samedi 14 décembre 2024
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Procès Vincent Dabilgou : Voici pourquoi le procureur a requis 15 ans de prison contre l’ex ministre

Le dernier prévenu a passé sous le scanner du ministère public est Vincent Dabilgou. Ministre des Transports au moment des faits, il est le principal prévenu dans cette affaire. Il est reproché à Vincent Dabilgou les faits de détournement de deniers publics, de financement occulte de parti politique et de blanchiment de capitaux.

À l’entame de ses réquisitions contre Vincent Dabilgou, le procureur du Faso, a affirmé que si ce dossier a cristallisé les attentions, c’est parce que le ministère public a pris son courage à deux mains pour mettre en accusation un ancien ministre sur sa gestion.

En effet, des grosses sommes d’argent ont été détournées frauduleusement courant 2020 et 2021. « Mais ces sommes d’argent proviennent d’où ? Est-ce que c’est pour le ministère des Transports, donc du denier public ? », s’est d’abord demandé le procureur du Faso. C’est, en effet, répond le parquet, les montants logés dans le compte Trésor public du ministère des Transports alimenté par l’État, par les contribuables, et le compte ECOBANK du ministère des Transports qui ont fait objet de détournement.

Mais, des dires du procureur du Faso, le ministre Dabilgou a prétexté ne pas avoir connaissance de ce dernier compte. Il était même ferme jusqu’à ce « qu’on retrouve un courrier du ministre demandant un retrait dans ce compte », ajoute le parquet. Ce compte est alimenté par l’ASECNA et autres. « Le caractère public dans ces comptes ne souffre d’aucun débat. Il s’agit du ministère des Transports », a déduit le parquet. Le détournement de deniers publics porte, si l’on suit le parquet, sur les montants de 131 millions de FCFA, 77 millions de FCFA et 777 millions de FCFA sur les comptes Trésor public et ECOBANK du ministère des Transports, qui ont été blanchis pour financer le NTD et au profit de Vincent Dabilgou. Et pour le parquet, le ministre Vincent Dabilgou, ordonnateur principal du budget du ministère ne pouvait pas ne pas être informé. Cet argent sorti donc des comptes d’une institution publique a été « dilapidé » pour les activités autres que celles du ministère des Transports.

Le second point du détournement, porte sur les contrats « fictifs ». Il y a eu de l’argent qui est sorti. Il fallait justifier mais il n’y avait pas de pièces. « Voilà pourquoi il fallait créer des contrats fictifs entre la SOPAFER-B et Green Énergy », pense le parquet. Pour le procureur du Faso, Vincent Dabilgou était informé parce que c’est lui l’ordonnateur du budget du ministère des Transports. Il en est « le responsable ». « Ces décaissement n’ont jamais pu être faits sans que Vincent Dabilgou ne soit informé et donne son OK », estime le parquet. Pis, « ils ont eu l’ingénieuse idée d’aller vers les Directeurs régionaux des Transports pour les faire signer des bordereaux de carburant qu’ils n’ont jamais reçu », a poursuivi le parquet.

Des dires du parquet, la destination de ces sommes frauduleuses était pour le financement de la campagne électorale du NTD avec l’acquisition d’une centaine de motos et des gadgets.

Alors le parquet se demande : comment comprendre que des comptes du ministère des Transports soient liés à la seule personne signataire, à savoir le DAF (Jean Gabriel Séré, ndlr). « Cela a été fait à dessein. Tous les retraits qui y ont été faits l’étaient avec l’aval du ministre Dabilgou. Les prestataires pour le NTD ont été payés avec des chèques ECOBANK du ministère des Transports. Vincent Dabilgou en était informé de bout en bout. Par exemple, les 2 millions de FCFA retirés du compte ECOBANK du ministère des Transports par Ousmane Sigué pour la confection de meubles pour le domicile de Vincent Dabilgou. Si cela n’est pas du détournement comment le qualifier ? Aussi, pour les remises d’argent, Jean Gabriel Séré a été formel, il a remis 35 millions de FCFA et 40 millions de FCFA en espèces à Vincent Dabilgou dans le bureau du ministre. Mais nous avons posé la question à Vincent Dabilgou, pour quelle raison son DAF va le charger ? Mais Vincent Dabilgou a déclaré que Jean Gabriel Séré l’en veut parce que, quand il était en détention, il n’est pas aller le rendre visite », a explicité le parquet.

Sur une pléthore de témoins fournis par la défense, pour la décharge de Vincent Dabilgou, le parquet a balayé du revers de la main leur témoignage, car « la montagne a accouché d’une souris sahélienne ». Plutôt que de décharger Vincent Dabilgou, « les témoins envoyés par la défense n’ont rien apporté ». Pis, certains l’ont chargé. Apollinaire Compaoré, Mahamadou Bonkoungou ou encore Inoussa Kanazoé ont rejeté les faits qu’ils auraient donné de l’argent à Vincent Dabilgou pour la campagne électorale de 2020.

« Matériellement et intentionnellement, Vincent Dabilgou a accompli des actes de détournement de deniers publics », a conclu le Procureur du Faso, sur ce point.

Pour les infractions de financement occulte de parti politique. Dès lors que, pour le procureur du Faso, l’infraction principale a été caractérisée, l’origine occulte de cet argent a servi au financement de la campagne électorale de 2020 du NTD. « Le NTD a utilisé l’argent issu du détournement au profit de sa campagne, encore que le NTD n’a pas reçu l’aide de l’État pendant la campagne. Plusieurs motos achetées pour le NTD. Le trésorier du NTD l’a dit, l’argent du NTD ne pouvait pas servir pour tout cela. C’est cela qui a permis au NTD d’arriver 3e pendant les élections », a déclaré le ministère public, qui conclut que les éléments de l’infraction de financement occulte de parti politique sont entièrement caractérisés. « Le blanchiment de capitaux s’en déduit des deux autres chefs d’accusation. L’argent du ministère de Transport a servi pour financer le NTD. C’est plus de 985 millions de FCFA sur les comptes Trésor public et ECOBANK du ministère des Transports qui ont été blanchis pour financer le NTD et au profit de Vincent Dabilgou et autres », a accusé le ministère public.

Il a demandé que Vincent Dabilgou soit déclaré coupable des faits à lui reprochés et condamné à 15 ans de prison dont 10 ans ferme, 500 millions de FCFA d’amende. Aussi le parquet a demandé qu’il lui soit décerné un mandat d’arrêt.

Pour le NTD, le parquet a demandé qu’il soit condamné à payer 23 561 500 de FCFA. Le ministère public a requis que le NTD soit rayé de la liste des partis politiques du Burkina Faso.

Mathias Kam et Oumarou Konaté
Minute.bf

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