En conférence de presse dans la matinée du lundi 07 août 2023, l’administrateur général de Sank Money représentant l’actionnaire majoritaire de l’entreprise, Boureima Nanema, a dénoncé ce qu’il considère comme une remise en cause des droits de l’actionnaire majoritaire de l’entreprise Sank Holding. Il a accusé notamment le fondateur de la plateforme Sank Business, Jules Kaboré, de vouloir lui dénier son statut d’actionnaire majoritaire de l’entreprise Sank Business dont il a racheté la plus grande part et de faire barrage à une procédure de mutation devant lui permettre d’éponger une dette de 50 millions de FCFA au Fonds Burkinabè de développement économique et social (FBDES). Dans la soirée du même lundi, le co-fondateur de Sank Business, Dramane Kiendrebéogo, a apporté sa version dans cette affaire. Il récuse les affirmations de l’administrateur général.
Dramane Kiendrebéogo est celui qui a co-fondé l’application Sank Business en 2021 avec Jules Kadher Kaboré résidant actuellement aux Etats-Unis. Selon ses explications, vu l’ampleur que prenaient les choses, il y avait une nécessité de trouver des ressources financières pour propulser la plateforme. Les moyens manquant, il a été décidé de commun accord avec Jules Kaboré, de céder des parts de l’entreprise à des actionnaires de sorte à mobiliser les fonds nécessaires devant permettre à Sank Business de survivre.
« Des gens nous ont approché mais ce n’était pas des nationaux. Comme nous avons donné le nom d’une icône de notre pays à notre plateforme, on s’est dit pourquoi ne pas toucher des compatriotes burkinabè qui ont aussi la même vision que nous afin que nous puissions travailler ensemble. C’est à partir de là que nous avions été contactés par Monsieur Nanema Boureima qui a décidé de prendre des parts dans l’entreprise », a situé Dramane Kiendrebéogo, déclinant ainsi la genèse de la cession qui fait polémique en ce moment.
Lire aussi ➡️ SANK MONEY : L’application bloquée par un remboursement de fonds qui divise un cofondateur à l’actionnaire majoritaire ?

A l’en croire, le sieur Nanema aurait alors posé comme condition préalable, qu’il lui soit permis d’acheter 80% des parts de l’entreprise. « C’est vrai que ça ne nous arrangeait pas, mais nous avions le choix entre cela ou laisser l’entreprise mourir. Et j’ai dit à Jules à l’époque, que c’est vrai que nous avons l’envie de faire avancer notre plateforme, mais comme nous n’avons pas les moyens, il fallait qu’on fasse avec ça, pour faire vivre cette entreprise (…) Jules a accepté et ils ont signé la cession », a expliqué Dramane Kiendrebéogo.
Des 50 millions de FCFA du FBDES…
Selon le Co-fondateur de Sank Business, le problème actuel réside dans le fait que M. Nanema et ses associés ont entrepris de ne pas respecter les clauses du contrat de cession. En effet, il a révélé que par rapport au prêt du Fonds Burkinabè de développement économique et social dont il est question, Jules Kaboré et M. Nanema s’étaient accordés sur le fait qu’une somme de 50 millions FCFA devrait être soustraite du montant de cession des parts de 80%, pour éponger le prêt contracté auprès du FBDES, à la date du 28 mars 2023. Toute chose qui ne sera pas respectée.
« Lors de la cession, Jules a fait comprendre qu’il y avait un prêt contracté auprès du FBDES, qui est de 50 millions de francs et que le paiement prenait effet du 15 mars au 28 mars 2023. Ils ont dit que si c’est comme cela, eux ils vont couper les 50 millions dans l’argent du rachat des parts de l’entreprise. Jules a dit qu’il n’y a pas de soucis à cela pourvu que le prêt soit épongé avant la fin du mois de mars. C’est bien écrit dans le contrat de cession. En fin mars ça n’a pas été fait. Il les a rappelé pour savoir ce qui se passait et ils lui ont dit qu’eux ils ont acheté une entreprise qui ne fonctionne pas d’abord et que par conséquent, ils ne pouvaient pas payer des prêts. Jules leur a dit : Mais ce n’est pas votre argent ! C’est dans mon dû que vous êtes censés me donner, que je vous dis de couper pour aller payer le FBDES. Ils lui ont dit qu’ils ne pouvaient pas faire ça et que d’ailleurs, le prêt court sur une durée de 05 ans. Jules leur a fait comprendre que bien que le prêt s’étend sur 05 ans, il souhaitait payer ça maintenant parce qu’il est un jeune burkinabè qui a encore de l’avenir devant lui et qu’il ne souhaitait pas avoir de problème à l’avenir. Il leur a rappelé que c’est d’ailleurs pour cela qu’il a accepté que l’on coupe dans son argent pour aller éponger la dette, malgré que cela constitue une perte pour lui. Ils ont dit qu’ils ne le paieront pas », a révélé le co-fondateur.

