samedi 27 juillet 2024
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Aide du HCRUN aux radiés : « Nous l’avons prise malgré nous » (Tieba Farama)

Les policiers et militaires radiés des mutineries de 2011 étaient encore en conférence de presse ce lundi 6 juillet 2020. Cette rencontre avec les journalistes a été l’occasion pour ces radiés d’exprimer leur désarroi face à « l’aide dérisoire » qui leur a été proposée par le Haut conseil pour la réconciliation et l’unité nationale (HCRUN). Cette aide, « nous l’avons prise malgré nous », soupire Tieba Farama, porte-parole des militaires radiés.

« L’arbitraire, l’impunité liée à la mauvaise gestion des ressources humaines et financières, les traitements inhumains et dégradants avec pour corollaire la culture d’esprit citoyen et loyaliste, d’égalité et d’équité, ont donné naissance à une révolte générale de toute l’armée et de la police. Cependant, plus de 700 éléments se sont retrouvés éjectés des rangs de l’armée et de la police nationale en 2011 ». C’est la situation faite par Mahamadi Tidiga, porte-parole des policiers radiés, qui a lu la déclaration liminaire. Depuis lors, ces radiés tirent le diable par la queue. Ils n’ont cessé de clamer, pour certains, leur innocence, demandant à l’Etat de les réintégrer dans leurs différents corps respectifs ou de les reverser dans la fonction publique pour qu’ils continuent à servir leur pays.

« Nous sommes restés convaincus qu’aucune matière ne résiste mieux au temps que la vérité. Population du Burkina Faso, nous y sommes pour rien et le HCRUN même l’a confirmé lors de notre entretien au CENASA le 13 septembre 2019 », a clamé le porte-parole des radiés. Mais jusque là, les mesures tant promises par le gouvernement pour l’amélioration des conditions de vie de ces policiers et militaires radiés tardent à venir, même si une aide du HCRUN leur avait été accordée.

Mahamadi Tidiga, porte-parole des policiers radiés

Vingt personnes n’ont pas bénéficié de l’aide…

Sur cette question d’aide, les radiés ont dénoncé cette manière utilisée par l’institution en charge de la réconciliation et l’unité nationale, dans l’octroie de cette « aide insignifiante et minable ». « Notre problème a été déplacé vers un autre site », a regretté M. Tidiga, estimant qu’il est très « dérisoire » d’octroyer de l’argent aux personnes radiés qui étaient « surendettés, et de leur dire d’attendre d’être formés avant d’utiliser cet argent ». « Jusqu’à présent, personne d’entre nous n’a reçu une formation pour sa réinsertion sociale », déplore-t-il. « Qu’est-ce que 1,5 ou 3 millions de FCFA peuvent contribuer à faire changer dans la vie d’une personne qui avaient été, à un certain moment, bannie par la société ? », s’est-il demandé.

« Cette aide sociale, nous l’avons pris malgré nous », appuie Tieba Farama, porte-parole des militaires radiés. Il confie que malgré cela, tous les radiés n’ont pas bénéficié de l’aide. En effet, 20 d’entre eux n’avaient pas leurs noms sur la liste du HCRUN. Ces personnes, jusque là, n’ont pas pas bénéficié de l’aide. Sur la question de formation qui devrait suivre l’octroie de l’aide pour la réinsertion sociale, M. Farama a confié que rien n’a été fait jusque là, pour permettre à ceux qui ont bénéficié de l’aide de pouvoir entreprendre. Au contraire, personne d’entre eux n’a pu déposer son dossier au ministère de la jeunesse.

« Nous radiés, [nous] ne sommes donc pas d’accord avec cette manière de résoudre notre problème qui est l’octroi d’une aide insignifiante à la réinsertion sociale. A notre niveau, cette aide n’est rien d’autre qu’une insulte à notre dignité », s’est offusqué le porte-parole des policiers radiés qui a demandé « la mise en application des propositions détaillées du HCRUN portant sur [leur] reversement à la fonction publique ». Lesquelles propositions leur avaient été communiquées à huis clos par le HCRUN le 11 avril 2018 à son ancien siège et rendues publiques lors de leur conférence de presse du 19 avril.

Tieba Farama, porte-parole des militaires radiés

« Je n’ai jamais tiré sur quelqu’un… »

Sur la question des radiés interpellés souvent par la police dans ses actions de lutte contre le grand banditisme, Tieba Farama a voulu être claire. « Chacun répondra de ses actes. Si depuis 2011 certains sont restés dignes et que d’autres ont décidé de s’engager dans d’autres choses, chacun sera responsables de ses actes. Nous ne pouvons pas contrôler tout le monde », soutient-il. « Moi je sais que je n’ai jamais braqué ou tiré sur quelqu’un. Donc je vais suivre le dossier et s’il le faut, jusqu’à la tombe et mes enfants vont poursuivre le combat. Je n’abandonne pas car je suis innocent… », clame Tieba Farama.

Parlant de réconciliation nationale, Mahamadi Tidiga a estimé que chacun d’eux devrait au moins avoir droit à « une seconde chance ». Au regard de la situation actuelle du pays, il serait mieux, selon lui, d’intégrer les radiés dans la lutte dans laquelle est engagée le Burkina Faso. « Nous sommes venus dans le corps par vocation. C’est cette vocation qui nous guidera si nous sommes réintégrés. Et même si on meurt sur le champ de bataille, nous aurons au moins combattu pour notre propre pays », a lancé M. Tidiga qui a demandé, au nom de tous les radiés, « pardon à la nation toute entière ».

Armand Kinda
Minute.bf

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