samedi 14 décembre 2024
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Putsch au Niger : « Nous assistons aux derniers soubresauts de la Françafrique » (Zakaria Kinda, vice-président de la délégation spéciale de Saaba)

Le premier vice-président de la Délégation spéciale de la commune de Saaba nous a accordé une interview. Au cours de notre entretien, plusieurs sujets relatifs au développement économique et social de la commune de Saaba ainsi que des sujets d’actualité nationale et internationale ont été abordés. Sans langue de bois, ce jeune engagé pour le développement de sa communauté, Zakaria Kinda, car c’est de lui qu’il s’agit, répond à nos questions. Il se sent à l’aise en parlant de la commune de Saaba qu’il qualifie de commune d’hospitalité légendaire de toutes les diversités ethniques, culturelles et étrangères. Pour lui, la mobilisation de l’ensemble des populations sans distinction aucune doit être faite pour assurer la reconquête de l’intégrité territorial sous l’égide du capitaine Ibrahim Traoré. A propos des questions d’ordre international, le jeune bourgmestre s’illustre comme un panafricaniste épris de liberté pour le vieux continent. Lisez plutôt !

Depuis plusieurs années, le Burkina Faso traverse une crise sécuritaire. Cette situation a engendré des changements au sommet de l’Etat burkinabè. Dites-nous comment vous analysez la situation sécuritaire nationale ces derniers temps avec le capitaine Ibrahim Traoré?

Zakaria Kinda : J’apprécie positivement la situation sécuritaire du Burkina. On remarque qu’il y a progressivement de l’accalmie dans plusieurs zones qui étaient auparavant en proie à l’hydre terroriste. Nous constatons de plus en plus d’offensives de la part de nos Forces de défense et de sécurité (FDS) dans le but ultime de la reconquête de l’entièreté du territoire national. Cela est possible grâce à l’engagement indéfectible de nos FDS sous l’égide du capitaine Ibrahim Traoré. Plusieurs fois, nous avons suivi des informations à travers la télévision nationale relatives à la mise en déroute des ennemis de la nation. Nous exhortons les autorités de la Transition à persévérer dans l’effort avec l’accompagnement du peuple. Nous saluons particulièrement le président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré, qui fait preuve de détermination dans la lutte contre le terrorisme au Burkina Faso.

Le peuple Burkinabè a été, plusieurs années durant, très éprouvé. Pensez-vous que l’espoir renait ?

Nous pouvons dire sans risque de nous tromper que l’espoir renait des actions fortes menées sur les théâtres d’opérations militaires mettant ainsi le peuple en confiance. Nous devons maintenir le cap et poursuivre dans les efforts engagés pour que le terrorisme ne soit plus qu’un vieux souvenir amer dans l’avenir.

Qu’en-t-il de la crise humanitaire qui est le corollaire de la situation sécuritaire nationale? Votre commune participe-t-elle à des situations humanitaires pour apaiser la souffrance des populations ?

C’est évident que nous ressentons tous les répercussions de la crise humanitaire émanant de la situation sécuritaire. Il y a des milliers de personnes déplacées internes qui sont dans la commune de Saaba. Il y a plusieurs actions menées au profit des PDI. La commune se déploie en toute synergie d’actions avec les autres structures à contribuer pour soulager les populations en situation difficile.

Quelles actions vous menez notamment avec la jeunesse dans le cadre de la lutte contre l’hydre terroriste ?

Nous menons plusieurs activités de sensibilisation à l’endroit de la jeunesse afin de les encourager à s’engager dans la lutte contre le terrorisme notamment pour les enrôlements comme volontaire pour la défense de la patrie (VDP). Par exemple, suite à l’appel du chef de l’Etat, les jeunes se sont massivement enrôlés dans la commune de Saaba en vue de contribuer efficacement dans la lutte contre le terrorisme. Nous saluons l’engagement des jeunes de la commune dans cet effort de paix. Leur accompagnement ne fait pas défaut et nous sommes convaincus qu’avec une telle détermination des jeunes, nous allons gagner le combat contre le terrorisme sous nos cieux.

Récemment un coup d’Etat a été enregistré au Niger après celui du Mali et du Burkina. Dans un passé plus proche, un autre coup d’Etat a été vécu au Gabon mettant fin au règne de la famille Bongo aux destinées du Gabon. Désormais, il faut compter avec les coups d’Etat qui se multiplient. Comment vous analysez tout cela ?

