Le traitement de l’information en période électorale est un sujet plus que d’actualité à l’orée de l’ouverture de la campagne électorale prévue pour le 31 octobre 2020 en ce qui concerne l’élection présidentielle et les législatives au Burkina Faso.
En effet, c’est une période où le journaliste est davantage sollicité par l’homme politique qui coûte que coûte veut satisfaire son programme de marketing électoral. Quel comportement le journaliste doit tenir à l’égard des politiciens en cette période ? L’éthique et la déontologie qui collent à la peau du métier journalistique pourront-elles résister au politique ? Pour mieux cerner la complexité pour le journaliste de bien faire son travail en période électorale nous avons tenté de décortiquer le sujet avec des doyens du métier journalistique, mais aussi avec des journalistes reporters.
« En période électorale, l’attitude du journaliste se complexifie, parce qu’il devient l’objet de toutes les sollicitations. Les leaders politiques veulent avoir l’adhésion des médias pour pouvoir influencer leur public respectif et influencer leurs électeurs. Et comme les journalistes sont courtisés, ils doivent savoir rester indépendants par rapport aux différentes sollicitations et éventuellement à toutes les tentatives de manipulations dont ils peuvent faire l’objet », nous explique le Pr Serge Théophile Balima, enseignant chercheur, consultant international.
Ce n’est plus un secret, selon Pr Balima, « en période électorale, il y a parfois de l’argent qui circule, il y a des promesses électorales que l’on peut faire aux journalistes en disant, si je suis élu je vais vous proposer tel ou tel poste. C’est là des facteurs d’influence qui peuvent travestir la mission du journaliste en période électorale ».
Les journalistes reporter donnent leur avis
Interpelés sur la question, certains journalistes ont bien voulu se prononcer. Idrissa Koumbem est journaliste à Radio liberté. Il reconnait qu’en période électorale, la question du respect de l’éthique et de la déontologie prend une tournure particulière tant et si bien que le journaliste peut être l’objet de toutes les tentations. Cependant « des efforts peuvent être faits au niveau du journaliste pour rester professionnel, mais il y a souvent certains médias qui concluent souvent des marchés avec les partis politiques et envoient leurs journalistes dans ces conditions pour la couverture. Un journaliste qui embarque avec un candidat pour ses tournées, nourri et logé par le candidat, cela peut véritablement être influencé dans son traitement de l’information », a-t-il relevé.
Néanmoins, a-t-il reconnu, « nonobstant cela, des efforts peuvent être faits de façon personnelle pour le respect de l’éthique et de la déontologie en période électorale ».
Pour Hamidou Zonga de la radio Salankoloto, la question de l’éthique et de la déontologie journalistique en période électorale dépend de la morale du journaliste sur le terrain. « Un journaliste de bonne moralité quelles qu’en soient les propositions d’un candidat fera correctement son travail dans les règles de l’art », a-t-il martelé.
Le respect de l’éthique et la déontologie, gage d’élections apaisées
Au Burkina Faso, comme partout ailleurs, les élections sont âprement disputées. On sait aussi que le pays traverse une crise sécuritaire et sociale sans précédent où le vivre ensemble et la tolérance se sont fortement effrités. Pour Ousseni Ouédraogo, directeur des rédactions de l’Observateur Paalga, ce contexte rend encore plus délicat le rôle du journaliste en cette période électorale. C’est pourquoi, « le journaliste doit éviter de faire dans la propagande » a-t-il averti.
« Le journaliste doit se contenter de rapporter ce qu’il a entendu et ce qu’il a vu sans commentaire explicite » a-t-il ajouté avant de conclure en disant que le journaliste « doit éviter de relayer des informations à connotations ethno-religieuses ou communautariste dans ce contexte où la cohabitation entre les communautés ne sont pas toujours faciles ».
Hamadou Ouédraogo
Minute. bf