Action-réaction, réponse du berger à la bergère! Les relations entre le Mali et la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA) se sont dégradées. Les rapports entre le Mali et les organisations sous-régionales n’étaient plus au beau fixe depuis la reprise du pouvoir par Assimi Goïta des mains de l’ancien président de la transition Bah N’daw en mai 2021.
En sommet extraordinaire le dimanche 9 janvier 2022 à Accra au Ghana, les deux institutions sous-régionales ont adopté une batterie de sanctions à l’encontre de la transition malienne dans sa volonté de prolonger la transition d’au moins 6 mois à 5 ans. La CEDEAO et l’UEMOA ont décidé de sanctions économiques contre le pays de Assimi Goïta, de la fermeture des frontières de ses pays membres contre le pays, le retrait des ambassadeurs de ses pays membres au Mali, entre autres. Dans la même soirée de ce 9 janvier, la réponse malienne n’a pas tardé. Condamnant ces décisions, la transition malienne a sanctionné à son tour la CEDEAO, annonçant le retrait à son tour de ses ambassadeurs dans les pays de la CEDEAO. À qui profite ce bras de fer ? Quelles conséquences pour les deux parties et certains pays en proie à l’insécurité comme le Burkina Faso dont le président Roch Kaboré a été en première ligne dans la prise des sanctions en présidant le sommet de l’UEMOA ?
Lire aussi: Mali: La CEDEAO frappe fort contre le pouvoir de Assimi Goïta
Toujours et encore la démocratie et les questions de textes? « Ce n’est pas les lois qui font les hommes, c’est l’inverse », argumentait pourtant le rappeur franco-congolais, Youssoupha dans son album «Négritude ».
Le Mali, organisant ses Assises nationales de la Refondation, décidait du prolongement de sa transition de 6 mois à 5 ans. Démocratiquement, les instances sous régionales estiment que c’est trop. C’est exact. Les autorités de la transition ont pris le soin de présenter les résultats desdites assises en entreprenant des tournées. Mais, rien n’y fit. Aucune conciliation entre les deux parties. L’épée de Damoclès s’abat sur les colonels au pouvoir au pays de Modibo Kéita.
A son tour le Mali riposte. Certaines de ses mesures de rétorsions retombent directement sur nombre de pays membres de l’institution comme le Burkina et à la moindre mesure le Niger.
Comment un pays comme le Burkina Faso pourra-t-il fermer ses frontières avec le Mali avec qui, il partage 1000km de frontières, dans ce contexte notamment de lutte contre le terrorisme ? Certainement le président du Faso qui n’a pas protesté le point de fermeture des frontières avec le Mali a sa petite idée des avantages que pourraient tirer le Burkina. Sinon, les pays tels le Ghana, le Nigeria, le Togo, le Bénin… excepté les liaisons aériennes, ne partagent point de frontière terrestre avec le Mali et subiront moindre les éventuelles retombées de cette mesure particulière.
Dans ce sens, seuls le Burkina et le Niger, qui croupissent déjà sous la puissance de feu des forces terroristes risquent de ne point tirer grand avantage de cette mesure. Mieux, face à la dégradation accélérée de la situation sécuritaire du Burkina, le président Roch Kaboré, tout en suivant la ligne de la CEDEAO et de l’UEMOA pouvait penser au volet sécuritaire. Il pouvait entretenir de liens sécuritaires bilatéraux entre son géant voisin malien dans la traque des groupes terroristes à leurs frontières et pourquoi pas en s’autorisant quelques incursions territoriales. Quoi qu’on dise ces deux États sont condamnés par la géographie, surtout en ces temps de tempêtes terroristes. Le bon sens commanderait que l’on mette les intérêts des peuples au devant. Attention à ne pas s’étouffer en voulant étouffer le Mali.
Minute.bf