mercredi 13 novembre 2024
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Adama Siguiré : « Mon jugement était un procès d’humiliation et de dénigrement » (Interview)

Adama Amadé Siguiré, « écrivain professionnel », fervent soutien de la transition dirigée par le Capitaine Ibrahim Traoré, a accordé une interview à Minute.bf, le 24 septembre 2024. Il appelle le président du Faso à « sévir », contre tous ceux qui tentent de déstabiliser sa gouvernance. Dans les lignes qui suivent, M. Siguiré qui estime que, « depuis l’arrivée du capitaine Ibrahim Traoré, la situation (sécuritaire, ndlr) s’est nettement améliorée », répond à plusieurs questions d’actualité, et ses comparutions devant les tribunaux.

Minute.bf : Comment se porte M Siguiré ?

Adama Amadé Siguiré : Je me porte vraiment bien ; ma famille aussi va bien. Donc je rends grâce à Dieu pour cela.

Minute.bf : Il se dit que vous êtes devenu dur dans vos propos, en ce qui concerne votre défense des autorités de la transition actuelle. D’aucuns estiment que vous avez changé et que vous faites plus preuve de réalisme dans vos analyses, comme sous les précédentes gouvernances. Que répondez-vous à cela ?

Adama Siguiré : Non ! Je ne crois pas que ce soit une dynamique mal lue. Je reste seulement dans ma conception logique et scientifique des choses. Comme je le dis, moi je suis un logicien, je suis un cartésien, j’agi par rapport aux actions des autres envers moi. Si on estime que je suis devenu dur, cela pourrait se comprendre parce que les gens sont devenus très durs envers moi, des amis sont devenus très intolérants à mon égard.

Sous la gouvernance de Roch Marc Christian Kaboré, je faisais des commentaires qui étaient appréciés par les gens. Aujourd’hui, beaucoup de personnes m’en veulent parce que je soutiens la transition. Ce qui n’est pas un crime. Des gens ont soutenu des pouvoirs ici, mais je ne les ai pas combattus. Donc, je change seulement selon ma logique. Les gens deviennent durs et intolérants envers moi et c’est une question de survie. Et par rapport à cela, j’adapte mon comportement, c’est ça aussi le comportement du logicien.

Minute.bf : Certaines personnes vous reprochent de ne pas être réaliste sur certaines analyses que vous menez sur la gestion actuelle la transition. Qu’est-ce que vous pouvez répondre à ces personnes-là ?

Adama Amadé Siguiré : C’est leur point de vue. Je crois que je suis réaliste, je suis toujours resté sur ma ligne. J’ai toujours voulu une politique de rupture, une politique anti-impérialiste et anti néocoloniale. Aujourd’hui, c’est cette politique qui est pratiquée par le capitaine Ibrahim Traoré. Je ne dis pas que tout est parfait, mais en tout cas ce pouvoir-là, va dans le sens de ma volonté ; il va dans le sens de mon rêve depuis 2014. Donc, moi je reste réaliste en soutenant un pouvoir, une ligne politique que j’ai toujours défendue.

Alliance des Etats du Sahel (AES)

Minute.bf : Parlons maintenant de l’AES. On sait que vous faites partie de ceux qui réfléchissent à la mise en place de la Confédération des peuples de l’AES. Quelle sera la mission de cette structure ?

Adama Amadé Siguiré : La Confédération des peuples de l’AES, cette structure de la société civile avait voulu que je sois le coordinateur national au niveau du Burkina Faso, mais, j’ai désisté. J’ai trouvé que c’est un très bon projet. Il n’y a rien de tel que de vouloir que les peuples de l’AES soient ensemble surtout les acteurs de la société civile. Mais, c’est un projet qui a été mal élaboré, qui n’a pas été élaboré de façon méthodique et scientifique. Donc, j’ai vu que c’est un mort-né. Et ça ne sert à rien de vouloir réanimer un mort-né. Voilà pourquoi, je n’ai pas voulu m’engager. Mais je ne dis pas que ça ne sert à rien. Je pense que les initiateurs du projet n’ont pas été assez scientifiques et assez méthodiques dans leur démarche.

