Les responsables du Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) étaient face à la presse ce mardi 21 juin 2022. Au cours des échanges avec les Hommes de médias, le REN-LAC a livré sa lecture de la situation nationale et bien entendu, réagi sur la gouvernance des autorités de la transition.
Le Secrétaire exécutif du REN-LAC, Sagado Nacanabo estime qu’il n’y a pratiquement pas de changement à la tête de l’Etat, « en dehors d’apercevoir le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba en trellis militaire en lieu et place du président Roch Marc Christian Kaboré en Faso Danfani ».
Sans déroger à sa mission de veille citoyenne sur la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption, le Réseau national de lutte contre la corruption (REN-LAC) a fustigé le décret qui concède une revalorisation salariale aux membres du gouvernement de la Transition. Un fait qui, de l’avis des conférenciers, risque d’entraîner « un recul » dans la lutte contre la corruption.
Car, justifie Sagado Nacanabo, secrétaire exécutif du REN-LAC, il n’est pas possible de « demander aux braves populations qui peinent déjà à survivre de consentir à l’effort de guerre, pendant que les dirigeants, eux, continuent de se la couler douce comme si de rien n’était ». Pour lui, ces salaires « faramineux et indécents des ministres (quasiment doublés, selon une enquête du journal Le Reporter), ne sont pas du tout en phase avec la situation réelle du Burkina aujourd’hui ». Pire, « en terme de décence et de moralité, ces salaires constituent un véritable contre-pied au tir que les Burkinabè attendaient du gouvernement de la Transition », a déclaré M. Nacanabo. « Aujourd’hui, la gestion quotidienne des affaires par la transition montre que le pouvoir actuel, à l’image de son prédécesseur déchu, ne semble pas avoir pris la pleine mesure des aspirations populaires », a-t-il regretté.
Le REN-LAC appelle les gouvernants de la transition à comprendre que l’exemplarité et le sens du sacrifice doivent être le leitmotiv de l’action gouvernementale et de tous ceux qui sont appelés à assumer des responsabilités quelconques. À l’évidence, le REN-LAC est convaincu que « la restauration de l’intégrité du territoire » prônée par les autorités de la transition passera forcément par la lutte résolue et sincère contre la corruption.
Sur les audits annoncés par le président du Faso dans l’administration publique et dans l’armée, le REN-LAC attend de « voir les fruits plutôt que de juger les fleurs ». « Les audits de l’armée vont nous montrer l’ampleur de la corruption au sein de cette armée », pense le REN-LAC. Les conférenciers ont saisi l’occasion pour demander à la justice d’être plus indépendante dans le traitement des dossiers de crimes économiques.
Sur le rapport du drame d’Inata toujours attendu par la population, le REN-LAC pense que plus cela dure, plus ce rapport perd en crédibilité auprès de la population.
« Si on veut réussir la lutte contre le terrorisme, il faut engager courageusement la lutte contre la corruption au sein de l’armée », a laissé entendre Sagado Nacanabo. Le REN-LAC a également appelé le gouvernement de la Transition à une rupture et à changer de paradigme dans sa gestion pour prendre en compte les aspirations du peuple.
Mathias Kam
Minute.bf