Ceci est une déclaration conjointe de l’Association des étudiants burkinabè en France (AEBF) et de l’Organisation démocratique de la jeunesse du Burkina Faso (ODJ) à l’occasion de la « journée de lutte contre les crimes de sang et pour les libertés démocratiques au Burkina Faso ». Lisez plutôt !
Ce 24 février 2024, l’AEBF et la section française de l’ODJ commémorent en différée la journée de lutte contre les crimes de sang et pour les libertés démocratiques au Burkina Faso. Elle se tient depuis plusieurs années en France en hommage à l’illustre journaliste Norbert Zongo et ses trois compagnons d’infortune assassinés le 13 décembre 1998 par le pouvoir criminel de Blaise Compaoré. Dès le lendemain de cet assassinat, notre peuple comme un seul homme s’est dressé courageusement pour exiger la vérité et la justice pour lui et ses compagnons, et surtout dire : « ça suffit », « trop c’est trop », « plus jamais ça ».
Portée par le Collectif des Organisations Démocratiques de Masses et de Partis Politiques (CODMPP) et la Coalition nationale de lutte Contre la Vie Chère, la fraude, l’impunité et pour les libertés (CCVC), la mobilisation a permis de rouvrir le dossier Norbert Zongo. Même si l’un des acteurs clés François Compaoré est en exil en France, justice sera rendue tôt ou tard.
La présente journée se tient dans un contexte national trouble et complexe marqué par l’approfondissement de la crise du système néocolonial. Elle se caractérise entre autres par les faits marquants suivants :
La guerre injuste imposée à notre peuple, avec son lot de conséquences : près de 2 millions de personnes déplacées internes dont 52 % d’enfants, un million d’élèves affectés par la fermeture des écoles et 6,3 millions de personnes qui auront besoin d’assistance humanitaire d’urgence en 2024, selon les données du Bureau de Coordination des Affaires Humanitaires des Nations Unies (OCHA).
Les violations de libertés démocratiques et syndicales chèrement acquises dans le sang de notre peuple. Le pouvoir du MPSR2 du Capitaine Ibrahim Traoré poursuit sa fascisation. Son slogan est « si tu fais on t’envoie au front ». Ce qui rappelle les temps forts de la dictature militaire constitutionnelle de Blaise Compaoré, dans lequel le journaliste Norbert Zongo a été assassiné et où des zélateurs du pouvoir fanfaronnaient en disant « si tu fais on te fait et il n’y a rien ».
Dans sa logique de conservation du pouvoir par tous les moyens, le MSPR2 réprime systématiquement toutes les voix discordantes. Opposants, syndicalistes, hommes de médias et autres leaders d’opinion sont invités soit à applaudir toutes les actions entreprises par le pouvoir, soit à s’abstenir de se prononcer. « Il n’y a plus de place pour le débat contradictoire », tel est le message que veulent faire passer les putschistes du 30 septembre 2022. Pour cela, tout est mis en œuvre contre les « récalcitrants », qui pour les plus chanceux sont envoyés au front. D’autres ont été enlevés et leurs familles n’ont plus aucune nouvelle d’eux. C’est le lieu pour l’AEBF et l’ODJ France d’exiger la libération de toutes ces personnes réquisitionnées arbitrairement, voire enlevées.
Entre autres, on peut citer l’avocat Guy Hervé Kam, l’homme d’affaires Anselme Kambou, Mahamoudou Diallo Imam de Lafiabougou, Lamine Ouattara du MBDHP, Ablassé Ouédraogo du parti Faso Autrement, Daouda Diallo du CISC, puis tout récemment Rasmane Zinaba et Bassirou Badjo du Balai citoyen. Fermement attachées à l’État de droit, nos organisations estiment que si ces personnes (justiciables comme tous les autres Burkinabè) ont posé des actes répréhensibles ils doivent répondre devant la justice.
Un climat de méfiance avec la marginalisation de Burkinabè sur la base de leurs convictions politiques. En effet, s’il y a une chose que le pouvoir du MPSR a bien réussi, c’est la division profonde de notre société, entre « apatrides » et « patriotes », entre soutiens de la transition et « soutiens des groupes armés terroristes ». Cette situation est lourde de danger pour la cohésion nationale.
Les atteintes graves à la liberté d’expression, de presse, de manifestation et de réunion, libertés qui sont garanties par la constitution que le capitaine Ibrahim Traoré a lui-même juré de respecter. Pendant que les soutiens du pouvoir ont la latitude de tenir toutes les activités qu’ils souhaitent, ceux qui émettent des avis contraires sont contraints au silence.
Les meetings politiques de soutiens à la transition se succèdent, au moment où un meeting d’une coalition d’organisation de la société civile et de syndicat qui projetait de commémorer la date historique du 31 octobre 2014 est interdit. Comme si cela ne suffisait pas, des nervis au service du pouvoir se sont permis de menacer de mort d’autres Burkinabè qui ont voulu exprimer leur droit constitutionnel de manifester. Mais notre peuple a une longue tradition de lutte contre ces types de régimes répressifs.
Autant Norbert Zongo a eu le courage de dénoncer les dérives du pouvoir sanguinaire de l’autocrate Blaise Compaoré, autant nous devons avoir le courage de dénoncer les dérives fascisantes du pouvoir du MPSR2. Les maux contre lesquels Norbert Zongo s’est battu jusqu’au sacrifice suprême sont donc toujours d’actualité. Au regard de ce qui précède, nos organisations saisissent l’occasion pour :
exiger vérité et justice pour Norbert Zongo et ses compagnons d’infortune, ainsi que pour toutes les victimes de la violence en politique ;
condamner la guerre imposée à notre peuple par les puissances impérialistes ;
condamner les attaques des groupes armés terroristes contre les populations civiles, les FDS et les VDP ;
dénoncer les agissements des puissances impérialistes en concurrence dans notre pays, notamment la Russie, la France et les USA qui ont pour seul but de transformer notre pays en champ de bataille pour leurs intérêts ;
apporter leur soutien sans faille aux éléments des FDS et VDP qui se battent courageusement sur les différents fronts pour faire face à la situation ;
appeler les militant.e.s, sympathisant.e.s, étudiant.e.s, jeunes travailleurs, artistes, sans emplois burkinabè en France et les ami.e.s du Burkina Faso à se mobiliser aux côtés des autres couches sociales de notre pays afin de s’organiser courageusement contre cette guerre réactionnaire et ses acteurs, dire non aux crimes de sang et travailler à approfondir et consolider les acquis démocratiques et révolutionnaires dans notre pays ;
inviter le pouvoir du Capitaine Ibrahim Traoré à jouer son rôle régalien de sécurisation des biens et des personnes sur tout le territoire nationale.
Non aux crimes de sang dans notre pays !
Non à la banalisation de la vie humaine !
Non aux atteintes aux libertés fondamentales !
Vive l’AEBF !
Vive l’ODJ France !
Pain et liberté pour le peuple !
Fait à Paris, le 24 février 2024
Le Comité Exécutif de l’AEBF
Le Bureau de l’ODJ France
Minute.bf