Il a ajouté que ce n’est qu’en mai finalement, que les nouveaux actionnaires ont décidé de se rendre au FBDES pour manifester leur désir d’éponger la dette. « Quand ils sont allés, le fonds leur a demandé s’ils avaient la convention de prêt, ils ont dit non. Le FBDES leur a dit alors que ça ne se passe pas comme cela, puisqu’il ne les connaissent même pas. C’est ainsi qu’ils sont revenus voir Jules pour lui dire de leur envoyer la convention de prêt pour aller payer le prêt. Jules aussi a refusé de le leur donner puisque sur les papiers, ils se sont accordés qu’ils devaient payer le prêt avant le 28 mars 2023. Ce qui n’a pas été fait. Il leur a dit donc que si c’est maintenant qu’ils vont payer, soit ils reviennent pour qu’ils reprennent le contrat de cession, soit lui il ne leur donne pas la convention de prêt. Parce que, s’il la leur donne, rien ne prouve en réalité qu’ils respecteront les autres clauses du contrat de cession puisque déjà les bases ne sont pas respectées », a expliqué le co-fondateur.
Lire aussi ➡️ Burkina : Sank Money renaîtra en août avec plusieurs innovations
De la survenue de Sank Finance…
Outre cela, Dramane Kiendrebéogo a aussi fustigé le fait que le nouvel actionnaire majoritaire, Boureima Nanema, veuille utiliser la plateforme Sank Business à d’autres fins que ce qui était prévu au départ. A l’en croire, M. Nanema a fait intégrer Sank Business à une autre entreprise qu’il a créée et qui est dénommée Sank Finance. Sank Finance, de son explication, est un groupe composé de plusieurs autres entreprises appartenant au sieur Nanema et dont Jules Kaboré et lui, n’ont aucune connaissance. En fait, selon M. Kiendrebeogo, l’objectif ici affiché de l’actionnaire majoritaire est de « noyer Sank Business dans l’entreprise Sank Finance ».

« Ils sont venus un matin nous dire qu’ils ont créé une entreprise qui s’appelle Sank Finance. Et qu’étant donné qu’ils ont payé 80% des parts dans Sank Business, ils veulent que 30% des parts de Sank Business soient reversées à Sank Finance. Jules leur a demandé alors de savoir : si Sank Finance prend 30% de Sank Business, que deviennent alors les 70% de Sank Business ? Ils ont répondu qu’ils ne vont pas les utiliser. En réalité, ça veut dire qu’en ce moment Sank Business disparaît (…) Jules leur a dit qu’il a l’impression qu’ils ont acheté l’entreprise Sank Business juste pour pouvoir utiliser son nom et sa popularité pour lancer leur propre Business et donc, il n’était pas d’accord avec cette manière de faire les choses. Parce que juridiquement parlant, nous ne faisons pas partie de leur Sank Finance. Sank Business va disparaitre et le travail de Jules Kaboré et moi ça devient zéro. Ce qui n’est pas possible puisque nous leur avons vendu des parts en espérant qu’en jeunes burkinabè, ils allaient s’associer à nous pour faire prospérer Sank Business qui a une visée révolutionnaire et qui vise à soulager les populations. Jules leur a donc dit qu’il ne fera pas partie de Sank Finance », a aussi avancé le conférencier.
Il a aussi ajouté qu’à ce jour, selon les statuts de Sank Finance, Sank Business fait partie des entreprises de Sank Finance, pourtant, lui et Jules Kaboré ne sont informés de rien. « Lorsqu’on voulait tester Sank Money, j’ai pris un téléphone et lorsque j’ai cliqué j’ai vu que Sank Money est un produit de Sank Finance. J’ai dit que ce n’est pas possible. C’est vrai qu’on est des petits, mais on n’est pas idiots. C’est là que Jules a pris l’initiative de dire sur sa page Facebook qu’il ne reconnaît pas Sank Money, parce que Sank Money devait être un produit de Sank Business et non de Sank Finance. Ça veut dire qu’il y a une autre entreprise derrière Jules qui est en train de travailler pour le développement de Sank Money et ça ce n’est pas normal », a-t-il étayé.

Partant de là, dit-il, il y a eu comme un certain « abus de confiance » et une « usurpation » du titre de la plateforme Sank pour créer une autre entreprise qui n’a rien à voir avec les objectifs initiaux de Sank Business. « Ce que nous voulons dire aux Burkinabè c’est que Sank Business existe mais il y a des gens qui travaillent à nous avaler (…) En fait le problème avec certains Burkinabè, c’est qu’ils se disent que comme ils ont atteint un certain niveau, ils ne doivent plus se rabaisser pour discuter avec plus petits qu’eux. Pourtant, il est vrai que nous sommes petits, mais c’est nous qui avons conçu la plateforme et elle vous a intéressés. Pour dire vrai, je sais que si on ne résout pas ce problème aujourd’hui, leur ambition c’est de nous éjecter de l’entreprise… », a-t-il déploré. Par cette sortie, Dramane Kiendrebéogo dit vouloir apporter la lumière sur la situation actuelle de la plateforme Sank Business afin que le peuple burkinabè « sache réellement ce qui se passe avec leur application et qu’il ne soit pas induit en erreur ».
Pour l’heure, a-t-il confié, le fondateur de la plateforme, Jules Kaboré, a préféré retirer sa carte, le temps que le problème soit résolu. C’est ce qui explique, dit-il, la non fonctionnalité de la plateforme en ce moment.
Lire aussi ➡️ Mobile transfert : Sank Money obtient son service USSD
Oumarou KONATE
Minute.bf