C’est un message fort de la jeunesse consciente de l’Afrique qu’il faut savoir lire entre les lignes. C’est le signe que la jeunesse aspire à une véritable souveraineté des nations et qu’il y a une négation de la Françafrique sous nos cieux. Il faut simplement comprendre que les jeunes n’acceptent pas de se faire dicter le mode de gouvernance de nos Etats. Pour le cas spécifique du Niger, on constate une adhésion populaire du peuple nigérien à la junte au pouvoir. C’est la preuve que les nouvelles autorités s’inscrivent dans la dynamique de la vision du peuple qui aspire à plus de liberté, à plus de sécurité, à plus de progrès économique et social au détriment de la mal gouvernance qui s’est érigée en mode de gouvernance dans ces pays depuis certaines années. Tant que la mal gouvernance va exister il va sans dire que les coups d’Etats ne vont pas finir. L’Afrique aspire à sa dignité et au développement dans la souveraineté des différents Etats.

Il y a une forme de vent nouveau qui souffle sur les Etats en Afrique. Dans ce contexte, comment vous voyez le dénouement de la situation au Niger notamment avec les velléités de certains chefs d’Etats à intervenir militairement en faveur du clan déchu ?

Malgré les velléités, nous sommes convaincus qu’il n’y aura pas d’intervention militaire face à la mobilisation du peuple nigérien. Il est clair que le peuple aspire à la souveraineté du Niger et il va constituer un bouclier en cas d’intervention militaire. Il faut déplorer le fait que la CEDEAO qui devait être une organisation qui défend les intérêts des peuples de l’Afrique de l’Ouest, s’est muée tout simplement en syndicat des chefs d’Etats déchus.

La pression de la CEDEAO est donc un coup d’épée dans l’eau ?

C’est peine perdue parce qu’aucune intervention n’aura lieu au Niger. Au regard de la mobilisation forte du peuple, la menace de la CEDEAO reste lettre morte. Mieux, le peuple du Niger demande le départ sans condition des forces françaises de leur pays. Nous constatons également que le Nigeria qui est la locomotive de la CEDEAO a son Sénat qui s’oppose farouchement contre toute intervention militaire. Comment cette intervention peut se mener dans ces conditions ?

Certains chefs d’Etat notamment de la Côte d’Ivoire pour ne citer que celui-ci persiste et signe. Comment vous voyez cela ?

Je pense que le chef d’Etat Allassane Dramane Ouattara est en train de jouer sa dernière carte en tant que pilier de la Françafrique. Face à la détermination des peuples africains y compris bien sûr de la Côte d’Ivoire, ce sera des actions vouées à l’échec. Nous ne pouvons-nous attaquer à un peuple frère africain. Au contraire, c’est notre union qui devrait être notre force. C’est l’occasion que certaines personnes apprennent la leçon. Le dernier pré carré de la France en Afrique se rendra compte, que face à un peuple vaillant, rien d’impossible. Nous assistons au dernier soubresauts de la France Afrique. Les peuples africains vont arracher vaille que vaille et coûte que coûte, leur souveraineté vis-à-vis de la France, si ce n’est déjà fait.

Qu’en est –il avec le coup d’Etat au Gabon alors ? Autrement dit pensez-vous que ce coup va engager la rupture de ce pays d’avec la France ?

Je suis personnellement sceptique quant à la rupture avec la France. Je suis réservé et je ne pense pas que ce coup d’Etat est similaire à celui du Mali, du Burkina et du Niger. Qu’à cela ne tienne, je reste convaincu qu’il appartient au peuple de donner l’orientation à suivre, en veillant sur ces aspirations profondes. Je pense plutôt à une petite révolution du palais jusqu’à preuve du contraire ou jusqu’à ce que le général Clotaire nous donne des assurances par rapport à l’orientation du pays. C’est au peuple gabonais qui doit rester sur ses gardes pour contraindre le président de la Transition à aller dans son sens. A voir, l’ambassadeur de France dans ce pays qui a rendu visite au président de la Transition, nous disons qu’il s’agit d’une politique de deux poids deux mesures que le France mène. Il est inadmissible que la France condamne le coup d’Etat du Niger et soit en train d’adouber d’autres militaires au pouvoir au Gabon. Il appartient au peuple en tout état de cause, d’arracher sa souveraineté.

Vous êtes vice-président de la délégation spéciale de la commune de Saaba. Pouvez-vous nous dire ce qui fait la particularité de la commune de Saaba ?
La commune de Saaba est située à 15 kilomètres à l’Est de la commune de Ouagadougou. Il n’y a particulièrement pas de frontière entre la commune de Saaba et celle de Ouagadougou. Elle a une population estimée à 285 000 habitants selon le dernier de 2019. Nous pouvons estimer aujourd’hui, la population de Saaba à près de 400 000 habitants. On pourrait dire que la commune de Saaba représente le Burkina Faso en miniature avec une diversité ethnique et culturelle ainsi qu’avec la présence de plusieurs nationalités. Pour preuve, l’association des femmes Unies de Nioko 1 a organisé avec l’accompagnement de la commune, la journée des communautés à Saaba et il y a eu une représentation de la diversité ethnique et culturelle que regorge la commune. Il y a également beaucoup de nationalités africaines qui vivent dans la commune, en symbiose avec l’ensemble des populations. Les populations vivent en harmonie et en symbiose sans aucun problème dans la commune. C’est une commune d’hospitalité légendaire. La commune de Saaba est une commune émergente où les différentes communautés vivent en paix et en concorde.

