un calendrier aussi restreint comme celui de la CEDEAO en vue d’aller au élections en 2024, je ne sais pas avec quoi cela rime, si ce n’est de la précipitation. Nous allons tomber dans les travers de 2014-2015. Donc, un retour à la case départ », a-t-il ajouté.
En outre, Dr. Hyacinthe Ouédraogo, par ailleurs, coordonnateur adjoint du Rassemblement des intelligences pour la sauvegarde de l’Afrique (RISA), n’a pas caché son optimiste pour l’avenir du Burkina Faso. Mieux, selon lui, la dynamique actuelle de la Transition burkinabè est bonne. « Je crois que tous les peuples passent par les périodes de crises. On n’est même pas sûr du lendemain. Les grandes nations se sont bâties sur les cendres d’un chaos. Le terrorisme nous emmène à réfléchir pour trouver de nouveaux formats pour construire une nation stable et paisible. Je n’aurai pas de date à donner mais la dynamique actuelle est bonne. Qu’on actionne tous les leviers au niveau social, économique et politique. Qu’on trouve les ingrédients et que le peuple soit associé, on pourra tourner la page du terrorisme et de plusieurs autres maux, tels que la mal gouvernance, le système sanitaire qui est à la dérive, le système éducatif qui est dans une panne totale. Avec cette lutte existentielle on aura une refondation et un nouveau départ », a-t-il dit.
Mathias Kam
Minute.bf