C’était la confrontation entre le témoin Seni Kouanda, président de l’ANEB en 1990 et l’accusé Mamadou Bamba, responsable des Comités révolutionnaires (CR) de l’Université de Ouagadougou. L’accusé reconnaît avoir lu la déclaration de répression à la télé mais refuse qu’il lui soit attribué « la paternité des mots du texte ».
Sur cette question de la fameuse déclaration lue à la télé le 16 mai 1990 qui annonçait la répression des étudiants de l’ANEB, Me Prosper Farama a demandé un peu plus de détails. L’avocat de la partie civile a voulu savoir si l’accusé assume son acte « en tout état de cause et tout ce qui va avec ». « En tout état de cause ça veut dire quoi ?», réplique l’accusé. Et à l’avocat de préciser qu’il s’agit des conséquences de la déclaration lue à la télé.
« Oui, je l’assume mais je ne pouvais pas savoir les répercutions de la déclaration que j’ai lues. D’ailleurs, je ne reconnais pas la paternité des mots utilisés. Mais j’étais le président et c’était à moi de lire la déclaration et aussi parce que j’ai participé à l’élaboration du texte », répond l’accusé.
Me Prosper Farama est revenu sur un mot qui a crystalisé les débats à savoir, « le mot putchsiste utilisé dans la déclaration ». Selon l’avocat, les CR soupçonnaient les militants de l’ANEB de fomenter un coup d’État avec la bénédiction de certains militaires.
« Le mot putschiste veut dire chercher à renverser un pouvoir par tous les moyens », a défini l’accusé. Et à Prosper Farama de répliquer : « même dans les élections ?». « Oui, si les élections sont truquées », rétorque l’accusé Mamadou Bamba.
« Moi, je n’ai jamais été un intermédiaire pour faire du mal à quelqu’un. Chacun a donné son point de vue. Je n’ai pas à convaincre quelqu’un sauf la chambre », se défend l’accusé Mamadou Bamba, qui juge les questions de Me Proposer Farama au dessus de lui. « Ces questions doivent s’adresser aux hauts responsables. Je ne représente pas ici le CR mais la personne Mamadou Bamba. C’est ma responsabilité personnelle qui m’envoie ici. Moi je n’ai posé aucun acte pour faire quoi que ce soit à quelqu’un », précise l’accusé à Prosper Farama.
C’est sur ces mots que l’audition et la confrontation du témoin Seni Kouanda et Mamadou Bamba ont pris fin.
Un autre témoin est attendu à la barre…
Mathias Kam
Minute.bf