« Toutes les guerres se perdent quand on a d’abord perdu la guerre de la communication », telle est la position de Idrissa Ouédraogo, président du Conseil supérieur de la communication (CSC). Il s’exprimait à la télévision nationale, le dimanche 23 juin 2024, sur la question de la suspension des médias et la récurrence des Fakes news et de la désinformation.
Selon le président du Conseil supérieur de la communication (CSC), Idrissa Ouédraogo, toute guerre a un « aspect communicationnel ». Et pour une bonne communication de guerre, il faut lutter contre la désinformation, qui de son avis, est une redoutable arme pour les grands d’asseoir leur hégémonie. « Aucune guerre ne se fait sans la part de communication. La désinformation est une arme de combat. C’est une arme d’hégémonie des plus grands. En tant que régulateur, il s’agit non seulement de protéger l’espace médiatique burkinabè, mais de pousser les Burkinabè eux-mêmes à travers cette nouvelle attribution qui est affectée au CSC : l’éducation des médias, le renforcement des capacités des uns et des autres », a-t-il signifié.
Pour lui, le combat contre la propension des Fakes news et de la désinformation n’est pas exclusivement l’affaire du CSC, mais plutôt un combat qui requiert l’engagement de tous. « Alors là, ce n’est pas un combat qui appartient exclusivement au régulateur, ça interpelle vraiment tous les Burkinabè et nous voulons jouer notre rôle. Aucune information n’est neutre. Il faudrait qu’on en prenne conscience vis-à-vis de notre espace, vis-à-vis de notre société, pour faire en sorte qu’on ne tombe pas dans une sorte d’indulgence coupable parce que toutes les guerres se perdent quand on a d’abord perdu la guerre de la communication (…) Ça traverse l’humanité. Obligatoirement le CSC doit aussi protéger notre espace communicationnel, nos relations entre nous. C’est ça qui est obligatoire », a-t-il soutenu.
Du reste, en lien avec les récentes décisions du CSC visant certains médias nationaux ou internationaux, son président a souligné qu’il ne s’agit pas « de musellement de la presse ». « Bien au contraire, nous prônons la liberté d’expression et de développer les médias », a-t-il assuré. Toutefois, pense-t-il, « il faut recadrer la liberté d’expression pour qu’elle s’exprime. C’est pourquoi la Constitution a prévu une institution comme le CSC ».
Le processus de suspension des médias
Selon M. Ouédraogo, le processus est relativement « long et assez rigoureux ». Il commence par une saisine ou auto-saisine du dossier. « Dans le cadre de la saisine, c’est n’importe quel citoyen qui peut se plaindre face à un manquement. C’est ouvert et suffisamment de citoyens, d’administration et du gouvernement nous saisissent et nous donnons suite à leur saisine. Pour l’auto-saisine, il faut dire c’est notre cœur de métier. Il y a un service de monitoring qui scrute à peu près 500 médias confondus au jour le jour pour voir ce qui ne va pas. Il y a des représentations au niveau provincial pour remonter les informations. Cette première étape faite, il y a une autre étude qui permet de qualifier, en quelque sorte d’approfondir la question pour voir s’il y a manquement où pas. Après cette étape, la note d’étude revient au collège des conseillers en session qui décident de la suite à donner. Et en général, quand c’est vraiment marqué, ça aboutit à une audition, à une instruction en quelque sorte. Il y a un service spécialisé pour l’instruction, le rapport de cette instruction reviens en commission et puis la décision peut tomber. Le processus, il est long et les décisions se prennent vraiment de façon souveraine par consensus. Si on n’a pas eu affaire à un vote on choisit pour dire que toutes sensibilités sont réunies, on convient de ce qui est conforme à notre serment. N’oubliez pas que tous les conseillers ont prêté serment de servir la nation, c’est moins d’influence, moins d’intérêt personnel que cela. Et en général on le fait aussi en âme et conscience sans regret », a longuement expliqué le président du CSC.
Idrissa Ouédraogo a, dans ses réponses aux questions, indiqué s’être inspiré des bons exemples extérieures, notamment en Côte d’Ivoire où, dit-il, la gestion des réseaux sociaux est « appréciable », tout comme le Togo.
Minute.bf