Cela fait 7 ans que le Burkina se bat tant bien que mal contre l’hydre terroriste. Au prix du sang. A l’heure du bilan, le constat demeure amer. Des pans entiers du territoire sont sous contrôle ennemi, des écoles fermées, près de deux millions de déplacés internes… Cette absence de résultats a eu des conséquences institutionnelles. Trois régimes se sont succédé. Roch Kaboré, le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba, et maintenant le capitaine Ibrahim Traoré. Le Régime Traoré veut aller vite et reconquérir l’intégralité territoriale. Pour ce faire, il multiplie les acquisitions de matériels militaires, recrutement et formations de volontaires pour la défense de la patrie. Mais le résultat sur le terrain cache mal cette volonté affichée. C’est ce qui a amené le président, chef suprême des armées, à sortir de ses gonds pour parler sans langue de bois à ses frères d’armes.
« C’est à toutes les FDS (Ndlr; forces de défense et de sécurité) que je m’adresse. Celui qui ne pourra pas, il est mieux qu’il redevienne civil parce que cette guerre, nous allons la faire », a clairement affiché le capitaine Ibrahim Traoré le 9 février en face des commissaires de police. Il ne s’est pas limité là. Il dit ne pas comprendre qu’il y ait des attaques terroristes non loin de positions de FDS sans qu’il n’y ait de réaction, ne serait-ce que « pour l’orgueil ». Cette question, les populations se la posent aussi depuis belle lurette. Des groupes armés terroristes font parfois des exactions dans des zones censées être sous couverture militaire. Mais zéro réaction. Groggy, impuissantes, la mort dans l’âme, des populations ont déserté leur terroir tout simplement parce qu’elles n’ont pas eu l’assistance nécessaire.
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Les déclarations du président de la transition sont légitimes en ce sens que lui-même a combattu avec ses hommes contre les bandes criminelles ; en plus, il est le chef suprême des armées donc disposant du renseignement nécessaire. Sans citer de localité, comment comprendre que des zones soient appelées première ou deuxième région militaire, alors que des groupes terroristes commettent des exactions à 30, 20, 10 ou même 5 kilomètres desdites villes ? Certes, les comportements de certaines unités ne suffisent pas à jeter le discrédit sur toute l’armée. Des hommes d’honneur au sein de nos FDS, le Burkina en dispose. Ils sont sur le terrain et se sacrifient pour la libération de la patrie. D’aucuns y ont laissé leur vie, certains handicapés à vie et d’autres présentement au front communiant avec l’aridité du front de guerre. Hommage à eux !
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Le chef de l’Etat, lui-même, n’hésite pas à abandonner ses bureaux à Koulouba pour descendre sur le terrain, tutoyer la mort. Il n’y a donc pas d’excuses pour les autres, officiers, sous-officiers ou soldats du rang.
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Osons espérer que les propos du capitaine Ibrahim Traoré ne sont pas tombés dans l’oreille d’un sourd de cette grande muette.
Alors des armes, encore des armes, pour la guerre.
La Rédaction
Minute.bf