Minute.bf : Quand vous parlez d’un projet mort-né, de quoi est-ce qu’il s’agit exactement ?

Adama Amadé Siguiré : Je parle de cette organisation de la société civile appelée confédération des peuples de l’AES, qui n’est pas à confondre avec l’Alliance des États du Sahel qui est la Confédération signée par les chefs d’État. Ce n’est pas de cette formation de la société civile là que le comité de défense des militaires (CDM) au Mali a bien voulu mettre en partenariat avec les acteurs de la société civile au Burkina Faso et au Niger. C’est de cette organisation de société civile dont je parle. Et j’estime que la mise en œuvre n’a pas suivi des démarches scientifiques et méthodiques. Le CDM au Mali a voulu porter seul le projet. C’est un projet grandiose. Il fallait que ce soit porté par des acteurs de la société civile au Mali. Ils n’ont pas voulu ratisser large au Mali et quand ils sont venus au Burkina Faso ici, ils n’ont pas eu l’intelligence de contacter, de rassembler les gens pour que les gens discutent ensemble et que les gens élaborent un projet qui puisse tenir.

Ils ont contacté les gens individuellement. Moi j’ai été la troisième personne à avoir été contactée . Dès le début, j’ai voulu les accompagner mais en tant que consultant en management des cellules sociales, j’ai beaucoup réfléchi après, j’ai analysé le projet, j’ai vu que c’est un projet qui, même si on le lance, n’aura pas l’accompagnement de toutes les autorités. Quand vous avez une organisation de la société civile qui se veut une confédération des peuples de l’AES, qui n’a pas l’accompagnement des autorités du Mali, du Burkina Faso et du Niger, vous allez le lancer, mais, il ne va pas tenir pendant longtemps.

Minute.bf : Même si vous avez désisté à la dernière minute, concrètement, selon vous, qu’est-ce que cet organe allait apporter en terme de plus value aux peuples des trois pays, s’il était mis en place?

Adama Amadé Siguiré : L’organe pouvait apporter quelque chose de nouveau parce qu’il s’agissait de mettre ensemble les acteurs de la société civile du Mali, du Burkina et du Niger ; et faire de telles sortes qu’il y ait une suprastructure de la société civile au sein de laquelle les acteurs vont travailler et faire des propositions aux chefs d’État. Et ce serait très intéressant parce que les chefs d’État ont aussi besoin d’intelligence et d’accompagnement à leur côté.

Donc, cette suprastructure allait regrouper les acteurs de la société civile du Mali, du Burkina Faso, et du Niger. Ils allaient réfléchir pour accompagner les chefs d’État de l’AES. Malheureusement comme je l’ai dit, ceux qui ont l’idée, ont eu une très bonne idée mais la façon de s’y prendre a été mauvaise. Vous pouvez avoir une idée mais, vous pouvez ne pas avoir la capacité de travailler pour mettre en œuvre cette idée. Il faut confier cette idée à des spécialistes qui vont réfléchir, qui vont faire des ateliers de réflexion pour vous proposer un canevas technique. Ce travail fondamental n’a pas été fait. Ils ont escamoté ce travail.

Je crois aussi qu’il y a eu un conflit de leadership. Chacun voulant être chef n’a pas voulu travailler avec l’autre pensant que si on travaille forcément avec l’autre, il sera concurrencé. Ici, les initiateurs du projet n’ont pas voulu en réalité mettre d’autres personnes dans ce qu’ils appellent comme leur projet, quitte à ce que les autres soient les remorques et eux, ils soient la tête. Voilà ce qui n’a pas marché. Le projet a été lancé, c’est bien, mais, comme je l’ai dit, si une telle initiative n’a pas l’accompagnement des autorités, ça sera très difficile pour qu’elle soit viable à long terme.

Minute.bf : Parlant toujours de l’AES, certaines personnes appellent à la création d’une monnaie commune pour ces 3 pays. Quelle est votre position ?

