samedi 14 décembre 2024
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Situation nationale: Le message de l’écrivain Youssouf Savadogo

Ceci est le Message de Youssouf SAVADOGO, écrivain burkinabè, sur la situation nationale.

«Je n’ai pas l’habitude d’intervenir dans les médias, sauf lors des publications de mes ouvrages. Je suis apolitique. Mais la situation que traverse le Burkina Faso notre cher pays nous interpelle tous. En tant que citoyen, il m’a paru opportun d’apporter aussi ma petite contribution pour une sortie de crise qui conduira à une paix durable.
Nous avons tous suivi et vécu les évènements malheureux qui se sont succédé depuis cinq ans. Des attaques meurtrières répétées avec des victimes enregistrées tant du côté des militaires que des civils.
Nous avons tous perdu des parents, des amis, bref des proches etc. Cela a occasionné la fuite des populations des zones les plus touchées vers les grands centres.
Personnellement, je reçois des centaines de déplacés internes chaque mois afin de leur distribuer des vivres.

Cette situation catastrophique dont les conséquences sont énormes a ébranlé tout le monde et impacté négativement le leadership au sommet de l’Etat, conduisant ainsi au coup d’Etat du 24 janvier 2022.
Les récents rebondissements de crises au sein des différents protagonistes politiques et militaires nous interpellent tous ensemble à nous unir pour un dénouement de la situation. Car un pays dont les populations sont divisées ne peut pas subsister.
Avant de rentrer dans le vif du sujet, permettez- moi de vous raconter ce témoignage.
En effet, j’ai vécu en live les derniers évènements, le 30 septembre et le 1er octobre 2022 en étant à Bobo Dioulasso.
Et dans la nuit du samedi 1er octobre 2022, j’ai décidé de rentrer à Ouagadougou avec tous les risques possibles…parce qu’il y avait des blocus sur la RN1 Bobo Dioulasso-Ouagadougou .Je fus obligé d’emprunter la route de Dédougou pour me rendre à Ouagadougou. Arrivé à Koudougou vers 21h j’ai rencontré le premier blocus érigé par des centaines de jeunes. J’ai touché du doigt la réalité du moment. Des voix s’élevaient : « nous prenons notre destin en main. Nous sommes fatigués. Trop c’est trop. La patrie ou la mort, nous vaincrons. »
Après des encouragements, j’ai dû négocier avec eux pour traverser. Même scénario à Kokologo à une cinquantaine de kilomètres de Ouagadougou. A l’entrée de ladite ville c’est aussi des centaines de jeunes qui scandaient les mêmes slogans. Une jeunesse visiblement remontée qui soutient le capitaine Ibrahim Traoré et ses hommes. Certains manifestants jetaient un coup d’œil dans ma voiture à la recherche de personnes à la peau blanche. Après avoir négocié encore, six manifestants m’ont accompagné en contournant les barrages jusqu’à la sortie de la ville. Même son de cloche à l’entrée de Tintilou et à l’entrée de la capitale. Je suis arrivé finalement à 1h du matin.
En conclusion, j’ai décidé de rompre le silence qui peut être coupable.

1- Chers frères et sœurs du Burkina Faso, d’ici et d’ailleurs, reconnaissons que quelque part les anciens ont failli. La jeunesse s’est levée. Un dicton populaire nous enseigne: Lorsqu’un éléphant ne réussit pas à faire tomber un arbre, son petit le fera à sa place. Si les parents échouent, il est bien normal que les enfants prennent la relève. Une nouvelle génération est donc debout. Pour dire non à la manipulation, à la corruption, à la haine et aux querelles inutiles qui minent toute la société africaine. Loin de parler d’un conflit de génération. Tout ce que les parents peuvent, c’est de soutenir, accompagner, appuyer, prier, encourager, etc. Car la lutte aujourd’hui est multidimensionnelle. Il y a ceux qui sont au front, ceux qui chantent pour galvaniser, ceux qui contribuent financièrement et aussi ceux qui conseillent sur tous les plans. Chaque Burkinabé peut également contribuer à sa manière selon ses compétences.
Tout le monde n’est pas appelé à la tête ; mais tous peuvent apporter leurs soutiens multiformes.

2- À ceux qui participeront aux assises, je propose quelques réflexions:
N’oubliez pas que c’est la voix d’une personne qui a fait sortir les populations dans les rues. Et c’est encore la même voix qui a fait lever les blocus partout dans le pays. Au stade actuel, dans le contexte précis, l’âge ne peut être un critère de choix du président de la Transition.
Ceux qui ont décidé de libérer le pays sont des leaders de haut rang.
Ce ne sont pas des enfants, comme certaines personnes le prétendent.
Un « enfant » qui va au front et obtient des victoires n’est plus un enfant.
Ce sont des responsables bien avisés qui savent ce qu’ils veulent.
Ne perdez pas de vue cette réalité inhérente. Je propose que le choix se porte sur des militaires pour être à la tête de la transition.
Le choix d’un civil n’est pas salutaire à l’heure actuelle. Le moment n’est pas propice.
Lorsqu’ils finiront de dérouler leur plan de guerre et que la paix reviendra, les élections placeront les civils.
Il faut choisir quelqu’un que le peuple préfère et écoute.
Quelqu’un qui incarne vraiment l’autorité et qui influence.
« Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre d’années. »
Dieu est en train de donner un enseignement aux leaders politiques, religieux, coutumiers, administratifs, académiques, etc. Assimilons la leçon. Il faut se départir de toute considération religieuse, ethnique ou politique ; évitons l’individualisme et privilégions l’intérêt général et sauvons tous ensemble la République notre héritage.

