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vendredi 29 mars 2024

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Rentrée scolaire : Balkissa ou le rêve brisé d’une élève déplacée interne (reportage)

Depuis ce lundi 03 octobre 2022, la rentrée scolaire est effective au Burkina Faso. Elèves et enseignants ont repris le chemin des classes dans la plupart des villes et villages du pays. Mais, ce n’est pas le cas pour Balkissa Kinda, élève déplacée interne qui a trouvé refuge à Kaya. Cette année encore, cette élève que la situation sécuritaire a contraint à abandonner l’école en classe de 4e, n’est pas certaine de reprendre son sac d’école pour la deuxième année consécutive. Voici l’histoire d’une potentielle « infirmière » devenue petite « vendeuse » !

En 2020, Balkissa Kinda a fui son village natal, Barsalogho, pour trouver refuge dans un site aménagé pour déplacés internes dans la ville de Kaya, région du Centre-Nord. Fuir Barsalogho, a été l’unique alternative qui s’est imposée à elle et sa famille. Du moins, c’est l’unique choix que leur avaient laissé les hommes armés. « Un soir vers 17h, ils sont arrivés dans notre village et ils ont commencé à tirer partout. Ils ont attaqué la gendarmerie et le camp des Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP). Ils ont tué 06 volontaires ce soir-là, en plus d’un enfant qui revenait du champ. Après ça, ils ont tiré en l’air jusqu’au petit matin. On a été obligé de fuir le village », se remémore l’écolière. Des moments difficiles pour elle et sa famille, qui ont été contraintes de tout abandonner pour sauver leurs vies menacées. Dans leur fuite, c’est Kaya qui leur a ouvert ses bras. Sa famille et elle ont d’abord trouvé refuge sur le site de déplacés internes de Bollé, avant qu’elle, ne soit confiée à une famille amie, elle aussi, déplacée interne dans cette ville.

A son arrivée à Kaya, la jeune fille qui espérait pouvoir poursuivre ses études déjà interrompues en plein milieu de l’année, a vite été confrontée à la difficile réalité des Personnes déplacées internes (PDI) : problèmes de logement, difficultés d’accès aux moyens de subsistance, prise en charge familiale et bien d’autres. La vie à Kaya devenant de plus en plus difficile, ses parents ont fait le choix de rebrousser chemin en repartant s’installer dans le village en dépit de tous les risques que cela pourrait comporter. « Mon papa a finalement décidé de repartir avec ma maman pour rester au village. Il dit qu’il préfère aller mourir là-bas que de rester ici pour vivre comme cela. Je suis restée chez mon oncle ici », confie Balkissa.

« Je me dis que pour moi est fini… »

A Kaya, l’écolière n’a plus jamais repris le chemin de l’école. Dans cette vie de réfugiée qui est désormais la sienne, la priorité est bien ailleurs que dans les frais de scolarité et de fournitures scolaires qui, d’ailleurs ne sont pas à portée de mains de ses parents. Il faut d’abord trouver de quoi survivre au quotidien, car, l’aide humanitaire demeure toujours une aide insuffisante. « Quand on est arrivé ici, on n’a même plus parlé de ma scolarité. Quelqu’un qui n’a même pas à manger, où il va avoir l’argent pour payer sa scolarité. Mon papa n’a même pas eu besoin de me dire que l’école est finie pour moi, j’ai compris moi-même », se confie celle qui rêvait pourtant de devenir « infirmière », pour « soigner les gens de Barsalogho ».

Balkissa souhaitait vivement repartir à l’école. « Je veux aller à l’école. L’année où on a fui Barsalogho, je faisais la 4e. Si j’avais continué, j’aurais eu mon BEPC et peut-être actuellement je serais en classe de seconde. Ici, quand je vois surtout mes camarades qui reviennent de l’école, à chaque fois ça me fait vraiment mal. Je me dis que moi aussi je pouvais être comme ça », soupire-t-elle.

