La chambre correctionnelle du pôle judiciaire spécialisé dans la répression des actes de terrorisme tient sa première session de jugement du 9 au 13 août 2021 au Tribunal de Grande Instance Ouaga-II. En ouverture ce jour, les deux dossiers sur la table traitaient tous d’actes liés au terrorisme. Tous ont été reportés, soit au 13 août prochain pour l’un et à la session prochaine pour l’autre.
Le Tribunal de Grande Instance Ouaga-II, le seul spécialisé dans le traitement des dossiers liés aux actes terroristes a tenu sa première audience du genre, ce jour, 9 août 2021. A l’ouverture, comparaissaient S.H et K.O.
Sur ces derniers, pèsent cinq (5) chefs d’accusations : association de malfaiteurs terroristes ; assassinat ; coups et blessures volontaires (requalifier en assassinat volontaire) ; destruction volontaire de biens ; faux et usage de faux en écriture public.
Qui sont les deux mis en cause ?
S.H à l’origine est un menuisier. Contraint d’abandonner l’école faute de moyens, il va par la suite se lancer dans la menuiserie. Aussi, ce dernier va se lancer dans l’apprentissage de la lecture du coran. Ce qui le conduit au Mali. De là, selon les informations révélées par l’instruction, le menuisier va recevoir « 3 semaines de formation islamique et de maniement d’armes au camp du groupe An-Sardine ». Dans l’instruction toujours, S.H poursuit que « ce sont les difficultés financières doublées de mauvaise relation avec son père qui l’ont conduit au Mali » et dans cette situation.
Quant à K.O, qui a connu S.H en 2002, il a été invité par ce dernier à rejoindre le Mali en 2012. En manque d’emploi selon l’instruction, ce dernier gagne le Mali et avec lui, son fils sur invitation de son ami S.H. Lui aussi est instruit au maniement des armes pendant deux semaines.
Ainsi, tous deux sont accusés de participer à plusieurs attaques contre les forces armées maliennes et la force onusienne de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la Stabilisation au Mali (MUNISMA) causant notamment la mort d’un casque bleu et d’un soldat malien. C’est sur ce cas que ces derniers sont accusés d’« assassinat d’une personne jouissant d’une protection internationale ». Aussi, les blessés enregistrés par les attaques des mis en cause leur a valu la requalification du fait de « coups et blessures volontaires » en « tentative d’assassinat », eu égard à l’objectif visé par leurs actes.
Des prévenus cités dans la destruction du Mausolée de Tombouctou
Par ailleurs, le tribunal a relevé que dans leurs actions, ces prévenus ont pu se faire établir des cartes d’identité malienne pour avoir la possibilité de circuler librement dans le pays.
Sur le chef d’accusation de destruction volontaires de bien, ces présumés terroristes sont également cités dans la destruction des Mausolées de Tombouctou.
En outre, si l’instruction n’a pas révélé que ces mis en cause sont impliqués dans des attaques sur le sol burkinabè, il ressort qu’ils préparaient une attaque. Ils seraient restés en contact avec le groupe Ansar-Dine dont ils auraient reçu des émissaires au Burkina. Pris avec en sa possession deux grenades dont l’une offensive et l’autre défensive, K.O a indiqué qu’il les a reçues à travers une carafe que S.H lui avait remise. Il faut noter qu’ils sont tous poursuivis pour « détention illégale d’armes à feu et de munitions ».
Sur 4 des 5 faits à eux reprochés, S.H a répondu : « je ne reconnais pas » avant de réagir sur celui de « détention illégale d’arme à feu » : « pas totalement ». Sur ces mots, le juge a demandé à ce dernier s’il était prêt pour son jugement. « Oui », a-t-il répondu avant de revenir dire qu’il souhaitait être assisté par un avocat. « C’est hier que j’ai appris que le jugement c’est aujourd’hui », a déclaré S.H avant de demander un report de 2 mois pour s’attacher les services d’un avocat. Au même moment, le procureur a laissé entendre que depuis l’instruction du dossier, aucun avocat ne s’est constitué pour défendre ce dernier, qui a pourtant manifesté le besoin. Finalement, le tribunal a renvoyé ce dossier à la session prochaine.
Le second dossier a concerné D.O, accusé d’association de malfaiteurs en lien avec le terrorisme, de dégradation volontaire de biens et de détention illégale d’armes à feu et de munitions. Interrogé s’il était prêt pour son jugement, D.O a retorqué : « ça dépend de vous (juge) ». Et au juge de le rappeler que c’était son droit et que la décision dépendait de lui et lui seul. Interrogé une deuxième fois, ce dernier a encore réagi : « si vous voulez ! »
Sur ce, le juge s’est adressé au procureur qui reconnait que ce dernier a un avocat qui a été informé de la tenue du procès de ce jour. A la vérification, le juge a indiqué que rien ne précise que l’avocat en question a accusé réception. Ainsi, avec l’aval du prévenu, ce procès a été reporté au 13 août prochain. Mais, visiblement agacé par les reports à cause de l’absence des avocats, le procureur s’est exprimé ainsi : « le tribunal ne va pas passer le temps à faire la cour aux avocats comme si le jugement était dans son intérêt alors que ce sont eux (avocats et clients, ndlr) qui se sont entendu ».
En attendant, la session continue et d’autres dossiers sont annoncés pour demain mardi 10 août 2021 au TGI Ouaga-II.
Franck Michaël KOLA
Minute.bf


