Dans le cadre de la mise en œuvre de la deuxième phase de son projet dénommé Alimentation du Nourrisson et du jeune Enfant en Situation d’Urgence (ANJE-U2), l’Organisation non-gouvernementale (ONG), Save The Children Burkina, a initié les 01 et 02 décembre 2022, une sortie terrain avec les hommes et femmes de médias à Kaya, dans la région du Centre Nord. L’objectif étant selon les initiateurs, de permettre à ces journalistes de constater de visu, les interventions de l’ONG en lien avec la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans la région.
Le Burkina Faso traverse depuis près de huit ans, une situation humanitaire des plus difficiles liée à la crise sécuritaire du fait des groupes armés terroristes. Dans un tel contexte, les femmes et les enfants sont les premières viticmes. Selon les estimations du Conseil national de Secours d’Urgence et de Réhabilitation (CONASUR), à chaque déplacement de populations, au moins 60% sont des enfants. Au regard de cela, Save the Children Burkina, l’une des plus grandes ONG de défense des droits de l’enfant, travaille à leur apporter une assistance continue en matière d’éducation, de santé-nutrition et sécurité alimentaire.
Dans la région du Centre-nord, l’ONG mène, à travers son projet Alimentation du Nourrisson et du jeune Enfant en Situation d’Urgence (ANJE-U2), financé par l’UNICEF, plusieurs actions entrant dans le cadre de l’amélioration des connaissances et usages favorables aux pratiques optimales des femmes enceintes et mères d’enfants de 00 à 23 mois, principalement dans les districts sanitaires de Kaya, Barsalogho et Kongoussi.
De la mise en place des GASPA…
C’est sur le site des déplacés internes de Tangsêga Wayalgin, situé à environ 4 kilomètres de la ville de Kaya, que s’est déroulé l’essentiel de cette visite. Sur les lieux, la quinzaine d’hommes et femmes de médias que cette sortie a réunie, a pu constater les actions de l’ONG sur le terrain. Dans la mise en œuvre du projet, Save the Children a mis en place des Groupes d’Apprentissage et de Suivi des Pratiques d’Alimention du nourrisson et du jeune enfant (GASPA). « On a trois types de GASPA : les GASPA des femmes enceintes, les GASPA de mères de 00 à 06 mois et les GASPA de mères de 06 à 23 mois », a expliqué Maïmouna Ouédraogo, Superviseure santé nutrition à Save the Children au compte du projet ANJE U2. Elle précise que chaque GASPA est constitué de 15 femmes, et au sein de chaque groupe, il est choisi une mère leader qui est formée pour servir de relais auprès des autres femmes du GASPA.

Ainsi constitués, ces groupes de femmes font régulièrement l’objet de sensibilisations et de suivis en terme de bonnes pratiques d’alimentation de leurs nourrissons et de leurs grossesses. Et à madame Ouédraogo de préciser que durant ces animations, il leur est aussi distribué des poudres de micronutriments à l’effet d’enrichir l’alimentation des tout-petits. « Ce sont des vitamines qu’on ajoute à l’alimentation de l’enfant à partir de 06 mois pour enrichir son alimentation afin de lui permettre d’avoir un statut nutritionnel satisfaisant. En prenant ça, comme je l’ai dit, les enfants améliorent leur statut nutritionnel et ceux d’entre eux qui étaient au bords de la malnutrition n’y tombent pas. Ils gagnent du poids rapidement comme il se doit », a-t-elle expliqué.
Fort engouement des PDI…
Dans sa mise en oeuvre, le projet ANJE de Save The Children a suscité l’adhésion totale des femmes déplacées internes dans les trois communes de la région du Centre nord, en témoigne la mobilisation générale constatée sur le site de Tangsêga Wayalgin. « Les femmes ont beaucoup adhéré à ce projet. Au sein de chaque groupe, on choisit une mère leader et elles se rencontrent chaque mois pour mener des animations. Avant même qu’on amène les micronutriments, elles se cotisaient de temps en temps des céréales, des intrants à base de produits locaux pour pouvoir entretenir leurs enfants et aussi se partager leurs expériences en terme de bonnes pratiques nutritionnelles », a indiqué la surperviseure qui précise que ce sont plus de 68 000 femmes GASPA qui sont touchées par ce projet dans les trois communes.

Sur le site PDI de Tangsêga Wayalgin, elles sont 300 femmes directement touchées et le nombre ne cesse d’accroître en raison du déplacement permanent des populations. Le site, a précisé dame Ouédraogo, regroupe 40 GASPA.
Déplacée interne venue de Dablo, Alizèta (nom d’emprunt) figure parmi les bénéficiaires. Avec sa grossesse de 06 mois environ, elle dit avoir beaucoup appris sur les bonnes pratiques à adopter dans son état. « Par rapport à mon état, moi je ne savais pas qu’une femme enceinte pouvait peser jusqu’à cinq fois, je croyais que trois pesages suffisaient largement. Maintenant je sais que le fait de peser jusqu’à cinq fois me permet de bien me porter moi et mon bébé qui est à l’intérieur. On nous a aussi appris que si nous sommes malades, d’aller immédiatement à l’hôpital pour avoir des médicaments pour nous prévenir des maladies », se réjouit-elle.

Comme elle, Habibou (nom d’emprunt) a aussi bénéficié du projet. Mère d’un nourrisson, elle se réjouit d’avoir bénéficiè des poudres de micronutriments pour son enfant, de conseils sur la santé nutrition et de bien d’autres faveurs de Save The Children. « On nous a appris qu’avant de donner le sein aux enfants, il faut d’abord rendre les mamelons propres, qu’il faut aussi se laver les mains pour éviter que l’enfant tombe malade. En plus on nous a montré comment faire la bouillie pour les enfants » , a-t-elle témoigné tout en relevant toutefois quelques difficultés relatives notamment à leur condition de déplacées internes. « Notre souci majeur ici est surtout lié à l’alimentation. Comment avoir à manger au moins deux fois par jour. La plupart des femmes que vous voyez ici ont perdu leurs maris dans les attaques. Elles sont arrivées sur ce site sans rien. On demande donc si on peut nous aider avec des formations dans des métiers, ça va nous permettre de nous occuper de nous-mêmes et de prendre en charge nos enfants », a-t-elle exhorté.
Soulignons que dans le cadre de la mise en oeuvre de ce projet, Save The Children a aussi distribué des cash transfer à certains ménages à raison de 63 000 francs sur trois mois. Et au total, 1 700 femmes ont bénéficié de cette aide financière dans la région du Centre nord. A Kaya, 581 femmes déplacées internes ont été touchées.
Oumarou KONATE
Minute.bf