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jeudi 28 mars 2024

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Attaques terroristes : « Aucun de nos éléments n’y est mêlé » (militaires radiés)

Le périple des militaires radiés se poursuit. La route est pleine d’embuches certes, mais ceux qui ont été radiés des effectifs de l’Armée en 2011 pendant la mutinerie continuent de demander « pardon » et demandent leur réintégration ou reversement dans la fonction publique. « Nous allons lutter jusqu’à la fin », promettent-ils. Reçus dans les locaux de votre organe en ligne, minute.bf le 19 mars 2019, ces « éléments » qui pensent toujours pouvoir apporter leur contribution dans la lutte contre le terrorisme à laquelle fait face le Burkina Faso, demandent à « être simplement situés sur (leur) sort ».

Même si le président du Haut conseil pour la réconciliation nationale (HCRUN) ne cesse d’assurer que le dossier des militaires radiés avance normalement, la lenteur constatée dans son traitement ne rassure pas les concernés qui disent avoir plaidé auprès de plus hautes autorités de ce pays pour leur cause. Dans leur démarche, ils disent avoir obtenu du président de l’Assemblée nationale Bala Alassane Sakandé, la promesse de défendre leur dossier. Mais jusque-là, rien ne bouge !, lâchera Ousseni Bambara, actuel délégué des radiés. Ainsi, l’estime qu’ils accordaient au HCRUN s’effrite de jour en jour. « Honnêtement, si je dis que j’ai foi au HCRUN, j’ai menti. Le HCRUN a été créé il y a environ quatre ans, mais je vous avoue que jusqu’à présent, même un seul dossier on n’a pas pu régler », a-t-il soutenu. Pire, a-t-il poursuivi, les militaires radiés peinent souvent à rencontrer les membres du HCRUN. « Nous y sommes allés plus de 5 fois. Mais quand nous arrivons, soit on nous dit qu’ils sont en réunion ou en déplacement, soit ils sont allés pour se faire décorer. Ils promettent de nous rappeler mais ils ne le font jamais », a-t-il déploré.

La délégation des militaires radiés dans les locaux de minute.bf

Difficile aujourd’hui pour ces ex militaires de connaitre l’évolution exacte de leur dossier. Du côté du HCRUN, il leur est dit que le dossier a été vidé et transmis à la primature. « Nous suivons notre dossier de près et nous suivons également l’actualité », a dit pour sa part, Simon Bationo, porte-parole du bureau des militaires radiés, qui a rappelé qu’il avait été choisi le 15 novembre 2018 comme date butoir pour finaliser le dossier et faire sortir le décret de leur reversement. « Mais jusqu’à présent, il n’y a rien », tonitrua-t-il.

Trois semaines leur avaient été dinnees par le HCRUN pour la lise oeuvre du décret qui consacrera leur reversement dans la fonction publique.  L’actuel premier ministre, Christophe Joseph Marie Dabiré avait, selon eux, aussi fait la promesse à l’Assemblée dans son discours sur la situation nationale que dans les trois prochains conseils des ministres à venir, avec le décret qui a été pris, le problème des militaires et policiers radiés sera définitivement résolu. « Après ce discours, il y’a plus de 5 conseils des ministres qui sont passés, jusqu’à présent, il n’y a rien. Présentement, nous voulons savoir qui piétine notre dossier? Que veulent-ils en faire exactement, nous voulons qu’on nous situe clairement sur notre sort », a soutenu M. Bationo.

Les 20 millions de discorde au sein de la troupe

Le député Abdoulaye Mossé du MPP avait gracieusement offert 20 millions de FCFA à la délégation des militaires radiés conduite par Hervé Tapsoba, désormais ancien délégué du bureau des militaires radiés. La gestion de cette somme n’ayant pas été appréciée par ses autres camarades, Hervé Tapsoba a été éjecté de son poste et remplacé par Ousseni Bambara. « Nous sommes en train de lutter pour plus de 700 personnes. Si 8 personnes partent prendre 20 millions pour se partager, vraiment, je crois que ce n’est pas normal. On les a juste enlevés et puis changer de bureau », a tenté d’expliquer le nouveau délégué.

