dimanche 15 décembre 2024
spot_img

Cascades et Hauts-Bassins : À la rencontre des jeunes formés par le PAFPA-Dual dans les métiers de l’agrosylvopastoral

Lancé le 22 février 2019 par le Conseil national du Patronat et le gouvernement au titre de la contribution du secteur privé à la formation professionnelle (dans la logique du Partenariat public-privé), le Programme d’Appui à la Formation professionnelle et à l’Apprentissage (PAFPA-Dual) a fait déjà ses preuves. Du reste, c’est ce qu’a constaté la mission de supervision des bénéficiaires, dans les Cascades et les Hauts-Bassins, du 13 au 16 décembre 2022. De l’élevage à la maraîcher-culture en passant par la maçonnerie et la mécanique, l’équipe a pu voir des apprenants à l’œuvre. Découvrons certains bénéficiaires du programme financé par la coopération suisse !

Contribuer à former 8 000 jeunes et femmes dans les métiers de l’agrosylvopastoral et les métiers émergents, c’est ce que vise, à terme, le PAFPA. Pour ce faire, le programme a inclu une formation de 1 000 formateurs endogènes qui se chargeront, à leur tour, de former les bénéficiaires. Une formation-dual avec seulement 20% de théorie contre 80% de pratique.

Premier point d’arrêt de la mission, Banfora. Là, nous visitons le Centre de Formation professionnelle (CPF) de Kouna. Selon Ousseni Diallo, représentant du responsable dudit centre, « 205 apprenants dont 115 hommes et 90 femmes avec 90% de jeunes », ont bénéficié de formation et/ou de perfectionnement, à travers 7 communes de la province, pour travailler dans une ferme ou installer la leur. Et ce, après avoir bénéficié d’un appui financier du PAFPA pour réhabiliter l’intérieur de la salle de formation qui a également été équipée en matériels mobiliers et informatiques.

Des apprenantes et des responsables du CPF de Kouna, dans la salle rénovée et équipée par le PAFPA-DUAL

Biba Diallo est l’une des bénéficiaires de ce programme. « Nous avons été formés sur l’embouche ovine. Après la formation, le PAFPA nous a donné des kits contenant des moutons (3 femelles et un mâle), du matériels (des abreuvoirs et des mangeoires), des sacs de foin. Ensuite, il y a eu un suivi médical des moutons et le vétérinaire nous a assurés que cela se passera chaque 3 mois », s’est-elle satisfaite avant de s’exclamer : « le programme nous a beaucoup apporté ! » Concrètement, celle-là même qui a indiqué qu’elle n’exerçait aucune activité avant la formation, dit « être autonome et arrive à se prendre en charge financièrement maintenant ». Comme elle, les autres apprenants ont salué la formation qui leur a permis d’améliorer leur productivité, de pratiquer l’élevage autrement, mais aussi et surtout, d’avoir « un emploi ».
A Banfora, toujours, Boob Service, une entreprise privée en Bâtiments et Travaux publics (BTP), avec l’accompagnement du PAFPA, a formé plusieurs jeunes.

Des apprenants sur le site de Boob Service

Sur 43 apprenants reçus pour une première promotion, l’entreprise a mis 25 jeunes « qualifiés » sur le terrain, dont 11 maçons, 8 menuisiers, et 6 en peinture. 

Alassane Kara était de cette première promotion. Avec les 3 autres meilleurs apprenants, M. Kara, qui s’est spécialisé en maçonnerie a bénéficié d’un kit d’installation d’une valeur « d’environ 500 000 F CFA ». « C’est un rêve devenu réalité », s’est-il satisfait, rassurant qu’avec la formation, s’il n’est pas associé par Boob Service sur certains marchés, il arrive lui-même à s’arracher de petits contrats. Mais le maçon rêve grand. Avec le kit du PAFPA qui lui permet d’exécuter certains marchés, notre interlocuteur entend économiser pour créer sa propre entreprise de construction.

Comme M. Kara, Zakaria Karama, lui aussi de la première promotion de Boob Service, a bénéficié de kit d’installation pour son métier de soudeur en menuiserie métallique. Il a bénéficié d’une boite à soudure, une meule, 2 chignoles (chargeable et branchable). Quand nous arrivons sur les lieux, M. Karama et quelques employés étaient à pied d’œuvre, dessinant des figures sur des portes.

