La 5e édition du Festival de la Culture San (FESCUSAN) a ouvert ses portes, le jeudi 29 au Palais de la Jeunesse et de la Culture Jean-Pierre Guingané. Ce festival, qui s’étend jusqu’au 1er juin 2025, va mettre en lumière, quatre jours durant, le patrimoine culturel San à travers des spectacles de danses traditionnelles, des danses de masques, des prestations de flûtistes, des prestations d’artistes et une exposition des produits locaux.
A une époque où les défis de la mondialisation menacent l’homogénéité culturelle, le FESCUSAN depuis maintenant cinq années, œuvre à la sauvegarde et à la promotion de la culture San. Durant quatre jours, au Palais des Sports et de la Jeunesse Jean-Pierre Guingané, l’édition 2025 va mettre en lumière la langue, les danses et musiques traditionnelles San, sans oublier l’artisanat et la gastronomie de cette ethnie du Burkina Faso. De quoi faire dire au promoteur de l’événement, Urbain Toé, que le festival est « un lieu de mémoire, d’éducation, de valorisation et de transmission ».

Dans ce sens, le thème retenu pour cette édition du FESCUSAN est « L’identité culturelle : de la paix par la culture à la culture de la paix ». Un thème que M. Toé a justifié par le contexte national et sous-régional marqué par « des tensions sociales, des défis sécuritaires et des bouleversements identitaires ».
« Nous avons plus que jamais besoin de nous ancrer dans nos valeurs culturelles pour construire un avenir commun (…) Elle (la culture, ndlr) nous rassemble autour de ce que nous partageons : l’amour de notre terre, le respect des anciens, la solidarité et la fierté d’appartenir à une communauté », a-t-il avancé. Pour lui, « la culture est un pont entre les générations et les peuples ».

Par ailleurs, en vue de raviver le lien historique entre les peuples Samo et Bissa, pour cette 5e édition du FESCUSAN, la communauté bissa est invitée d’honneur. « Nous avons choisi la communauté Bissa pour faire connaître cette histoire. On nous dit que les Bissas sont nos cousins, et il est très important que ce message soit transmis », a indiqué Urbain Toé.
Comment Samo et Bissa sont-ils des cousins et quelle est l’origine de la « séparation » ?
C’est « avec honneur et satisfaction » que la communauté Bissa a accueillie son invitation au FESCUSAN, s’est satisfait leur porte-parole, Topan Valery Zigani, avant de raconter le lien historique qui les lie aux Samo et la cause de la « séparation ». « L’histoire qui nous lie avec les Samo date d’il y a longtemps », a-t-il d’emblée signifié.

Revenant sur la cause de séparation, M. Zigani de raconter : « il semble que nous vivions ensemble jusqu’à ce qu’il y a eu une cérémonie sacrificielle au cours de laquelle on a tué un chien. La viande a été consommée la journée, mais il y a des parties, dont la tête du chien, qu’on a conservées parce qu’il fallait attendre, selon la coutume, pour manger le lendemain. Sauf que, quand ils se sont réveillés le lendemain matin, ils n’ont pas trouvé la tête du chien et d’autres parties. C’est ainsi que nos ancêtres, nous les Bissa, avons accusé les Samo d’être auteurs du vol de la tête du chien ». À l’entendre, c’est donc, « n’ayant pas digéré » cette accusation que les Samo ont préféré partir très loin. « Ils sont juste restés dans nos souvenirs comme nos cousins. Aujourd’hui, quand j’ai regardé les prestations, j’ai compris que nous sommes vraiment des cousins », a ajouté le représentant des Bissa, félicitant l’initiative du festival qui, dit-il, « rapproche les communautés et renforce la fraternité et la cohésion sociale ».
Tout cela a été salué par Bertrand Toé, le représentant du ministre chargé de la Culture, président de la présente édition. « Le peuple San, par sa langue, son organisation sociale, ses pratiques artistiques et spirituelles, a su construire à travers des siècles un patrimoine culturel d’une richesse inestimable », a-t-il félicité, au nom du ministre, invitant les populations à faire le déplacement au Palais de la Culture Jean-Pierre Guingané pour en savoir plus sur la communauté San.

Pour information, au programme de ce rendez-vous annuel de « célébration de l’identité, de l’histoire et de la richesse culture du pays San », il est prévu des prestations de masques traditionnels, des flûtistes de Gossina, une parade de lutteurs, une programmation artistique. Une foire gastronomique avec des mets locaux et une exposition de produits locaux mettront en valeur le génie de la communauté San et des autres communautés burkinabè.
Lire aussi ➡️ Ouagadougou : C’est parti pour la 4e édition du Festival de la Culture San
Franck Michaël KOLA
Minute.bf