La liste des candidats pour l’élection à la tête de la Fédération burkinabè de football (FBF) est connue. Le Col-Major à la retraite Oumarou Sawadogo est seul en lice pour occuper le fauteuil de président au soir du 31 août 2024. À bord de son écurie, un ex-candidat, Ousmane Boly. Mais quelles ont été les motivations qui ont prévalu à ce ralliement, quelles sont les projets et ambitions du Col-Major Oumarou Sawadogo pour le football burkinabè. Du haut de sa trentaine d’années d’expérience dans la sphère footballistique burkinabè dont 12 ans dans le comité exécutif de la FBF, Ousmane Boly, au cours d’un entretien, répond sans détours aux questions de Minute.bf. Lisez plutôt !
Minute.bf : Dans quel état d’esprit préparez-vous la campagne pour l’élection de votre candidat, le colonel major Oumarou Sawadogo ?
Ousmane Boly : L’état d’esprit est bon. Nous sommes résolument engagés à apporter un souffle nouveau dans l’environnement footballistique du Pays. Nous travaillons à rassembler la majorité des acteurs du football Burkinabè autour des éléments essentiels : la cohésion et la communication qui vont nous permettre d’aller vers l’objectif principal qui est le développement de notre football. Nous travaillons à cela pour qu’au soir du 31 août 2024, les 172 électeurs puissent répartir satisfaits.
Minute.bf : Dès l’annonce du scrutin, vous vous étiez porté candidat, mais à la dernière minute vous vous êtes désisté pour soutenir le Colonel-major Oumarou Sawadogo. Qu’est-ce qui a motivé ce revirement ?
Ousmane Boly : C’est vrai ! Je nourrissais l’ambition légitime de briguer la présidence de la Fédération Burkinabé de Football (FBF) car j’ai rendu des loyaux services à notre football depuis maintenant 27 années. J’ai contribué à former des centaines de joueurs, d’arbitres et d’entraineurs. J’ai passé trois mandats consécutifs, soit 12 ans à la FBF à plusieurs postes différents. Mais, il y a des moments dans la vie où il faut savoir raison garder. Je connais le Colonel-Major Oumarou Sawadogo depuis plus de 40 ans. C’est mon ainé. Lorsqu’il a fait appel à moi pour la concertation, naturellement, j’ai accepté.
Lorsque je suis arrivé et autour de la table aussi bien à ma gauche qu’à ma droite, j’avais des personnes avec lesquelles, depuis une dizaine d’années nous nous côtoyions dans le cadre du football et bien souvent nous nous sommes rendu des services, au détriment de nos intérêts personnels, au profit du football. Le projet de gouvernance m’a été présenté ainsi que la vision du Colonel-major Oumarou Sawadogo. J’ai immédiatement adhéré au discours alors qu’il était lui-même absent. Lorsqu’il nous a rejoints plus tard, c’était dans une ambiance « bon enfant » que le compte-rendu lui a été fait. Nous avons alors décidé de cheminer ensemble. J’ai accepté le principe de retirer ma candidature et d’aller dans un groupe de consensus pour que nous puissions aller dans la cohésion pour que le mandat des 4 années à venir soit apaisé et tourné vers le rayonnement du football burkinabè.
Minute.bf : Croyez-vous en la candidature unique ? Ne peut-elle pas constituer une source de division des acteurs du football ?
Ousmane Boly : Pour moi, il ne s’agit pas d’une candidature unique, mais d’un candidat qui a rassemblé autour de lui 03 autres candidats connus et reconnus dans le monde du football burkinabè, pour leur engagement et leur loyauté pour le rayonnement de ce football.
Du reste, ce n’est pas la première fois qu’un seul candidat prend la ligne de départ. Dans un passé récent, dans l’histoire de notre football, cela s’est déjà produit en 2012 et l’année qui a suivi, nous étions en final de la CAN suivante, en 2013, et quelques années après, on a été demi-finaliste. Cela a été également le cas aux élections de 2016.
Minute.bf : Avez vous un message à l’endroit des candidats recalés ?
Ousmane Boly : Je l’ai déjà dit plus haut : nous sommes tous obnubilés par l’ambition de servir notre football au haut niveau parce que nous avons tous estimé à un moment donné que nous avons tous fait des efforts et rendu des services de manière désintéressée à des échelons inférieurs. C’est compréhensible et légitime. Prenant mon cas, j’ai consacré 50% du temps que j’ai passé sur cette terre à rendre service à notre football. Dieu seul sait l’énergie, les ressources que j’y ai consacrées. Le consensus n’est pas une faiblesse, mais plutôt une arme des hommes forts, car rien n’est éternel sur cette terre, une porte se ferme et une autre s’ouvre.
