Ça y est ! Les avocats de Vincent Dabilgou ont pris la parole pour leur plaidoirie de défense, ce mardi 04 juillet au Tribunal de grande instance Ouaga 1. C’est Me Roger Yamba qui a ouvert le bal de la défense de l’ex-ministre en charge des Transports. Il a demandé au Tribunal de ne pas considérer les déclarations à charge du prévenu Jean Gabriel Séré contre son client, Vincent Dabilgou.
Vincent Dabilgou est mis en accusation pour les faits de « détournement de deniers publics, financement occulte de parti politique et blanchiment d’argent ». Le Procureur du Faso a réquis contre l’ex-ministre des Transports, 15 ans dont 10 ans ferme, une amende de 500 millions de francs CFA ferme, un mandat d’arrêt à son encontre et la déchéance de ses droits civiques pour 7 ans. Vincent Dabilgou a, pourtant, plaidé non-coupable à la barre.
Mieux, pour son avocat, Me Yamba, « on ne peut pas prendre pour preuve les déclarations d’un prévenu pour condamner un autre prévenu ». « C’est la parole de Jean Gabriel Séré qui est parole d’évangile ici pour le parquet. Il a le droit de mentir. Mentir fait partie du droit du prévenu », a-t-il martelé à la barre. Pis, ne comprends pas l’avocat : « Jean Gabriel Séré a été auditionné plusieurs fois. Les premières fois, il n’avait jamais mis en cause le ministre Dabilgou ». Il a fallu donc, conclu Me Roger Yamba, qu’à un moment donné, « un deal soit tissé entre le parquet et le prévenu pour inculper Vincent Dabilgou ». « Que les chrétiens me pardonnent. Même Jésus-Christ, tout le monde n’a pas cru en lui. Si des gens n’ont pas cru en lui, c’est Jean Gabriel Séré, on doit croire ? », se demande l’avocat de la défense de Vincent Dabilgou.
Pourtant, dit l’avocat, Vincent Dabilgou a travaillé à la mairie de Ouagadougou. « Il avait à sa charge 3 millions de F CFA par semaine de carburant en gestion. Après son départ, il a été audité, mais rien d’anormal n’a été trouvé. Il a été ministre sous Blaise Compaoré. Après son départ, il a été audité, mais rien d’anormal également », a déchargé Me Yamba. L’avocat a demandé au Tribunal de douter un temps soit peu de la crédibilité de Jean Gabriel Séré. « M. Seré dit s’il a détourné c’est sur instruction du ministre Dabilgou. M. Séré est-il un enfant ? Peut-on faire pression sur lui ? Non ! », a-t-il ajouté.
Des retraits sur le compte ECOBANK. Me Roger Yamba fait remarquer au Tribunal que le 26 novembre 2018, Jean Gabriel Séré a touché directement un chèque de plusieurs millions sur le compte du ministère des Transports, avant même la campagne de 2020. Encore, Me Yamba ajoute que des témoins sont passés à la barre et ont confirmé avoir fait des retraits sur envoi de Jean Gabriel Séré. « Une certaine Marietou Ouattara, l’épouse de Jean Gabriel Séré, est même passée toucher l’argent dans le compte ECOBANK du ministère des Transports. De l’argent a été aussi viré dans son compte, soit 8 millions de F CFA », a révélé Me Roger Yamba. De même, « Yvonne Ouédraogo, une volontaire est passée toucher des chèques à hauteur de 17 millions de F CFA dans le compte ECOBANK », a argumenté l’avocat. Tout cela prouve, selon M. Yamba, que Jean Gabriel Séré a agi seul. « Malheureusement, il n’y a rien ! La montagne a accouché d’une souris », a clamé Me Yamba.
Plus loin, Me Yamba souligne que c’est plutôt le prévenu Jean Gabriel Séré qui avait besoin de se faire connaître, car, « il était à sa première tentative de candidature dans un parti ». « C’est cet argent qui lui a permis de battre aux élections législatives de 2020, l’ex-ministre de l’éducation nationale, Pr Stanislas Ouaro, dans la boucle du Mouhoun », a affirmé Me Roger Yamba, qui conclut qu’« on veut diminuer Vincent Dabilgou ». « Mais, ne diminuons pas la fonction ministérielle », a déploré l’avocat de la défense. L’avocat a demandé au Tribunal de « renvoyer le ministre Vincent Dabilgou, ne serait-ce qu’au bénéfice du doute ou tout simplement pour infraction non constituée ».
Mathias Kam
Minute.bf