3- À l’endroit des politiciens, afin d’éviter de reculer à chaque fois, faites un sursaut patriotique en accompagnant les nouvelles autorités de façon sincère jusqu’à ce que la situation sécuritaire se stabilise. Transformons ensemble le Burkina Faso en un havre de paix et où il fera bon vivre. Car le contexte actuel nous présente un grand défi à relever. Tout calcul de politique politicienne contribuera à notre échec.
L’histoire politique de la Haute Volta d’hier et du Burkina Faso d’aujourd’hui nous en dit très long. Sauvons donc le Faso. Dieu vous bénisse abondamment

4- À l’endroit des nouvelles autorités.
Le bon leader travaille toujours à rétrécir le cercle de ses adversaires.
Le bon leader est un rassembleur, et dans notre contexte actuel, seule l’unité d’action sauverait le Faso. Rassembler les fils et les filles sans tenir compte de leur ethnie, leurs bords politiques, coutumiers ou religieux nous évitera des résurgences de crises.
En conséquence, retenons que les règlements de compte fragilisent toujours la cohésion sociale et les bonnes relations. Celui qui a la force a aussi la capacité de pardonner et de laisser passer.
Tout leadership fondé sur la vengeance ne dure pas.
Seuls la tolérance, le pardon, l’amour consolident notre capacité de gouverner.
C’est sûr que Dieu a fait apparaître votre étoile. C’est lui aussi qui a mis votre nom dans la bouche du peuple. Ce même peuple qui a crié vive le président, peut changer d’avis s’il ne trouve pas satisfaction. Vous n’avez pas droit à l’erreur.
Écoutez votre peuple, rendez lui compte, restez toujours à côté de votre peuple.
Le copinage dans le pilotage de l’appareil d’État est le pire des cas qui occasionne des chutes irréparables.
Le bon leader choisit les compétences afin d’avoir de bons résultats.
L’administration du Burkina Faso regorge de beaucoup de potentiels. Toutes les ressources nécessaires pour l’épanouissement du Faso sont réunies pour que vous réussissiez. On ne change pas quelqu’un de son poste pour la forme, ou parce qu’on n’aime pas sa tête.
Monsieur le Président, nous ne doutons aucunement de votre charisme. Rien qu’à vous entendre parler, nous croyons que vous êtes certainement un don de Dieu pour le Burkina Faso ; et comme le choix de Dieu est porté sur vous, quel que soit le temps que Dieu vous donne pour diriger, retenez que le bon leader se sert des erreurs de ses prédécesseurs pour réussir là où les autres ont échoué.
Le bon leader travaille toujours à récupérer ses détracteurs. Parmi ceux qui viennent faire allégeance, ils y a ceux qui sont sincères, mais il peut y avoir aussi des gens qui cherchent des repositionnements. Quoiqu’on dise, vaut mieux les avoir avec vous, que de les voir éloignés.
Que la sagesse de Salomon vous guide pour gouverner. La force du roi David vous soit donnée pour reconquérir les terres perdues. L’écrivain Ivoirien Amadou Kourouma disait: Quand on refuse, on dit non!
Gardez votre vision première et le peuple vous soutiendra.
Je vous propose de créer une caisse de solidarité et de soutien à l’armée pour les opérations sur le terrain.
Je serai le premier à apporter ma contribution.

5- À l’endroit de ceux parlent pour le peuple, artistes , chanteurs, écrivains, poètes, dramaturges, lorsque vous constatez des lacunes, corrigez, avertissez, critiquez avec respect, conseillez et n’attendez pas que la situation pourrisse avant de commencer à faire des médiations.

6- À certains religieux, n’attendez pas le pire avant de nous communiquer les révélations. « Dieu m’avait révélé ne nous arrange pas ». On veut savoir et prier à temps.

Dieu bénisse abondamment et richement le Burkina Faso notre chère patrie.

Youssouf SAVADOGO, écrivain burkinabè, sur la situation nationale

Minute.bf

3 Commentaires

  1. NOUS VOULONS D’ABORD REMERCIER DIEU LE TOUT PUISSANT, L’ÉTERNEL D’AVOIR TOUJOURS SA MAIN SUR LE PAYS DES HOMMES INTÈGRES , NOUS LUI RETOURNONS TOUTE LA GLOIRE.
    APRÈS LA LECTURE DE CETTE CONTRIBUTION DE L’ÉCRIVAIN Y. S , JE FUS ÉMU DE JOIE PARCE QUE DE TELLES HOMMES SANS PARTIE PRIS PARLE POUR LE SALUT DE CETTE NATION , PUISSE CEUX QUI ONT DES OREILLES ENTENDRE POUR LA PAIX AU BURKINA FASO, SOYEZ BÉNI PAPA ET QUE DIEU BÉNISSE CE PAYS.

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