Adama Amadé Siguiré : Je suis de ceux qui appellent à la création d’une nouvelle monnaie. Je crois que c’est une très belle initiative et il faudrait que nous arrivions à ce niveau-là. La monnaie, c’est un instrument de souveraineté, c’est aussi un instrument de domination. Voilà, le franc CFA que nous utilisons actuellement, tout le monde sait que c’est une monnaie néocoloniale, c’est une monnaie française, fabriquée en France. Aujourd’hui, nous avons décidé de rompre avec cette politique néocoloniale. S’il faut rompre, il n’y a pas de demie rupture. Une rupture doit être une rupture. A partir du moment où nous ne voulons pas traiter avec la politique néocoloniale française, nous ne devons pas aussi utiliser une monnaie néocoloniale. Donc, je suis de ceux qui pensent que certainement, il peut y avoir des difficultés, mais il faut que nous ayons notre monnaie au sein des États de l’AES.

Minute.bf : Le président en exercice de la confédération de l’AES, le Colonel Assimi Goïta a annoncé la mise en place d’un passeport de l’AES au moment où, le Burkina Faso a déjà lancé son nouveau passeport. Finalement, quel passeport pour le citoyen burkinabè ?

Adama Amadé Siguiré : Je n’ai pas vraiment appris l’annonce d’un passeport AES par le président de la confédération, le Colonel Assimi Goïta. Mais j’ai appris l’annonce d’un passeport au Burkina Faso par le ministre de la Sécurité, le commissaire divisionnaire de police, Mahamoudou Sana. Si je dois juger les 2, pour moi, la bonne méthode serait d’avoir un passeport de l’AES. Un passeport des 3 États avec les mêmes marques serait encore mieux. C’est-à-dire que l’AES ne doit pas être une formalité. Elle doit être une réalité. Il faut qu’on arrive à vivre l’AES sur le terrain. C’est là, le défi aujourd’hui que nous avons à réaliser. Dans la forme c’est bon, nous avons applaudi. Mais dans la réalité, je pense vraiment qu’il reste de nombreuses choses à faire. On doit tout faire ensemble. Aujourd’hui, on doit tout faire ensemble parce que nous avons un destin commun.

Nous avons les mêmes défis à relever. Nous sommes minés par les mêmes maux que sont le terrorisme, le néocolonialisme et les pratiques impérialistes. Donc tout ce qu’on peut faire ensemble, on doit le faire ensemble. Toutes les politiques de sécurité que nous pouvons élaborer ensemble, on doit les élaborer ensemble et je pense qu’un passeport, ça rentre dans la dynamique d’une politique de souveraineté. Ce serait bien qu’on ait un passeport.

Minute.bf : Quels pourraient être par exemple les avantages de ce passeport, si on arrivait vraiment à l’adopter ?

Adama Amadé Siguiré : Les avantages de ce passeport, d’abord c’est la volonté de souveraineté, de s’afficher ; c’est la volonté de réaliser l’AES des peuples. Un passeport AES pour le Burkina Faso, le Mali, le Niger, ça montre d’abord aux populations qu’elles sont ensemble, que les autorités ont décidé de les mettre ensemble, de travailler ensemble.
Aussi, quand vous serez à l’international, toute personne qui va prendre votre passeport sera obligée de voir l’AES sur cela. Donc, c’est même un projet de marketing pour vendre l’image de l’AES parce que nous avons aussi besoin de vendre l’image de l’AES, même dans les pays où les gens ne sont pas d’accord avec l’AES. Il faut qu’on impose l’AES, nous devons aussi imposer notre narratif aux autres. Notre narratif aussi c’est imposer notre passeport, même à ceux qui ne veulent pas voir notre passeport.

Minute.bf : Quel message avez-vous à l’endroit des 3 présidents de l’AES ?

Adama Amadé Siguiré : Je leur souhaite surtout beaucoup de courage parce qu’il faut du courage pour conduire de tels projets. L’AES est un projet qui rencontre beaucoup d’adversité, un projet qui est combattu. D’autres voudraient voir ce projet-là prendre fin. Donc, il leur faut aussi du courage, de la détermination, de l’engagement et surtout du sacrifice. Qu’ils sachent qu’un chef d’État n’est pas fait pour plaire à d’autres nations. Un chef d’État est fait pour défendre sa nation, pour défendre son pays et même les Blancs, les Européens se comportent ainsi. Que les 3 présidents restent convaincus qu’un chef d’État est fait pour défendre son pays. Il n’y a pas de raison qu’ils échouent et ce comportement-là va encore convaincre les populations à les accompagner. En tout cas, pour nous, tant qu’ils restent sur la bonne voie, nous sommes là pour les accompagner et nous affichons cette position, urbi et orbi.

