Des ouvriers de la mairie de Ouagadougou ont battu le pavé ce 15 mars 2021 devant la mairie. Ils réclament au maire un plan de carrière, une déclaration à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) mais aussi et surtout, ils dénoncent une coupure de leur salaire depuis plus de 4 mois.
« Plus de 29 ans de carrière à la mairie, pas d’immatriculation à la CNSS, pas de plan de carrière, pas d’augmentation de salaire. Depuis plus de 25 ans ces ouvriers de la mairie sont dans le statu quo. Pis, la plupart de ces ouvriers sont sans salaire depuis plus de 4 mois ». C’est là, pris en gros, les problèmes qui ont valu à ce que ces ouvriers de la mairie de Ouagadougou sortent dans la rue pour crier leur ras-le-bol au maire Armand Béouindé, à entendre Nouphé Bamogo, responsable national chargé à la gestion des conflits de travail à la Confédération Syndicale burkinabè (CSB).
Le représentant syndical, revenant sur les origines du quiproquo entre les ouvriers et le maire a en effet fait savoir qu’en octobre 2018, le syndicat a adressé des correspondances au président du Faso, au premier ministre ainsi qu’au ministre de l’administration territoriale pour voir dans quelle mesure le maire pourrait régulariser la situation administrative de plus de 400 de ses ouvriers.
Le président du Faso a ainsi saisi le premier ministre qui a ordonné au ministère de l’Administration territoriale ainsi qu’au maire, l’organisation d’une commission ad hoc pour pouvoir faire des propositions afin de régulariser la situation desdits ouvriers.
Selon les faits relatés par Nouphé Bamogo, un travail a été fait par cette commission et a livré ses conclusions. Cependant, selon Nouphé Bamogo, le syndicat qui a suivi les travaux de cette commission a décélé à sa grande surprise des irrégularités dans les conclusions de cette commission ad hoc. C’est alors qu’il a demandé à ce qu’on corrige ces irrégularités. « Mais depuis lors rien! Pas de dialogue », déplore Nouphé Bamogo.
Pour lui, « il faut que le maire sache que la mairie n’est pas un bien privé ». « Le maire, en tant que officier de police judiciaire, doit être à l’écoute de ses employés. Il ne doit surtout pas refuser le dialogue social tel que prôné par le président du Faso ».
Le calvaire vécu par les ouvriers
Antoine Ouédraogo, un de ces 400 ouvriers crie son ras-le-bol au maire Armand Béouindé. La soixantaine révolue, il a plus de 23 ans de service en tant que jardinier à la mairie de Ouagadougou. « En 23 ans de service, je n’ai eu aucun congé. Mon jour de congé si on peut le dire ainsi, c’est quand je suis malade et inapte à travailler et c’est sûr que ma retraite serait ma mort », soupire le vieux Ouédraogo avec un air à la fois révolté et désespéré.
À ce désarroi qu’il dit vivre s’ajoute le fait qu’ils ne sont pas payés depuis 4 mois, selon ses révélations. « 4 mois sans salaire et on ne sait pour quelle raison. Nous n’avons ni volé ni endommagé un bien à la mairie mais on ne nous paye pas malgré tout. Pourquoi couper nos salaires? » s’interroge le jardinier de plus de 60 ans.
« Un salaire de 35000 FCFA et on fait 4 mois sans nous payer. Actuellement, ce sont mes petits fils et mes enfants qui s’occupent de moi », explique Antoine Ouédraogo tout en implorant à la limite l’indulgence du maire Armand Béouindé.
« Il n’y a pas longtemps j’ai fait un accident en revenant du travail. Ce sont encore mes enfants qui m’ont soigné à plus de 700. 000 fr CFA. Aucune personne de la hiérarchie du maire n’est venu simplement pour me voir » déplore t-il.
Il estime que le maire gagnerait à régulariser la situation administrative des 400 ouvriers à travers un plan de carrière cohérent.
Hamadou Ouédraogo
Minute.bf
que dieu vous aide dans votre travail