Zakaria Karama installé dans son propre atelier avec le rêve de l’agrandir grâce au renforcement de capacités qu’il a bénéficié du PAFPA-Dual

« J’étais déjà dans le domaine. Avec la formation, j’ai bénéficié de beaucoup d’expérience. Il y a des choses que je n’arrivais pas à faire, mais grâce à la formation, c’est réglé », a-t-il expliqué, martelant que la formation lui a permis de revoir sa manière de travailler et d’améliorer beaucoup de points. Ambitieux et déjà dans son propre atelier, lui aussi rêve d’agrandir son entreprise et de s’imposer dans sa ville.

Tout cela a été possible, selon Bassiriki Ouattara, le responsable de Boob Service, grâce à l’appui du PAFPA qui a doté son centre d’une salle de formation et permis de refaire des dortoirs pour les apprenants. Il a salué l’initiative du PAFPA. Pour lui, cette formation leur permet, en tant qu’entreprise de construction, « d’avoir des partenaires, des maçons tout-faits avec qui traiter ». 

A Bobo-Dioulasso, Clément Poda, gérant du Centre de Formation pro.

fessionnelle l’Abondance (CPFA), après avoir outillé 76 jeunes en agrosylvopastoral, a formé 100 autres aux métiers de la boucherie-charcuterie. Alors que la formation se poursuit, « il y a des jeunes qui ont commencé à développer des initiatives pour s’installer à leur compte », a rassuré M. Poda avant de conduire la mission à une boucherie-charcuterie de la place où exercent ses apprenants, Tégawendé Apollinaire Narcisse Nikiéma et ses camarades. 

Tégawendé Apollinaire Narcisse Nikiéma (milieu) expliquant ce qu’il a appris à la formation

M. Nikiema pour qui, la formation a consisté en un perfectionnement puisqu’ayant travaillé dans une poissonnerie auparavant, appréhende son métier autrement. « La formation nous a permis de connaitre la viande, ses parties à utiliser pour la sauce, la soupe, les merguez, les boulettes, les brochettes… », a-t-il fait savoir en se proposant en conseiller pour ses clients.

De même, Gloria Kaboré, pâtissière à la base, fait maintenant la boucherie et la charcuterie. « En tant que femme, après cette formation, je peux installer mon stand de boucherie. Je m’intéresse au porc et je pense que ce sera une bonne idée que les gens voient une femme vendre du porc », a-t-elle laissé entendre. Mieux, elle compte innover en intégrant une recette de pâtisserie à partir de la viande. 

Ainsi, tout en saluant l’initiative du PAFPA, dans leur ambition de moderniser la boucherie et la charcuterie, les apprenants qui ont déjà identifié des espaces pour proposer leurs services, faire du « pain-bro » (pain- brochette, ndlr) ont demandé du matériel pour travailler. 

Le PAFPA a également permis à d’autres jeunes de se former en mécanique, en froid et en climatisation. A Toussiana, Salif Coulibaly a eu droit à un renforcement de capacités dans le domaine de la réparation des cyclomoteurs où il exerçait déjà. « Nous avons appris des techniques de travail que nous ne connaissions pas. L’électricité que je ne connaissais pas, maintenant, c’est chose faite », a-t-il commenté. En attendant d’avoir son propre site pour travailler, M. Coulibaly essaie de garder la main en travaillant avec un autre mécanicien dans un marché à Toussiana.

La mission conquise par le champ de choux de Seni Lienhoun

En maraîchage, cette fois-ci, à Boromo, Séni Lienhoun épate la mission avec la superficie et la qualité de son champ de choux. Après 3 mois de perfectionnement, M. Lienhoun se dit rompu aux activités de la maraicher-culture, de la pépinière jusqu’au semis.

« Avant, on faisait les choses selon notre imagination. Mais avec la formation, on a su que le jardin commence à partir de la pépinière. Maintenant, je vois beaucoup d’amélioration dans mon travail », a-t-il confié. C’est ce qu’il a démontré dans son champ où la verdure des choux témoigne de leur bon état et du bon entretien dont ils bénéficient.

Seni Lienhoun exprimant les bienfaits du PAFPA-Dual

Et celui qui comptent vendre sa production à l’occasion des fêtes de fin d’année espère toucher entre 2,8 à 3 de millions F CFA pour un bénéfice d’environ 1,5 million de F CFA. Il précise que de la pépinière à la récolte, il lui faut seulement 4 mois pour que ces choux soient prêts.

En froid et climatisation, à Bobo-Dioulasso, Rasmané Zongo et 12 autres jeunes ont suivi une formation avec KS Froid et validé leur Brevet de Qualification professionnelle (BQP). « Avant, on travaillait traditionnellement. Maintenant, nous faisons des choses que ceux qui n’ont pas participé à la formation ne peuvent pas faire », s’est-il réjoui. En attendant d’avoir du matériel pour s’installer à son propre compte, lui aussi exerce avec son entreprise formatrice. Et là encore, comme les précédents apprenants, M. Zongo a le regard tourné vers le PAFPA.

