A l’issue d’une rencontre tenue le 19 avril 2024 à Niangoloko, les ministres en charge de la défense du Burkina Faso et de la Côte d’Ivoire ont convenu de redonner « un nouveau départ » à la coopération militaire entre les deux pays. Cette rencontre fait suite à des tensions survenues ces derniers mois entre les deux pays et ayant conduit à l’arrestation de soldats ivoiriens et burkinabè de part et d’autres de la frontière entre les deux pays. Que pensent les citoyens burkinabè de ce « nouveau départ » annoncé par les deux parties ? Pour recueillir leur avis, une équipe de Minute.bf a promené son micro dans la Capitale burkinabè ce lundi 22 avril 2024. Lisez plutôt !
Lassané Sawadogo, Coordonnateur du Front de Défense pour la Patrie
« C’est la politique qui nous a divisés sinon nous sommes de la même famille… »
Si les ministres de la défense du Burkina Faso et de la Côte d’Ivoire ont convenu de repartir sur de nouvelles bases, moi je trouve que c’est une très bonne idée. Nous sommes des pays voisins et logiquement les soldats des deux pays devraient s’entendre. Ça, c’est obligatoire ! Du moment où nous sommes des pays frontaliers et que nous vivons presque la même menace, on est obligés de s’unir pour combattre. C’est la politique qui nous a divisés sinon entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso, nous sommes de la même famille.
Alassane Ouattara lui-même est un Burkinabè mais il est naturalisé ivoirien et est même le président de la Côte d’Ivoire. Si un Burkinabè peut être le président de la Côte d’Ivoire, pourquoi nos armées ne peuvent-elles pas s’unir ? Malheureusement, comme je l’ai dit, c’est la politique imposée par l’Occident qui nous amène à nous chamailler et à nous diviser pour semer entre nous la désunion.
Aujourd’hui les trois pays du Sahel ont convenu de créer l’alliance des Etats du Sahel pour assurer la défense commune de leurs territoires. Pourquoi la Côte d’Ivoire ne pourrait pas se joindre à cette initiative ? Pourquoi pas le Bénin, le Togo et l’ensemble des pays qui nous sont frontaliers ? Ce que les gens oublient c’est que quelque soit les divergences au sommet entre nos pays, l’armée reste elle-même. Les régimes vont se succéder mais l’armée va toujours demeurer. Donc il est important que les deux armées s’unissent.
Balkissa Zareï, Etudiante
« Une coopération militaire entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso permettra à nos soldats de ratisser large … »
Je pense que c’est une initiative qu’il faut saluer à sa juste valeur. C’est vraiment très honorable que des armées de pays voisins comme les nôtres pensent à renouer de nouvelles relations après ce genre de tensions. Aucun pays n’a souhaité que ce qui s’est passé arrive, mais c’est quand même arrivé. L’essentiel c’est de corriger les erreurs pour s’entendre et prendre un nouveau départ. C’est donc très bien parce que, quand on prend le volet de la lutte contre le terrorisme, une coopération militaire entre la Côte d’Ivoire et le Burkina Faso permettra à nos soldats de ratisser large lors de leurs missions de reconquête du territoire national. Ils pourront même avoir désormais accès au territoire ivoirien pour traquer les terroristes. Et même au besoin, les soldats ivoiriens pourraient être mis à profit pour repousser l’ennemi de sorte à ce que nos soldats puissent les prendre en tenaille et les neutraliser. Donc, je pense que c’est vraiment à saluer, cette décision des autorités militaires des deux pays. Et on espère surtout que ce genre de tensions n’arrivent plus entre ces deux pays dont les relations ne datent pas d’aujourd’hui.
Labidi Naaba, Porte-parole de FASOKOOZ
« Cette rencontre était nécessaire pour donner une autre orientation pacifique et fraternelle à nos deux pays… »
La rencontre tenue par les ministres de la défense du Burkina Faso et de la Côte d’Ivoire le 19 avril dernier à Niangoloko est d’une importance capitale eu égard à la tension palpable entre nos 2 pays frères. Elle survient dans un contexte de lutte contre le terrorisme et d’une certaine passivité de la communauté régionale et relativement de la Côte d’Ivoire vis-à-vis du Burkina Faso. On a assisté à une désescalade entre les 2 pays qui est due notamment à la non matérialisation des 600 km de frontière ivoiro-burkinabè qui suscite des incompréhensions et souvent des confrontations entre nos différentes autorités.
