À l’instar des autres avocats de la défense, le collectif d’avocats pour la défense de l’accusé Gilbert Diendéré, a entamé ses plaidoiries, ce jeudi 24 mars 2022. Me Abdoul Latif Dabo a ouvert le bal en s’attaquant au fait de subornation de témoin contre l’accusé Gilbert Diendéré. Pour lui, ce chef d’accusation n’a pas lieu d’être. Il dénonce un « acharnement » contre son client.
Me Abdoul Latif Dabo a rappelé avant d’entamer sa plaidoirie que ce procès n’est pas un jugement des 27 ans du pouvoir de Blaise Compaoré. Il soutient que Gilbert Diendéré doit avoir un procès équitable.
Le chef d’accusation de subornation de témoin qui pèse sur Gilbert Diendéré, suppose selon Me Abdoul Latif Dabo que, l’accusé a eu recours à la manœuvre ou supercherie ou artifice pour amener le témoin à mentir, ou à ne pas dire ce qu’il a vu ou entendu ce jour. Mais il n’en est rien, selon lui, estimant que « sur la bande audio, à aucun moment, il y a la voix de Gilbert Diendéré, encore moins que le supposé envoyé de celui-ci demande au témoin de mentir ou s’abstenir pour que Diendéré sorte indemne dans cette affaire ».
Pour l’avocat, cette infraction n’est pas constituée, parce qu’ « en rien l’élément audio n’inculpe Gilbert Diendéré, car le supposé envoyé ne demande aucunement au témoin de mentir ou de ne pas aller témoigner, mais simplement de dire la vérité et de savoir se défendre ».
De plus, il a indiqué que d’autres témoins ainsi que le concerné lui-même, étaient au moment des tirs (qui ont emporté le président Sankara et ses compagnons, NDLR) à l’extérieur du lieu du drame (le Conseil de l’Etente, NDLR). « Ce n’est ni plus ni moins la vérité que demande le supposé envoyé au témoin devant le juge s’il est appelé à témoigner », soutient l’avocat. « Ce chef d’accusation sur mon client est un acharnement, fut-il même que cette personne soit le général Gilbert Diendéré », a-t-il martelé. Pour lui, la subornation de témoins se prouve. Cependant, fait-il remarquer, ni la partie civile ni le parquet ne l’a prouvé.
Ainsi, Me Abdoul Latif Dabo a donc demandé que le juge fasse fi des réquisitions du parquet militaire et relaxe son client pour infraction non constituée.
En rappel, Gilbert Diendéré, Chef de la sécurité du Conseil de l’Entente (lieu de l’assassinat de Thomas Sankara) lors du putsch de 1987 est poursuivi pour « attentat à la sûreté de l’État, complicité d’assassinats, recels de cadavres et subornation de témoins ». Le parquet militaire a requis contre lui, pour l’ensemble de ces chefs d’accusation, 20 ans de prison ferme.
Les plaidoiries se poursuivent avec un autre avocat qui va plaider en faveur de Gilbert Diendéré sur un autre chef d’accusation qui pèse sur lui.
Mathias Kam (Stagiaire)
Minute.bf