La jeune fille avait pourtant espoir qu’elle repartirait à l’école

Mariage-arrangé

Réconfortée par les « on-dit », elle avait l’espoir qu’elle continuerait ses études à Kaya. « Quand on quittait Barsalogho, les gens nous avaient dit qu’arrivé ici, on allait poursuivre l’école mais depuis qu’on est arrivé en 2020, personne ne parle de ça encore », regrette-t-elle. Voilà donc maintenant deux années que la jeune fille n’a plus repris le chemin de l’école. Deux années durant lesquelles, elle a aussi pris un coup d’âge. « Quand j’arrivais ici, j’avais 17 ans. Mais maintenant j’ai 19 ans. Ça fait deux ans que je n’ai pas fréquenté à cause de la situation. A chaque fois que le temps passe, je me dis que pour moi est fini », se désespère la déplacée interne.

Son inquiétude est autant plus justifiée, en raison de son âge mais surtout, des réalités sociales qui s’imposent à elle. En effet, depuis quelques temps, sa famille d’accueil à Kaya projette d’arranger un mariage entre elle et l’un de ses enfants. Une chose que la jeune fille refuse de toutes ses forces. « Ils ont commencé à parler de ça dans mon dos depuis le début de cette année. Mais je leur ai bien dit que je ne suis pas d’accord. Ils n’ont même pas informé mon papa qui est à Barsalogho et ils disent qu’ils veulent me donner en mariage » s’écœure-t-elle. L’affaire devenant de plus en plus persistante, la jeune fille dit s’être retournée vers l’Action sociale. « J’ai quitté la cour et je suis allée voir les gens de l’Action sociale. C’est quand la famille a appris que je suis allée là-bas qu’ils m’ont appelée pour me dire de revenir que c’est fini. Maintenant ils disent qu’ils vont laisser tomber l’affaire. », affirme-t-elle, persuadée cependant que ce n’est qu’une question de temps. « Je sais qu’ils ont juste laissé tomber par peur des gens de l’action sociale. Je sais qu’ils vont revenir là-dessus », déclare persuadée, celle-là qui dit avoir pour seule prière en ce moment, de repartir dans son Barsalogho natal.

Devenir Couturière…

Désespérée de ne pouvoir poursuivre ses études, Balkissa veut desormais apprendre la couture

Dans la ville refuge de Kaya, Balkissa s’est reconvertie en commerçante d’occasion pour faire face à la réalité. Entre vente d’arachides, de maïs et d’autres menus marchandises, elle fait dans la débrouille pour épauler sa tante, elle aussi réfugiée. Ayant perdu tout espoir de reprendre le chemin des classes, Balkissa nourrit désormais un tout dernier espoir, celui du « métier des mains ».

En effet, la jeune fille nourrit le profond désir d’apprendre la couture. Cela, non seulement en raison, dit-elle, de son âge assez avancé, mais aussi de la desormais réalité sociale qui s’impose à elle. « Je veux apprendre la couture. Je me dis qu’avec ça au moins, je ne vais pas perdre deux fois. Au moins j’aurai quelque chose que je sais faire de mes dix doigts. Ainsi, partout où on m’enverra, je pourrai au moins me débrouiller avec ça », souhaite-t-elle, un brin d’espoir dans les yeux. Outre cela, la jeune réfugiée espère surtout regagner un jour, le village qui l’a vu naître pour demeurer auprès des siens.

Oumarou KONATE

Minute.bf

6 Commentaires

  1. C’est bien triste. Dire qu’elles sont des millions dans cette situation, ça fend vraiment le cœur. Vivement que les nouvelles autorités créent les conditions réelles de retour des PDI dans leur villages respectifs

    • Vraiment que Dieu sauve notre pays car nos frères et sœurs souffrent actuellement dans la vie surtout les plans.
      Parlant de scolarisation, c’est vraiment incroyable. la vie dans Les écoles est un lieu espérance. on espère beaucoup à l’école . Donc quand on voit quelqu’un qui se voit perdre son espoir, c’est vraiment insupportable.vraiment prions que la paix reviens au Faso pour que chacun réalise ces rêves!

  2. C’est vraiment déplorable d’entendre cela. Mais c’est une triste Réalité de la Vie. C’est la volonté de dieu on s’y remettre à lui je pense que ça ira par sa grâce. Courage !

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