Il y a aussi le fait que deux gendarmes ivoiriens sont détenus dans notre pays depuis septembre 2023 et de même, 1 militaire et un VDP burkinabè sont aussi détenus en terre ivoirienne depuis le 29 mars dernier, tous dans des situations survenues à la frontière.
Au niveau politique, il faut relever que plus que jamais les deux pays sont dans une démarche politique antinomique. Alors que le Burkina Faso est dans une dynamique de souveraineté et de s rupture avec la France, la Côte d’Ivoire d’Alassane Ouattara s’avère être un bon élève et parmi les derniers Mohican de la France-Afrique. Les sanctions illégales, illégitimes et sauvages contre le Niger ont révélé un président ivoirien en aversion totale contre les pays dirigés par des militaires dont le Burkina Faso. A cela s’ajoute la création de l’AES et la sortie de ces pays de la CEDEAO qui a fini par préciser clairement la volonté des pays de l’AES à assumer leur pleine souveraineté en phase avec leur peuple. Cette rencontre était donc nécessaire pour mettre fin à cette désescalade et donner une autre orientation pacifique et fraternelle à nos deux pays.
Cela pourrait se matérialiser par l’échange des militaires détenus de part et d’autres et l’exécution de mandats d’extradition que le Burkina viendrait à demander. Même s’il faut maintenir la vigilance, il faut admettre que ce déclic était important pour nos peuples qui vivent en parfaite harmonie depuis des siècles.
Basile Nebnoma Farga, Sociologue et Secrétaire Général du Collectif Nationale pour la Refondation (CNR)
« C’est l’impérialisme Français qui nous a divisé pour ses propres intérêts… »
Je crois très patriotiquement que mon pays le Burkina Faso a toujours un été l’interrogatoire stratégique de la sou-région encore plus sur le côté ouest-africain. Effectivement nous avons suivi avec patriotisme les moments de turbulence récents avec la Côte d’Ivoire qui est un pays frère et un Burkina bis de par la Géographie, la Sociologie et l’Histoire. Les deux peuples des deux pays n’ont aucun souci entre eux. Il y a l’harmonie, l’hospitalité. Depuis des siècles, les deux peuples ont toujours su mutualiser les dons offerts par la nature pour leur propre bien. Ce sont des peuples liés par l’histoire et la sociologie des faits. Mais il y a eu une des élites zombifiés par l’Occident qui, de par leurs intérêts personnels, ont fait de ses pays, des moutons de la démocratie. L’éveil du peuple Burkinabè représente donc une menace aux intérêts des superviseurs des intérêts français. Je me réjouis que la Côte d’ivoire ait compris que le Burkina Faso est en quête de paix et s’être mis en demandeur de cette rencontre. Il faut surtout et en même temps observer une prudence car comme le Président Capitaine Traoré l’a bien dit : l’impérialisme se pose mille et une question sur comment et par quelle voie il faudra passer pour déstabiliser le Sahel.
Comme le camarade président Capitaine Ibrahim Traoré l’a dit : Nous avons pris un nouveau virage et donc la fraternité et le bon voisinage ne doivent pas être à sens unique. Le respect et la considération doivent être réciproques. Notre pays ne se soumettra jamais à une quelconque puissance à plus forte raison à un pays voisin. Il faut que le Burkina Faso soit la priorité absolue pour tout Burkinabè. Aucun pays ne doit passer avant, qu’on y soit né ou qu’on y réside. Donc privilégions le bonheur des peuples d’Afrique en passant par le bonheur des peuples de l’AES. Nos peuples ne connaissaient pas de frontières. C’est l’impérialisme Français qui nous a divisés pour ses propres intérêts. La difficulté de collaborer s’invite lorsque votre braqueur vit tranquillement dans la cours du voisin. Cette guerre doit être enterrée et nous le ferons avec le remords de tous les complices. Tant mieux si certains voisins ont privilégié le dialogue pour le bonheur des deux peuples frères indivisibles.
Propos recueillis par Oumarou KONATE
Minute.bf
c’est un bon pas pour la réconciliation.Soyons vigilant.Avec ce pouvoir ivoirien, ils sont prêts à tout pour semer la zizanie entre les FDS et les VDP.