Minute.bf : Quel message avez-vous à l’endroit des peuples de l’AES ?

Adama Amadé Siguiré : À l’endroit des peuples de l’AES, c’est de savoir que les grands projets nécessitent de grands combats. Nous allons vaincre dans la sueur et malheureusement aussi dans le sang. Mais toutes les grandes nations sont passées par là. Je n’ai pas vu une seule nation qui est devenue grande sans avoir eu à affronter des moments de guerre, des moments de difficultés. Donc, il faudrait que les populations de l’AES restent déterminées, qu’elles sachent que c’est un autre tournant de l’histoire et comme Hegel le dit, l’histoire s’écrit à travers des passions, avec des bonds qualitatifs. Nous sommes en train de faire un bond qualitatif, mais il impose aussi de la souffrance, de la douleur, la sueur et même du sang. Que les populations restent déterminées et moi je reste convaincu que nous sommes en train de réécrire une nouvelle histoire pour les peuples de l’AES.

Situation nationale

Minute.bf : Parlant de la situation nationale, l’actualité brûlante, ce sont les révélations faites par le ministre de la sécurité sur des cas de complot de déstabilisation de la transition. Quelle est votre réaction sur ces révélations ?

Adama Amadé Siguiré : Sur les révélations du ministre de la sécurité, le Commissaire Sana, ce que je puis dire, c’est regrettable et c’est déplorable. Mais, cela ne me surprend pas que des Burkinabè soient animés de mauvaise foi. Il y a en a d’autres qui sont fondamentalement méchants. Des Burkinabè qui se livrent pour combattre le Burkina Faso, moi, ça ne me surprend pas trop. C’est comme je le dis, la guerre contre le colon, ce n’est pas une guerre contre les peaux blanches. C’est contre les peaux noires ici au Burkina Faso mais qui ont des mentalités néocoloniales dans leurs têtes. Moi, j’appelle le gouvernement à prendre la mesure de cette triste réalité et à sévir de la manière la plus forte. Que les autorités sachent que la guerre, ce n’est pas un terrain de prédilection ; nous sommes en guerre, ceux qui ne sont pas avec nous, sont contre nous, il faut que les autorités sévissent.

Minute.bf : Quand vous dites de sévir, qu’est-ce qu’il faut entendre par là ?

Adama Amadé Siguiré : Que ceux qui ont tenté de déstabiliser le pays répondent de leurs forfaits de mille manières. Maintenant, comme je le dis, il appartient aux autorités de déterminer ces 1000 manières là. Moi je ne suis pas une autorité, mais, en tout cas, que ces gens-là répondent de leurs forfaits. Il faut que le gouvernement soit ferme sur tous ceux qui, au nom de leurs intérêts égoïstes, individuels, pensent que sans eux le pays ne peut pas avancer. On ne construit pas une nation avec le sentimentalisme et en n’ayant pitié des gens. La construction d’une nation nécessite beaucoup de sérieux. Tous ceux qui vont déstabiliser ce pays qu’ils en prennent pour les grades.

Minute.bf : Malgré les actions des autorités actuelles dans la stratégie de lutte contre le terrorisme, nous sommes toujours confrontés à des attaques. Quelles peuvent être, selon vous, la solution miracle à cette crise sécuritaire ?

Adama Amadé Siguiré : Je n’ai pas de solution miracle. Je ne crois pas au miracle. Je suis un cartésien, je ne suis pas un métaphysicien. Chez nous, les miracles n’existent pas. Pour revenir à la question, je dirai qu’il n’y a pas de solution miracle. Il n’y a que des solutions scientifiques que nous sommes en train de faire. C’est le combat, c’est la guerre. Nous ne sommes pas la première nation à être confrontée à ces attaques. D’autres nations ont vécu ces attaques et c’est grâce à leur sens de la combativité que ces nations ont triomphé. Nous sommes sur la bonne voie et nous rencontrons de nombreuses difficultés. Nous avons opté pour faire la guerre et nous devons continuer à faire la guerre.

