Invité au journal de 20h du 30 juin 2024 de la télévision nationale, Dr Moumouni Zoungrana, Maître de conférence en Littérature orale africaine et Enseignant-chercheur à l’université Joseph Ki-Zerbo UJKZ, décèle 7 types de prénoms dans la société moagha. Dans son décryptage, il a expliqué le processus qui aboutit à la donation d’un nom à un enfant dans la communauté moagha.
« De manière utilitaire, le nom permet d’identifier la personne, le nom permet de faire sortir la personne de l’anonymat ; de manière rituelle, pour ne pas dire religieuse, le nom remplit une fonction capitale », c’est ce qu’a d’emblée souligné Dr Zoungrana.
De son point de vue, il y a une diversité de noms avec des principes qui déterminent leur choix et leur attribution au porteur. Chez les Moosé par exemple, la première vague des noms, ce sont celles qui se donnent par homonymie ou en guise de mémoire. Ces noms sont en quelque sorte un pont entre le monde des humains et celui des ancêtres, et ont trait à la réincarnation. « Un enfant peut porter le nom d’un ancêtre qui est de retour et l’importance de ce nom est qu’il apparaît comme protecteur pour l’enfant, mais c’est aussi un clin d’œil à ces ancêtres là pour ne pas les laisser dans l’oubli », a-t-il fait savoir.
Mieux, souligne-t-il, d’autres noms sont donnés pour honorer les géniteurs, les personnages dont on veut conserver leur sacralisation. « L’autre aspect aussi, c’est le nom des personnalités ou des parents qu’on a bien aimés et qu’on veut conserver. C’est pourquoi vous entendez Babayouré pour le papa et Mayouré pour la maman, et les noms des chefs notamment (…) Donc tout les Nabyouré que vous voyez sont les homonymes du chef »
Les noms défensifs, quant à eux, assurent la survie de l’enfant. Il s’agit des noms Lédian, Nyongnan. Des dires de Moumouni Zoungrana, ils traduisent la mort du père pendant que la maman est toujours enceinte. « Tout ceux-là, quand on les voit dans la société moagha, on sait que ce sont les orphelins que la société doit défendre », a-t-il détaillé.
De plus, l’autre catégorie ce sont des noms qui renvoient à la transgression. Par exemple, explique-t-il, lorsqu’on arrache « le gombo avec ses gousses ou, encore, tuer la poule pendant qu’on est jeune. Pour que l’enfant survive, on lui donne le nom Noraogo, Noaga, Nopoko. Comme il y a transgression avec ce nom, cela protège l’enfant »
Il y aussi les noms préétablis. C’est le cas des jumeaux. Le garçon s’appelle Raogo et la fille Timbila. S’ils sont deux garçons, ils sont Kinga et Bila ou Raogo et Rabila. Et pour savoir qui est l’aîné, c’est le dernier qui naît qui est considéré comme tel, car il a exercé son droit d’aînesse sur le premier, a justifié Dr Moumouni Zoungrana.
En sus, il y a des noms à message direct qui découlent de l’histoire des couples. Ces noms sont donnés pour permettre aux parents d’extérioriser leur ressentiment. Il s’agit des noms Debyaaba, Toukinnongo, Sampawende.
Enfin, l’enseignant-chercheur a relevé qu’il y a des noms qui se donnent en fonction des événements, de l’espace et du temps. Il s’agit entre autres des noms Naamwaya, Raaga, Basga, Kiugou, etc.
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