Vous l’avez dit vous-même, il y a une forte concentration des populations dans la commune de Saaba. Justement, à ce propos, qu’est-ce que vous faites pour une meilleure salubrité de votre commune ?

La question de la salubrité dans la commune de Saaba constitue un énorme défi à relever. Chaque année la municipalité octroie des marchés de curage de caniveaux. Il y a des actions de nettoyage des grandes artères de la ville, doublée des séances de sensibilisation pour que les populations participent à l’assainissement de leur cadre de vie. A ce propos, la semaine nationale de l’assainissement est organisée dans la commune dans le but de permettre aux populations de s’approprier de bonnes pratiques relatives à la salubrité publique. En cette occasion, des activités de nettoyage sont organisées dans les lieux publics comme les marchés, les centres de santé, les écoles et les lieux de culte.

Des actions structurantes sont peut-être menées par la commune mais y a -t-il assez de sensibilisation pour un changement de comportement et de mentalité quant aux actions de salubrité publique ?

Nous sensibilisons régulièrement. Nous disposons d’un centre de collecte des déchets. Le secteur de la salubrité est en train d’être organisé avec l’appui de nos partenaires techniques et financiers.

Parlant des partenaires, est ce que vous en disposez pour vous accompagner dans les actions à mener au profit des populations ?

Avant toute chose, nous mettons l’accent sur la mobilisation des ressources endogènes, c’est dire donc sur les fonds propres pour pouvoir mener certaines actions nécessaires. Par exemple, pour la construction d’un centre de traitement des déchets. Des partenaires nous accompagnent sur ces projets précis à savoir le CEAS /Burkina. Notre convention est arrivée à terme avec ce partenaire mais nous gardons l’espoir que d’autres phases pourront se poursuivre.

Il est généralement dit, qu’il faut vivre dans un environnement sain mais aussi, il faut manger sain. A propos du dernier point, dites-nous, quelles sont les dispositions prises pour que les abattoirs soient adaptés et propices dans la commune ?

Nous disposons d’un abattoir dans l’enceinte de la commune et qui est géré par une coopérative. Nous travaillons en synergies d’actions avec cette coopérative pour disposer d’un abattoir assez sain. Nous saisissons cette opportunité pour adresser nos vives félicitations à cette coopérative qui ne ménage aucun effort pour le travail de drainage des eaux de l’abattoir.

Quelles sont les difficultés récurrentes de votre commune ?

Nos difficultés constituent l’accès aux infrastructures routières qui ne sont pas suffisantes ou lorsqu’elles existent, elles sont à réhabiliter. Nous demandons au ministère des Infrastructures d’avoir un regard particulier sur la commune de Saaba. Nous disposons de plusieurs routes qui doivent être bitumées et d’autres sont tout simplement à réfectionner. Dans la même dynamique, nous avons besoin des infrastructures de drainage des eaux de pluies. Nous avons des zones qui ont besoin d’infrastructures des ouvrages de franchissement notamment dans la zone de Bargho, Niongwarbin, Saaba et Tanghin.

Quel mot pour conclure notre entretien ?

Nous lançons un appel à l’ensemble de nos compatriotes Burkinabè et tous les amis du Burkina Faso à se lever comme un seul homme pour accompagner le capitaine Ibrahim Traoré dans l’élan de la lutte contre l’hydre terroriste et pour la reconquête de l’ensemble du territoire national. Nous devons accompagner toutes les actions qui s’inscrivent dans le sens de l’expression de la souveraineté nationale. Pour ce faire, nous devons accepter de payer le prix. Nous exhortons l’ensemble des populations à faire preuve de sacrifice et d’abnégation pour payer le prix de la résilience. Nous demandons également aux jeunes de s’engager massivement pour les opportunités notamment à travers l’entrepreneuriat communautaire. Cela peut être une belle opportunité pour les milliers de jeunes sans-emplois sous nos cieux. Nous allons une fois de plus sensibiliser la jeunesse dans ce sens afin qu’elle s’en approprie dans les prochains jours. Je vous remercie.

Interview réalisée par Soumoubienkô Roland KI

Minute.bf

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