N.O a comparu devant le Tribunal de grande instance (TGI) Ouaga 1 pour plusieurs chefs d’accusation contre sa personne, le mercredi 21 février 2024. En effet, cet homme de la soixantaine d’années a mortellement percuté une dame sur l’avenue Kwamé Nkrumah. Il risque 1 an de prison ferme pour cet homicide.
Les faits remontent en septembre 2023. Il est 6 heures du matin ce jour quand, N.O a bord de son taxi offert par son fils, quitte le Rond-point des Nations-unies en direction de l’aéroport international de Ouagadougou. Une fois sur l’Avenue Kwamé Nkrumah, N.O gare à droite pour descendre un client. Une fois cet acte effectué, il devait rebrousser chemin vers son point de départ. La victime qui quittait le Rond-point des Nations-unies en direction de l’aéroport, a malencontreusement rencontré la route du taximan. Ce dernier non seulement n’a pas respecté le sens de la circulation, mais aussi, n’a pas mis de clignotant pour signaler. Le choc entre le véhicule et la moto de la victime créé des dégâts. La défunte victime T.J va succomber à ses blessures 3 jours plus-tard à l’hôpital, laissant deux enfants orphelins. C’est du moins le récit qui ressort des enquêtes préliminaires.
À la barre, le vieil homme, barbe blanche, taille normale, en chemise blanche, tente de se défendre en reconnaissant partiellement les faits. « J’ai mis le clignotant pour tourner. Mais je ne savais pas si le clignotant a signalé ou pas. Il y a des fois quand tu mets ça donne, des fois ça ne donne pas », se défend-il tête baissée.
Autre infraction, N.O reconnaît avoir dérogé à la règle des visites techniques. Son taxi n’est pas aussi assuré. Il reconnaît avoir involontairement percuté la victime T.J, causant sa mort.
Pourquoi votre véhicule n’a pas d’assurance ni de visite technique ? Lui demande la chambre. « C’est les moyens que je cherchais pour aller être en règle. Le coût de la visite avoisine les 15 000 FCFA. Mais, avant d’aller, il faut réparer le véhicule. Oui, je reconnais que j’ai fauté. C’est un regret pour moi », affirme-t-il, lui qui est conducteur depuis 1979.
Prenant la parole, le mari de la victime, très attristé, sortait difficilement les mots devant le Tribunal, visiblement encore sous le choc du départ brusque de son épouse. « Le matin du drame, on m’a appelé que madame a eu un accident. Je suis arrivé sur les lieux constater. Les Sapeurs-pompiers également sont arrivés. On nous a conduits à l’hôpital, lieu où elle a rendu l’âme, laissant nos deux enfants dont l’aîné à 8 ans sans mère (Silence dans la salle)… Je ne demande rien pour moi et pour les orphelins », a-t-il déclaré devant la chambre.
Prenant la parole, le Procureur a tenu à faire une remarque. Il a déploré l’attitude du conjoint de la victime qui refuse tout autre dédommagement.
« Je ne comprends pas pourquoi vous refusez qu’on vous aide alors que vous ne pourrez pas seul, être en mesure de prendre tout en charge. Le dédommagement ce n’est pas pour payer la vie de la défunte, mais, c’est une aide pour aider les ayants-droits, les enfants. C’est la loi qui vous le permet. Il faut vous assumer. Aujourd’hui vous venez refuser le dédommagement pour les enfants. Si un enfant est malade et vous n’arrivez pas à le soigner convenablement ou à le nourrir à sa faim, Dieu va vous le vouloir. Chaque fois qu’un enfant va avoir besoin de quelque chose que vous n’arriverez pas à lui offrir Dieu va vous en vouloir, parce que vous lui avez refusé un dédommagement. Ayez ça dans votre conscience », a soutenu le procureur à l’endroit du mari de la défunte.
Revenant à ses réquisitions, pour le ministère public, le prévenu refuse de reconnaître que ses clignotants ne donnaient pas. Il le sait, souligne le Procureur, voilà pourquoi il ne veut pas faire de visite technique. Et encore grave, le taximan ne dispose pas d’assurance. Pour la partie poursuivante, il faut une sanction exemplaire pour ceux-là qui pensent qu’ils peuvent jouer avec la loi de la République.
Le ministère public a requis que N.O soit reconnu coupable des faits d’infraction en matière de circulation routière, de destruction involontaire de biens mobiliers et d’accident mortel. En répression, le condamner à 1 an de prison ferme et 250 000 FCFA d’amende ferme, plus un mandat de dépôt.
Le Tribunal a jugé bon de renvoyer le délibéré au 28 février 2024 pour une bonne administration de la justice.
Mathias Kam
Minute.bf