Le conseiller des militaires radiés, Londiari Lankoandé, a pour sa part exprimé son inquiétude quant à la finalité de cette grosse somme, surtout offerte par « un simple » député burkinabè: « Nous nous demandons à quelle fin cette somme a été donnée. Est-ce pour utiliser les gens pour la politique ou est-ce pour corrompre les radiés et anéantir leur lutte? ». Des questions qui peinent à trouver des réponses au sein des radiés qui disent ne pas comprendre comment un député peut délibérément donner la somme de 20 millions à huit éléments au nom de 700 personnes.

« On n’a pas appris qu’un de nos éléments se trouve dans une organisation terroriste »

Il n’est pas rare au Burkina Faso, avec l’insécurité que connait le pays, d’accuser certains militaires radiés d’en être complices. Sur cette question, Simon Bationo a voulu être plus clair. Il faudra, selon lui, que les accusateurs précisent de quels militaires radiés il s’agit. Il ressort de ses explications qu’à tout moment il y a des militaires qui sont radiés. « Mais, quand on veut parler de militaires radiés, il faut faire la part des choses. Il faut préciser l’année à laquelle le militaire en question a été radié », a-t-il insisté, se réjouissant du fait qu’il n’y ait pas des « radiés » dans les 247 présumés terroristes recherchés aujourd’hui par le ministère de la sécurité. « On n’a pas appris qu’un de nos éléments se trouve dans une organisation terroriste. On peut l’affirmer sans trembler. Aucun de nos éléments n’est dans une affaire d’attaque ou de braquage, ça aussi, on peut le confirmer. Tout cela est dû à notre organisation car nous menons une lutte de sensibilisation », mentionnera le porte-parole des militaires radiés. Et à Londiari Lankoandé d’ajouter qu’il appartient à l’accusateur d’apporter des preuves de son accusation en citant les noms des personnes incriminées. « S’il y a un militaire radié qui a été appréhendé dans une affaire de braquage ou de terrorisme, qu’on nous donne son nom », a-t-il lancé.

Simon_Bationo_actuel_porte_parole_des_militaires_radies

Outre les difficultés de réintégration ou de reversement dans la fonction publique que rencontrent ces militaires radiés, l’intégration dans des sociétés privées leur est aussi refusée. Sur ce fait, ils pointent un doigt accusateur sur certaines autorités, surtout l’ancien Premier Ministre du dernier gouvernement de Blaise Compaoré, Luc Adolph Thiao qu’ils accusent d’être la cause de leur malheur. « J’ai moi-même été victime. J’ai postulé à un recrutement. La société en question voulait recruter des anciens militaires. J’ai été là-bas avec des amis. On a fait le test avec des vieilles personnes qui sont même à la retraite. Après les épreuves, nous étions les meilleurs mais à la fin nous avons été éliminés. Ils ont recruté des vieux qui, à peine, se tiennent débout. On n’a jamais su ce qu’il s’est réellement passé », a témoigné M. Bationo.

Son témoignage est suivi de celui de Stéphane Kaboré qui a révélé qu’un de leurs camarades a même été victime de licenciement en Côte d’Ivoire.
M. Lankoandé précisera sur ces faits que « C’est l’ancien premier ministre Luc Adolphe Tiao » qui en est responsable. Il dit avoir vu et lu la note en 2014 à la société minière d’Essakane lorsqu’il y était pour un dépôt de dossier. « On m’a dit que même si quelqu’un me disait de donner 500 000f CFA pour qu’il fasse passer mon dossier, de refuser car mon nom ne passera jamais », se rappelle-t-il.

Les militaires radiés demandent encore pardon aux autorités et souhaitent qu’il soit fait quelque chose pour leur familles respectives qui souffrent. « Nous disons aux autorités actuelles, même si elles n’ont pas pitié de nous, qu’elles aient au moins pitié de nos enfants qui doivent aller à l’école », plaidera M. Kaboré.

Intervenant sur la question des attaques terroristes qui sont perpétrées contre le Burkina Faso, les militaires radiés, solidaires de « ceux qui sont actuellement dans les rangs », disent avoir envisagé, à un certain moment, dans le seul but d’apporter leur contribution à cette lutte, d’aller se mettre à la disposition de certains détachements de l’armée, « juste pour combattre avec eux par patriotisme ».

Par Armand Kinda
Pour minute.bf

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