C’est parti pour la dernière étape du procès Dabo Boukary, étudiant en 7e annee de médecine tué au Conseil de l’entente le 19 mai 1990. Les plaidoiries ont débuté ce soir du mercredi 21 septembre 2022, au tribunal de grande instance de Ouaga 2.
Me Kaboré de la partie civile a entamé sa plaidoirie par l’infraction de complicité reprochée à Mamadou Bamba, responsable des Comités révolutionnaires (CR) de l’université de Ouagadougou et à Gilbert Diendéré, chef de corps du Centre national d’entraînement commando (CNEC), capitaine en son temps.
Selon l’avocat de la défense, les faits principaux pour le chef d’accusation de complicité sont consommés. L’avocat est revenu d’abord sur les faits matériels de la complicité. Selon lui, la complicité peut être par une intention coupable, aide, assistance ou facilitation, qui suppose qu’il y ait des actes concomitants ayant conduit à l’acte et qui suppose que le fait soit un acte positif.
Me Kaboré a pris pour preuve, concernant le cas Mamadou Bamba, qu’il doit être reconnu coupable car la complicité par aide ou assistance ou facilitation, qui suppose qu’il y ait des actes concomitants ayant conduit à l’acte a été consommée.
« Il (Mamadou Bamba, ndlr) a lui-même dit qu’il a participé et lu la déclaration à la télé. Laquelle déclaration a précédé la répression des étudiants. Nous savons aussi que c’est lui qui a indiqué le domicile des étudiants, pour leur arrestation afin qu’ils soient maltraités. Il dit que ce n’est pas lui. Mais j’ai la certitude que toutes les victimes l’ont vu sauf lui-même. Lui-même ne s’est pas vu là où tout le monde l’a vu. Ma seule conviction est que la victime n’oublie pas son bourreau. Le colonel Bamba peut oublier, mais pas la victime », a déclaré Me Kaboré.
S’agissant du capitaine d’alors Gilbert Diendéré, l’avocat soutient qu’il s’agit de l’inexécution d’une aide à personne en danger.
« Le général reconnaît lui-même, que c’est lui qui a dit à ses subordonnés du CNEC de déporter les étudiants à Pô. C’est lui qui a dit à ses éléments de transférer le corps de Dabo Boukary à Pô. C’est lui qui a donné l’ordre à ses subordonnés de Pô, Ouagadougou et Koudougou, de recevoir les étudiants et de les former aux rigueurs militaires », relève l’avocat.
« J’ai la ferme résolution que le Général Diendéré ne pouvait pas ignorer ce qui se tramait au Conseil. Tout de même, il pouvait ne pas le savoir le 16 mai 1990. Mais comment peut-il ne pas être informé 3 jours plus tard que des étudiants soient toujours séquestrés au Conseil de l’entente jusqu’à ce que mort s’ensuive? Il est coupable M. le président », a estimé Me Kaboré.
Et de conclure : « Gilbert Diendéré en tant que chef de corps du CNEC n’a pris aucune mesure pour sanctionner ses hommes indisciplinés. Si ce n’est rendre compte au chef de l’État. Mais alors, on est chef de corps pourquoi ? On ne peut pas être chef de corps et venir à chaque fois constater les faits. Vous conviendrez avec moi que le Capitaine Gilbert Diendéré d’alors n’a posé aucun acte pour empêcher l’acte ni sévir et donc sa culpabilité est évidente ».
Les plaidoiries se poursuivent...
Mathias Kam
Minute.bf