Les avertis des questions de sécurité s’accordent à dire que pour gagner la guerre contre le terrorisme, il faut une parfaite collaboration entre les populations et les Forces de Défense et de Sécurité (FDS). Ce postulat a été confirmé par une démarche participative de l’Organisation internationale pour la Consolidation de la Paix (INTERPEACE), à travers 4 régions qui font face à l’insécurité au Burkina Faso. Les conclusions de cette démarche ont été consignées dans un rapport qui a fait l’objet d’une conférence nationale de validation, le jeudi 14 avril 2022 à Ouagadougou.
Partant du constat de « la relation difficile entre les FDS et les populations », qui « davantage » rend « difficile la collaboration entre les acteurs qui interviennent dans la sécurité », INTERPEACE, à travers son projet « Améliorer la prévention des conflits et la gouvernance sécuritaire locale dans les régions du Sahel, de l’Est, du Centre-nord et de la Boucle du Mouhoun » a pu faire un diagnostic des dynamiques sécuritaires dans ces localités.
De ce diagnostic qui a vu la participation de « plus de 3000 personnes », Cheick Fayçal Traoré, le représentant pays de INTERPEACE a retenu 2 points essentiels. « Le premier élément, c’est que les populations attendent de recevoir la sécurité, elles veulent que les acteurs les rassurent. Ce qui aujourd’hui n’est pas forcément le cas, dans la mesure où les FDS, elles-mêmes, ont reconnu que l’offre n’est pas suffisante. La deuxième chose importante qui est ressortie, c’est l’indispensable besoin de communication, de concertation entre les acteurs », a résumé M. Traoré.
Pour ce dernier, « la solution miracle n’existe pas [dans la lutte contre le terrorisme] ; elle est toujours en fonction de la menace qui est en présence. » C’est là où les consultations avec les populations locales ont permis de formuler des recommandations.
Citant le rapport, Cheick Fayçal Traoré a indiqué qu’« eu égard aux difficultés relationnelles, notamment les rivalités entre les différentes forces, entre les acteurs, la méfiance des populations qui estiment n’être pas suffisamment en confiance pour participer à la production de la sécurité (…), il est important que les différents acteurs puissent avoir des cadres de concertation, de collaboration, qui impliquent tout le monde (les femmes, les jeunes…). »
Outre cela, le rapport recommande « plus d’implication des différents acteurs, plus de coordination et de coopération entre les différents acteurs; plus d’appui de manière structurelle à faire en sorte que les FDS soient en capacité d’apporter des solutions et que les Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP) et les groupe d’auto-défense qui sont en position d’accompagner le gouvernement soient suffisamment soutenus au sein des populations. »
Tout cela a fait l’objet d’un rapport sous le titre « Les sceaux d’une gouvernance sécuritaire inclusive et participative : analyse des dynamiques entre les différents acteurs sécuritaires et les communautés ainsi que des obstacles et des opportunités pour l’amélioration de la gestion, la prévention des conflits et la protection des populations ».
« Des pistes pertinentes à mettre en œuvre pour améliorer la gouvernance sécuritaire… »
Le représentant du ministre en charge de l’administration et de la sécurité, son Conseiller Technique Laurent Ouédraogo a remercié INTERPEACE pour « sa contribution inestimable » à travers « les conclusions et recommandations formulées lors du processus (…), qui permettront de concevoir des pistes pertinentes à mettre en œuvre afin de contribuer à améliorer à la fois la gouvernance sécuritaire et à prévenir les conflits dans les régions cibles du projet. »
Pour M. Ouédraogo, « la lutte contre le terrorisme doit impliquer toutes les communautés, y compris les populations à la base. Ce n’est plus l’apanage des seules FDS. » Il n’a pas manqué de saluer l’appui du Canada à l’initiative.
Il faut souligne que le projet conduit par INTERPEACE/Burkina bénéficie de l’accompagnement du Canada. Et au représentant de l’ambassadrice du Canada, Michel Gratton de rassurer que son pays « appuie partout dans le monde les initiatives de paix et de sécurité. » Une expérience qui a permis à M. Gratton de saluer l’approche d’INTERPEACE, arguant qu’ « au Sahel (…) les solutions pour la paix passent par un dialogue, une cohésion sociale, pour augmenter la confiance entre les FDS et les populations. »
Franck Michaël KOLA
Minute.bf