dimanche 15 décembre 2024
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Insécurité sur la RN3: Des morts enregistrés parmi les passagers bloqués à Kaya

Depuis quelques semaines, les transporteurs n’ont plus la possibilité d’emprunter la Route Nationale (RN3) à partir de Kaya- Dori. Les groupes terroristes ont pris le contrôle de l’axe, rendant le trafic risqué. Ceux qui ont voulu la rallier depuis Ouagadougou ou d’autres localités sont bloqués à Kaya, chef-lieu de la région du Centre-Nord, par manque de convoi. Ces transporteurs et passagers vivent une situation difficile à kaya. Certains ont même trouvé la mort. Une équipe de Minute.bf a suivi de près leur situation depuis le mercredi 31 Mai 2023 pour comprendre les périples de leur séjour.

A cause de l’insécurité, la plupart des routes reliant la capitale ou les grandes villes à la profondeur du pays sont sous coupes des groupes armés terroristes. Ceux qui vivent de l’activité du transport broient du noir. Un grand axe vient encore d’être coupé.

Depuis quelques semaines, aucun véhicule ne peut emprunter l’axe Kaya-Dori, à moins qu’il soit des Forces combattantes. L’axe qui relie Kaya, chef lieu de la région du Centre au chef lieu de la région du Sahel, Dori, est impraticable. Les transporteurs et passagers venus de divers horizons à destination de Dori sont devenus des Kayalais de circonstance. Leur quotidien n’est pas du tout reluisant. 

La gare est bondée de passagers qui attendent le départ d’un convoi pour la ville de Dori

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Le porte-parole des transporteurs, B.O, a déploré la situation qu’ils vivent actuellement à Kaya. « Nous sommes là depuis deux semaines et nous n’avons toujours pas eu de convoi pour poursuivre notre aventure. Les gens s’étant nourrit d’espoir qu’un convoi sera mis à leur disposition, les transporteurs ont bien préparé leurs bagages et cars. Certains passagers nous obligent à leur donner une part de leur transport pour se nourrir. Certains sont là dans des situations difficiles. Les chauffeurs, les apprentis sont confrontés au même sort. », a déploré le porte-parole des transporteurs. 

Pour l’instant, aucune nouvelle sur le départ du convoi pour Dori. « Pour l’heure, tout est difficile. Il y a des vieilles personnes ici, des femmes qui allaitent et d’autres ont à leur charge plusieurs enfants. Imaginez quelqu’un qui est sorti avec la somme de 10 000 FCFA comme argent de poche, espérant arriver dans au moins trois à quatre jours. Déjà pour deux semaines avec de tels moyens, il est très difficile », a-t-il décrit avant de confier que les gens dorment à la belle étoile. Pire, « certaines femmes ont commencé à mendier. Nous n’avons pas le choix », a-t-il ajouté.

Se nourrir, un véritable casse-tête !

Les kiosques se remplissent de monde. Chacun lance sa commande selon la capacité de sa poche. Dans tous les cas, tout est bien calculé car l’on ne sait pas quand prendra fin le séjour à Kaya. D’autres se contentent seulement du repas de midi. Les malheureux voyageurs bloqués se retirent de l’ambiance matinale. Même à 08 heures, l’on est toujours couché sur sa natte. « C’est le désespoir ! », s’écrit un passager.

Ceux qui peuvent encore brandir un billet de 5 000 FCFA parmi eux sont bien entourés. Même si la solidarité est agissante entre les voyageurs, ceux qui pouvaient soutenir financièrement les autres sont aussi à cours de moyens. Ils sont nombreux à se retrouver dans un dénuement total. D’autres réclament leurs frais de transport pour survivre en attendant un éventuel départ du convoi.

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Les passagers souhaitent que la situation s’améliore afin qu’ils puissent arriver à destination

Intimité, propreté et salubrité, des valeurs difficiles à assurer

Une seule latrine pour des centaines de personnes. Il faut faire un long rang pour espérer se soulager. Certains dorment sous les arbres en ville. « Ici, pour se doucher c’est tout un problème, avoir à manger est un souci, se soulager également. Pour une femme, faire trois jours sans se doucher c’est vraiment difficile en ces temps de chaleur. Deux femmes ont accouché ici hier soir (30 mai 2023, ndlr). Imaginez comment ça donne dans cette foule d’hommes et de femmes. Vraiment je veux arriver à Dori. », a imploré cette transformatrice du lait local. Les conditions sont extrêmement difficiles sur place à Kaya, mais elle jette son regard sur Dori qui dépend de cet axe. « Même pour avoir un sachet d’eau à Dori, c’est difficile. Nous nous battons pour nourrir nos familles mais voilà que nous sommes bloqués à Kaya ici. Nous ne sommes pas à Ouaga, et nous ne sommes pas non plus à Dori. Nous souhaitons que l’axe Ouaga-Kaya-Dori soit mieux sécurisé pour faciliter le trajet. Les marchandises sont décomposées et les commerçants étaient obligés de s’en débarrasser. C’est triste. », s’est-elle indignée.

Depuis le début du blocus terroriste jusqu’à à ce jour ( Ndlr; 04 juin 2023), ces passagers vivent le martyr. Certains d’entre eux ont trouvé la mort dans des conditions inhumaines, selon les informations parvenues à Minute.bf. Le chef de gare, A. A. M a précisé à Minute.bf que 03 personnes ont péri, dont un enfant âgé d’environ 6 ans, et deux hommes qui ont la quarantaine sonnée. De ses confidences, il ressort que ces personnes étaient malades et « leur état s’est aggravé avec les conditions difficiles » que vivent les passagers.

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Pour l’heure, l’action sociale et la maire de Kaya travaillent à améliorer les conditions de vie de ces passagers, en attendant le départ du convoi. Des vivres leurs ont été octroyés, selon des usagers qui se sont confiés à Minute.bf ce dimanche 4 juin 2023 dans la soirée, ce qui leur permet actuellement d’avoir quelque chose à mettre sous la dent.

Les difficiles conditions de vie ont poussé certains passagers à rebrousser chemin pour regagner Ouagadougou. Là aussi, il s’agit de ceux qui ont le transport.

De l’avis du chef de gare, cette situation désespère tout le monde. Pour lui, héberger des gens d’un tel nombre pendant plusieurs jours n’est pas chose aisée. « Nous faisons ce que nous pouvons mais actuellement ça nous dépasse. Nous avons seulement un WC et une douche pour ce beau monde », a-t-il indiqué.

Les forces de défense et de sécurité (FDS) et les volontaires pour la défense de la patrie (VDP) multiplient les actions en vue de bouter le terrorisme hors des frontières burkinabè. Dans les différentes régions du pays, plusieurs actions sont menées, mettant hors d’état de nuire plusieurs dizaines de terroristes.

Samdpawendé SAWADOGO (Correspondant)

Minute.bf

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