Clément Poda, gérant du CPAFPA, plaidant pour une prolongation du PAFPA

En effet, si tous les apprenants ont positivement apprécié la formation, ils n’ont pas manqué de demander au PAFPA de renforcer leurs capacités, leur dotation en kits de démarrage pour leurs activités, voire leur accompagnement avec des financements. 

« Il y a plein de jeunes qui attendent beaucoup du PAFPA. Le jour que j’ai appris où le PAFPA tirait vers sa fin était ma plus grosse déception. Nous sommes à un beau fixe où le PAFPA devrait être là pour nous appuyer pour que nous puissions achever ce que nous avons commencé. On les a formés, on leur a donné le goût de la chose, ils sont en train de s’installer, et maintenant, ont besoin d’être poussés pour aller de l’avant… », a également réagi le formateur Poda.

Les membres de la mission partagent, on peut le dire, cette posture des apprenants et des formateurs. A la lumière des résultats qu’ils ont vus, ils n’ont pas caché leur émerveillement. « J’ai vu, de mes propres yeux et entendu de mes propres oreilles, certaines bonnes choses accomplies par le PAFPA », a relevé Sotissi Marie Luc Kaboré de l’Unité d’Action syndicale (UAS) au nom des participants à la mission. Pour lui, le PAFPA est une solution pour soulager les jeunes désœuvrés. 

Sotissi Marie Luc Kaboré de l’UAS soutenant que le PAFPA doit accompagner les bénéficiaires jusqu’à leur insertion professionnelle

Pour ce faire, soulignant que certains bénéficiaires donnent envie de pratiquer leur métier et d’autres pas, M. Kaboré pense qu’« une chose est de former, une autre est de pouvoir les (bénéficiaires, ndlr) installer ». En clair, il estime qu’il y a « un manque d’accompagnement jusqu’au bout du PAFPA », car, pour lui, « former, c’est bien, mais insérer, c’est mieux ».

« La formation devrait aboutir à l’insertion professionnelle, à la création d’entreprise », est également convaincu Bertin Traoré de l’Observatoire national de l’Emploi et de la Formation (ONEF), pour qui, à l’étape actuelle, le programme présente « un goût d’inachevé ». Il conseille par ailleurs « la mise en place d’un dispositif de suivi pour aider les bénéficiaires à monter des plans d’affaire, à chercher des financements pour parfaire le processus. »

Sur toutes ces observations, le chef de la mission et par ailleurs chef du programme agrosylvopastoral du PAFPA, Sané Topan, a, d’abord, rappelé que, débuté en novembre 2018, le programme devrait prendre fin en octobre 2022. Il rassure que c’est au regard des résultats que les partenaires ont décidé de le prolonger de 6 mois, soit jusqu’en avril 2023. 

Sané Topan du PAFPA-Dual exprimant sa satisfaction à la fin de la visite même s’il a reconnu des insuffisances

« On est vraiment satisfait. Nous avons pu voir des jeunes formés qui se sont installés, qui se débrouillent (…), qui arrivent à se prendre en charge avec leur famille, des apprenants qui sont autonomes », s’est satisfait M. Topan au regard des résultats constatés. N’empêche qu’il partage avec le reste de l’équipe de la mission, l’opinion selon laquelle il y a « des insuffisances à certains niveaux qui invitent le PAFPA-dual et ses partenaires à voir dans quelle mesure améliorer l’appui à l’installation des jeunes formés. » Du reste, il a rassuré que l’appui aux structures de formation et la formation des formateurs visent à leur permettre de continuer à former des jeunes même après le programme.

Franck Michaël KOLA

Minute.bf

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Publicité

spot_img

Articles connexes

Procès des 3 milliards : Pétronille Tarpaga placée en détention pour outrage à magistrat

La prévenue Pétronille Tarpaga, qui comparaissait librement dans le cadre du procès portant sur le détournement de près...

Coopération : L’AES ne fermera pas ses frontières aux pays de la CEDEAO

Le président en exercice de la confédération des États du Sahel (CES), le Général d’Armée Assimi Goïta a...

Burkina : Plus de 2 500 écoles rouvertes (AIB)

En deux ans, les efforts des Forces de defense et de sécurité et des Volontaires pour la Défense...

Non-enseignement de l’Éducation civique dans certaines écoles : Des responsables sommés de s’expliquer

Dans une correspondance adressée aux Directeurs régionaux de l’Enseignement Secondaire, de la Formation Professionnelle et Technique, le 13...