Les terroristes ne sont pas plus nombreux que nous. Ils ne sont pas plus armés que nous. Il faut encore remobiliser les Burkinabè pour que les gens sachent que nous allons gagner au prix de la sueur. La seule solution qu’il y a est scientifique. Quand on vous fait la guerre, faites la guerre. Quand on veut vous détruire, n’ayez pas pitié de ceux qui veulent vous détruire. Prenez toutes les mesures pour vaincre. Je pense qu’avec le temps nous allons vaincre. Du reste, depuis l’arrivée du capitaine Ibrahim Traoré, la situation s’est nettement améliorée, même si je reconnais qu’il reste encore beaucoup d’efforts à faire.

Minute.bf : Certains Burkinabè pensent que les différentes dénonciations de déstabilisation de la transition sont des prétextes pour cacher la situation réelle du pays face à la crise sécuritaire qui continue de sévir. Quelle lecture en faites-vous ?

Adama Siguiré: Ceux qui le disent, c’est de bonne guerre. C’est leur droit. Qu’est-ce que les adversaires ne vont pas dire ? C’est leur système de communication. Nous aussi, nous communiquons. Nous ne pouvons pas les empêcher de communiquer. Tout ce que nous devons faire, c’est de travailler à ce que leur communication ne passe pas. Est-ce que les populations croient en ce que vous êtes en train de dire ? Vous pouvez sortir faire le sondage au sein des populations pour voir si c’est la pensée des Burkinabè.

Qui peut aujourd’hui me convaincre qu’il n’y a pas de complicité ou qu’il n’y a pas de Burkinabè qui veulent déstabiliser le pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré ? Personne ! Je suis Burkinabè et je connais le Burkinabè. Je connais aussi la réalité politique du pays. Nous savons que la voie que nous avons empruntée ne plait pas à de nombreux Burkinabè. Nous savons qu’aujourd’hui, des Burkinabè sont capables de tout faire, il ne serait-ce que pour mettre fin au pouvoir en place, puisqu’ils pensent que si nous réussissons, ils ont perdu pour toujours. Ils se battent donc pour que nous échouons.

Celui qui vient dire que les révélations du ministre de la sécurité sont un montage, ça n’engage que lui. Moi je sais que fondamentalement les Burkinabè sont si égoïstes, si méchants, surtout les hommes politiques ; rien ne me surprend également de tous ceux qui ont été cités par le ministre Sana. Ce sont des gens qui sont capables du pire. Ils ont toujours été des traitres.

Minute.bf : Des personnes ont été arrêtées et incarcérées pour des tentatives de déstabilisation. Mais, jusqu’à ce jour, nul ne sait ce qu’ils ont posé comme acte. Est-ce que ce silence autour de ces dossiers n’est pas aussi la cause de ces supputations ?

Adama Amadé Siguiré : Dans une période de guerre, tous ceux qui tentent de déstabiliser et qui travaillent à ce que le Burkina Faso n’ait pas la paix, pour moi, il est tout à fait normal de les arrêter. On ne fait pas la guerre avec des sentiments. La guerre est une dure épreuve. Pendant qu’on massacre des populations, on ne peut pas permettre à des bourgeois qui sont à Ouagadougou, qui boivent et qui mangent bien, et à la fin, s’en prennent aux soldats sous prétexte qu’ils sont frustrés. Cela est intolérable. Maintenant, si ces personnes sont arrêtées, j’aurai voulu qu’on les juge. Maintenant, est-ce que nous avons un appareil judiciaire assez efficace pour les juger ? Je ne le sais pas ; mais, de toute façon, ce qui me préoccupe est que tous ceux qui voudraient faire du mal au Burkina Faso ne soient pas libres de leurs mouvements. Qu’ils soient incarcérés quelque part pour nous permettre de faire la guerre. Si on peut les juger, tant mieux. Si on estime qu’on n’a pas un appareil judiciaire assez efficace pour les juger, qu’on les garde quelque part pour qu’ils regrettent leurs actes et sachent qu’on ne construit pas un pays en période de guerre avec des sentiments.

