samedi 14 décembre 2024
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Sun Jiwen, ancien ambassadeur de Chine au Gabon : « La stabilité politique est très importante dans le développement d’un pays »

Une quarantaine de journalistes et responsables de médias participent, depuis le 10 avril dernier, à un séminaire de deux semaines à Beijing, en Chine. Ce séminaire qui s’inscrit dans une logique de partage d’expérience entre médias burkinabè et chinois, a pour but principal de promouvoir l’amitié traditionnelle et la coopération dans les médias et d’autres domaines, entre la Chine et les pays en voie de développement, tel que le Burkina Faso. A l’occasion, le 11 avril 2024, Sun Jiwen, ancien ambassadeur de Chine en République gabonaise, a donné une communication sur la « modernisation à la Chinoise ».

La discipline, l’organisation et le travail acharné ont permis à la Chine de se positionner en tant que grande puissance économique mondiale. Tout cela ne s’est pas fait sans difficultés car, la Chine a été colonisée plusieurs fois et a subi plusieurs agressions de pays occidentaux et asiatiques. Toutes ces difficultés ont forgé le sentiment nationaliste des Chinois et leur ont donné la force de se forger un avenir.

En effet, la guerre de Corée (1950-1954) qui a relevé le sentiment nationaliste des Chinois, a poussé ces derniers à se défendre et à travailler d’arrache-pied pour relever la Chine qui sombrait sous le joug de ses « oppresseurs ». Les dirigeants de l’époque ont estimé qu’il faut aller au développement, ce qui a impliqué l’adoption du 1er quinquennat (1953-1957) du Parti communiste chinois (PCC). A cette époque, l’économie était basée sur le modèle soviétique. Mais le PCC manquait d’expérience en la matière, ce qui a créé plusieurs échecs. Mais la Chine n’a pas baissé les bras et a continué à travailler pour trouver sa voie. 

Mais avant, la Chine a subi « l’invasion des alliances occidentales », entre 1840 et 1842, puis de 1856 à 1860. Cette invasion appelée les « guerres d’opium », avait réduit la Chine à un pays semi-feodal et semi-colonial. « Les puissances occidentales ont forcé la Chine à signer de multiples traités inégaux. La Chine a cédé l’île de Taiwan et toutes les îles affiliées, les îles Penghu et la péninsule de Liaodong au Japon (1895). La Chine a payé des indemnités de 200 millions de taels d’argent au Japon », retrace Sun Jiwen, ajoutant que le pays a également payé 980 millions de taels d’argent à 11 puissances occidentales.

Décision de se libérer

La Chine, selon la communication donnée par Sun Jiwen, s’est dressée contre « l’invasion japonaise », de 1931 à 1945.

Le « grand bon en avant » est donc intervenu dans le prochain quinquennat (1958-1962). Même si cela a encore été un échec, force est de reconnaître qu’au cours de ce quinquennat, « la solidarité était la plus grande valeur partagée de la Chine », comme à toutes les époques de son histoire d’ailleurs, confie Li Hongfeng, doyenne de l’institut des études africaines à l’Université des études étrangères de Beijing. Elle donnait une conférence sur le thème : « Situation nationale et culturelle traditionnelle de la Chine », le 11 avril dernier, à Beijing.

Li Hongfeng, doyenne de l’institut des études africaines à l’Université des études étrangères de Beijing

Pour son réveil, le slogan de la Chine était : « plus nombreux, plus vite, plus efficace et plus économique ; dépasser vite l’Angleterre et les États-Unis ». Les différents échecs passés ont ainsi conduit la Chine à une « grande révolution culturelle », entre 1966 et 1976. Au cours de cette période, le pays a connu un retour à l’ordre, surtout sur le plan diplomatique, précisément en 1970. La révolution culturelle prendra fin en 1976, surtout avec la mort du premier ministre Zhou Enlai en janvier suivi également du décès du président Mao Zedong en septembre de la même année. En juillet, la Chine va subir un tremblement de terre à Tangshan, qui va provoquer des dégâts économiques « très graves ».

En 1978, la Chine adopte une politique de réforme et d’ouverture au monde extérieur et travaille à soutenir les paysans en augmentant les prix d’achat des céréales afin de leur permettre de se faire de l’argent et relever leur niveau de vie. Le pays a également autorisé la création d’entreprises privées, ce qui était « perçu comme une honte » pour le pays, à une certaine époque. Aujourd’hui, la Chine compte plus de 50 millions d’entreprises privées.

La grande réussite du pays est arrivée en 1990. Le taux de croissance et le PIB du pays étaient perceptibles à tous les niveaux. Chaque ville du pays est aujourd’hui reliée par des autoroutes. La Chine compte plus de 177 000 kilomètres d’autoroute. Aujourd’hui elle est le plus grand fournisseur de troupes et le deuxième contributeur financier aux opérations de maintien de la paix des Nations unies, à en croire M. Sun.

Plus de 12 millions d’emplois sont créés par an en Chine, pour les diplômés et les travailleurs migrants dans les villes, en vue de résorber le taux de chômage. 3000 milliards de Yuan (devise locale), sont investis chaque année dans l’éducation, soit 4% du PIB national. Le pays compte 123 000 écoles techniques et professionnelles, avec 26 820 000 élèves. 

Sur le plan énergétique, la Chine a produit, en 2023, plus 583,3 milliards de KWh d’énergie solaire, contre 466,5 milliards de KWh d’énergie éolienne. Plus de 9 millions de véhicules électriques ont été produits en 2023. La production céréalière a été de 686 millions de tonnes en 2022, soit 483 Kg par habitant. Dans la même année, 443 000 robots ont été produits, soit 50% de la production mondiale.

Tous ces succès de la Chine ne relèvent pas d’un miracle, selon M. Sun. « C’est le travail », estime l’ancien ambassadeur de Chine en République gabonaise. Pour le développement de l’Afrique ou de chaque pays d’Afrique, comme le Burkina Faso, M. Sun pense qu’il faut l’entrée en jeu de plusieurs facteurs. En premier lieu, avance-t-il, « la stabilité politique est très importante ».

Une vue des professionnels des médias burkinabè au séminaire, à Beijing

Ensuite, il faudra annexer à cette stabilité politique un « travail sans relâche ». Mais pour pouvoir avancer sereinement dans ce processus, « il faudra avoir une politique acceptée par la population ». L’accompagnement de la population joue aussi un très grand rôle dans la mise en œuvre optimale des projets de développement.

Partenariats avec l’Afrique 

En 2023, le commerce Chine-Afrique a atteint plus de 282 milliards de dollars US, un record pour le commerce bilatéral. 

Après la reprise des relations le 26 mai 2018, la Chine a signé de nouveaux contrats, avec le Burkina Faso, dans les domaines des infrastructures, de l’industrialisation, de la technologie, de l’éducation, de la culture et de l’innovation.

Dans cette dynamique, des experts chinois en agronomie sont arrivés au Burkina Faso le 1er juillet 2018 et ont contribué à la création de zones pilotes de culture de riz à Bama (Ouest du pays). Jusqu’à la fin de l’année 2018, la Chine a investi 135,2 millions de dollars US, au Burkina Faso.

Par Armand KINDA, Depuis Beijing (Chine)

Minute.bf 

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