En homme averti, il faut savoir avec une sagesse africaine lire les choses : la candidature du colonel est une aubaine. Si elle n’avait pas eu lieu pensez-vous que la campagne électorale allait se passer de manière apaisée comme on le croit ? Pour une fois dans l’histoire de notre pays et à une semaine de l’ouverture de la campagne électorale, il y a des ligues au nombre de trois qui éprouvent des difficultés énormes à être renouvelées. Pourquoi cette situation ? La situation n’a pas été bien meilleure dans les autres ligues du pays où on a parfois frôlé l’affrontement physique. Tout cela parce que, pour le choix des représentants, certains avaient introduit d’autres méthodes peu recommandables et qui sont aux antipodes de nos valeurs africaines. A ce rythme, et si on accepte ces manières de biaiser le choix de nos responsables, on est perdu à jamais. Sachons donc raison garder, soyons lucides, voyons les choses du bon côté et on ne pourra que vivre paisiblement et dans la cordialité.
Le message du candidat est clair : tous ensembles pour le développement du football ! Donnons-nous donc la main pour le bien-être du football burkinabè.
Minute.bf : Après la validation de la candidature de votre candidat Oumarou Sawadogo, quelle est la prochaine étape ?
Ousmane Boly : Une bataille juridique vient de passer. Comme toute campagne électorale, la prochaine étape sera de bien gérer la campagne électorale qui va bientôt s’ouvrir. En toute modestie, cette campagne sera l’occasion de rencontrer les acteurs dans les treize ligues afin de les convaincre à travers 4 éléments essentiels : la pondération, la sagesse et l’humilité qui caractérisent le candidat, la pertinence du programme de gouvernance qui sera mis en œuvre par le candidat une fois qu’il sera élu, la qualité des compétences qui composent le comité exécutif et l’écoute des acteurs du football sur leurs préoccupations essentielles afin d’en trouver des réponses adaptées aux réalités socioéconomiques de notre pays.
Minute.bf : Quels sont les principaux axes du programme de Oumarou Sawadogo dans le cadre de la réorganisation efficace du sport roi ?
Ousmane Boly : Le programme est décliné en 04 axes stratégiques :
- Améliorer la gouvernance du football burkinabè qui sera de travailler sur la transparence de la gestion des ressources mises à la disposition du football et garantir la redevabilité ;
- Renforcer les capacités des acteurs et promouvoir le football : un point d’honneur sera mis sur la formation de tous les maillons du football, encadreurs sportifs, les arbitres, les médecins sportifs, les dirigeants, etc.
- Renforcer et entretenir les infrastructures et les équipements ; travailler rapidement avec la situation exhaustive des infrastructures et équipements disponibles dans les ligues du pays, évaluer le coût de leurs réhabilitations ou modernisation afin de planifier de manière progressive leur mise en état ;
- Mobiliser les ressources financières et optimiser leur gestion : les clubs et structures de la FBF souffrent du manque de ressources financières et un accent sera mis sur une gestion plus efficiente des ressources disponibles, mais aussi, un travail de fourmi sera engagé pour obtenir des ressources additionnelles qui viendront renforcer l’existant.
Minute.bf : Une fois élu, quelle sera la première mesure de Oumarou Sawadogo ?
Ousmane Boly : Un travail d’anticipation est déjà en cours pour ne pas retarder encore davantage le calendrier de la saison 2024-2025. Rapidement, un calendrier sera adopté en concertation avec les acteurs. Un dialogue sera immédiatement engagé avec les acteurs de la L1 ; L2 ; D3 et les ligues pour résoudre progressivement et dans les délais raisonnables les principales difficultés qui ont miné notre football dans un passé récent et qui ont entrainé des arrêts. Je veux parler de la question financière parce qu’il y a des arriérés qui traînent et aussi la question de la bourse. Il faut que cela soit réglé pour que les clubs aient les ressources financières pour démarrer les championnats dans les meilleurs délais. La deuxième action, c’est comment démarrer incessamment les championnats de petites catégories. D’ores et déjà, des réflexions sont en cours.
Minute.bf : Nous tirons vers la fin de notre entretien, quel mot à l’endroit des amoureux du ballon rond ?
Ousmane Boly : Tout le monde est d’accord avec nous : la candidature du Col-Major Oumarou Sawadogo est une aubaine pour notre football parce que le contexte dans lequel nous étions est un contexte difficile. J’en veux pour preuve la guerre des clans. Cela a joué sur les performances des équipes nationales, et même au sein des supporters. Moi, je demande de faire confiance à ce monsieur (Col-Major Oumarou Sawadogo, ndlr).
Nous demandons à tous les amoureux du football de nous faire confiance et de nous accompagner dans cette noble mission que nous savons très difficile mais noble. La fédération n’est que le chef d’orchestre d’un certain nombre d’acteurs qui sont aussi importants sinon plus importants que la faîtière du football, car ils sont les fondations de la bâtisse et le toit qui doit empêcher que la bâtisse ne prenne l’eau.
Nous restons ouverts à tout le monde et à toutes les critiques constructives. D’ores et déjà, les ligues seront instruites de mettre à la disposition des acteurs à leurs sièges et aux portes des stades des boites à idées afin de nous permettre à tout moment de bénéficier des critiques et des suggestions des amoureux du football.
Nous prions surtout le bon Dieu pour que la paix revienne très rapidement au Burkina Faso et que le ballon puisse rouler partout dans le pays. Nous allons donc nous investir pour que le football puisse contribuer à cela à travers la fraternité, la cohésion sociale.
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Propos recueillis par Mathias KAM.
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