Minute.bf : L’actualité ces derniers temps, ce sont aussi les enlèvements de proches de certaines personnes dites « ennemies » de la nation. Un qualificatif qui est donné par les soutiens de la transition à certains Burkinabè. Quelle est votre perception sur cette question ?

Adama Amadé Siguiré : C’est tout à fait normal. C’est sociologique…

Les détails dans cette vidéo ci-dessous

Minute.bf : Selon vous, qu’est-ce que le capitaine Ibrahim Traoré n’a pas encore posé comme acte, qui vous tient à cœur ?

Adama Amadé Siguiré : Le président Ibrahim Taroré doit saisir le pouvoir dans son sens sociologique. Il ne l’a pas encore compris. Il est vrai qu’il veut faire une refondation, mais il saisit toujours le pouvoir dans son sens gréco-romain. Il faut qu’il saisisse le pouvoir dans son sens sociologique. C’est pour dire qu’il faut assumer le pouvoir. Il n’y a pas de demi pouvoir. Malheureusement, le capitaine Ibrahim Traoré saisit toujours le pouvoir dans son sens gréco-romain. C’est ce qui nous fatigue actuellement. Il doit saisir le pouvoir dans son sens sociologique, l’assumer, imposer sa personne, refonder la nation burkinabè, donner une autre directive au Burkina Faso. La démocratie et son pouvoir gréco-romain n’ont rien à voir avec nos réalités. J’attends du président qu’il saisisse le pouvoir dans son sens sociologique. A ce niveau je ne suis pas encore satisfait.

J’ai souvent l’impression qu’il se dit qu’il est jeune, qu’il est militaire. Et comme il est militaire, pour lui, il doit caresser certaines personnes ou qu’il n’a pas cette force pour s’imposer, pour montrer son autorité à toutes les populations. Alors que dans nos sociologies, il n’y a pas un jeune chef. Même quand le chef a 10 ans, à partir du moment où il est intronisé, il règne conformément aux coutumes. La jeunesse du capitaine Ibrahim Traoré ne devrait pas être un obstacle. Il doit assumer le pouvoir sur toute la ligne, sociologiquement.

Minute.bf : Certaines personnes appellent à des réformes de la justice. D’autres même demandent sa suppression pure et simple. Vous qui êtes passé devant les juges à plusieurs reprises, quelle est votre position sur la question ?

Adama Amadé Siguiré : Pour moi, il faut détruire cette justice pour en concevoir une autre…

Plus de détails dans la vidéo ci-dessous

Vidéo – « Il faut détruire la justice… » (Adama Amadé Siguiré)

Minute.bf : Si aujourd’hui vous êtes appelé au gouvernement, en tant que ministre en charge de l’éducation nationale, de quel type d’éducation les enfants de ce pays auront-ils droit ?

Adama Amadé Siguiré : D’abord, il faudra que je fasse une précision. Je ne me bats pas pour des postes. Je suis d’une lignée où on ne se bat pas pour des postes. Dans ma famille, je ne peux pas être chef. Je me bats parce que la politique du capitaine Traoré répond à ma vision des choses depuis 2014. C’est pour moi une conviction.
Revenant à votre question, si un jour, le chef de l’Etat voudrait me confier une mission et que j’estime que je peux assumer cette mission, je l’assumerai. Il n’y a pas de problème à ce niveau. Et partant de cela, s’il veut bien me confier le ministère de l’éducation nationale, étant enseignant de carrière depuis plus de 20 ans, je l’assume. J’ai un projet d’éducation et ce projet est d’éduquer des Burkinabè pour servir le Burkina Faso. Maintenant, le fond, je le garde pour moi.

Minue.bf : Un mot pour conclure ?

Adama Amadé Siguiré : C’est de vous dire merci…

Propos recueillis par Armand Kinda et Franck Kola

Minute.bf

3 Commentaires

  1. J’ai lu et je suis édifié.vraiement cohérent comme raisonnement,avec réponses à la taille des questions.je remercie aussi les journalistes qui ont été pertinent sur le plan des questions.

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