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mercredi 24 avril 2024

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Burkina : L’aide spéciale à la réinsertion diversement appréciée par les radiés


Le Haut conseil pour la réconciliation et l’Unité nationale (HCRUN) a initié une rencontre d’échange avec les fonctionnaires de police et militaires radiés suite aux mutineries de 2011, le vendredi 13 septembre 2019 à Ouagadougou. Les échanges ont été spécifiquement axés sur les questions liées au décret du 7 août 2019 portant octroi d’une aide spéciale à la réinsertion sociale des militaires et fonctionnaires de police radiés.

Dans un décret en date du 7 aout, faut-il le rappeler, le gouvernement consentait octroyer une aide spéciale aux militaires et fonctionnaires de police radiés suite aux mutineries de 2011 pour leur réinsertion sociale. Ainsi, il sera reversé à tous les radiés ayant subi des peines privatives de liberté, donc reconnus coupables devant les institutions judiciaires, une aide à la réinsertion sociale d’une valeur d’un million cinq cent mille francs CFA. Pour les radiés qui avaient été acquittés, relaxés et autres, à l’époque, l’aide sera d’une valeur de trois millions cinq cent mille francs CFA. Pour ceux qui sont décédés, elle sera reversée aux ayant-droit.

 « Quel que soit le montant, moi je vais prendre »

Le HCRUN a donc fait savoir que les militaires et policiers radiés qui le désirent, peuvent bénéficier d’une formation dans un centre de formation et la liste des filières et centres de formations sera bientôt mise à leur disposition, après le virement de l’aide. L’institution en charge de la réconciliation nationale a, de ce pas, informé que la phase opérationnelle pour les indemnisations débutera dans la première semaine du mois d’octobre prochain. Ainsi, ce sont au total deux milliards  six cent millions de francs CFA qui seront débloqués par le gouvernement pour l’indemnisation des radiés concernés par le décret.

La salle était pleine au début de la rencontre

Après ces précisions du HCRUN, la parole a été donnée aux radiés qui ont diversement apprécié les propositions du gouvernement. Les interventions se succèdent et ne se ressemblent pas. Pour certains radiés, l’offre du gouvernement est à prendre. « Il faut féliciter le HCRUN pour le travail abattu. On pouvait ne rien avoir », soutient un d’entre eux. Un autre, prenant la parole, affirme avoir fait plus de 20 ans de service et a été « injustement » radié en 2011. Dans les normes, selon ses dires, il devrait aller à la retraite vers 2023. Ce dernier veut être rétabli dans ses droits. Il demande un dédommagement pour tout ce qu’il a subi. Un autre a indiqué qu’il acceptait l’offre. Il a même fustigé le bureau des militaires radiés qui dit rejeter l’offre du gouvernement au cours d’une conférence de presse alors que « la base n’a pas été consultée ». « Quel que soit le montant, moi je vais prendre », a-t-il martelé.

« Les 136 fonctionnaires de police rejettent unanimement et avec énergie cette décision irréfléchie »

Si certains radiés apprécient cette offre, d’autres la rejettent vigoureusement. C’est le cas des fonctionnaires de police qui pensent que « le HCRUN est manipulé » et vont jusqu’à réclamer la dissolution totale de l’institution gérée par Léandre Bassolé. « Si une institution budgétivore auprès du contribuable burkinabé fait un travail de trois ans et on le balaie du revers de la main, nous pensons que cette institution n’a plus sa raison d’être », ont-ils soutenu à l’issue de la rencontre qui s’est terminée à queue de poisson parce que certains d’entre eux, n’approuvant pas la mesure du gouvernement, ont décidé de quitter la salle pendant les échanges.

Ces derniers estiment que le gouvernement n’est pas tenu de régler leur dossier à sa manière. « Si après l’insurrection, le MPP n’est pas venu pour régler les torts dont eux-mêmes ont été complices, puisqu’au moment de la radiation, nous n’avons pas vu le président Rock Kaboré ou Simon Compaoré, tous des hommes forts du CDP à l’époque, démissionner parce que des gens ont été injustement radiés, nous préférons continuer notre lutte parce qu’aucun régime ne reste éternellement au pouvoir. S’il le faut, nous allons continuer notre lutte en attendant un autre régime », ont-ils fait savoir. Ainsi, « les 136 fonctionnaires de police rejettent unanimement et avec énergie cette décision irréfléchie ».

Le président du HCRUN, Léandre Bassole, a tout de même remercié tous ceux qui ont pu faire le déplacement et qui ont pris la parole pour poser des questions d’éclaircissement. Il estime pour sa part que « ce n’était pas le cadre certainement (pour les radiés) d’exprimer leur rejet ».Il explique que pendant tout le temps passé à examiner le dossier des radiés, les mêmes qui sont là, ceux qui d’entre eux ont posé des questions, avaient rejeté une première fois avant même que les propositions du HCRUN ne soient examinées. « Ils sont revenus, ils se sont rattrapés, ils ont écrit, et se sont remis dans le processus », confie M. Bassolé qui reste tout de même « serein » et rappelle que les portes de son institution resteront toujours ouvertes au dialogue.

Armand Kinda

Minute.bf

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