jeudi 12 décembre 2024
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Procès Dabo Boukary : Rasmane Béogo revient sur les conditions de son arrestation en mai 1990

Rasmane Béogo, une victime du 19 mai 1990 a fait sa déposition. Ce dernier ne figurait pas sur la liste des témoins. Son témoignage est intervenu ce mercredi 21 septembre 2022 après le passage de tous les témoins. Il a laissé entendre que Gilbert Diendéré a ordonné qu’on leur « rase la barbe et la tête » pour les intégrer dans l’armée. Concernant l’accusé Mamadou Bamba, le témoin confirme qu’il a été arrêté sur indication de ce dernier, responsable des CR en son temps, en compagnie de l’adjudant-chef Maïga le 17 mai 1990.

Selon les témoignages de la victime Rasmané Béogo, il a été arrêté deux fois entre le 17 et le 19 mai 1990. De ses explications, il ressort que le 17 mai 1990 il a été brièvement interpellé au Campus par le sergent chef Maïga qui était accompagné de Mamadou Bamba, représentant des Comités révolutionnaires. C’est selon lui, l’accusé Mamadou Bamba qui a indiqué à Maïga qu’il était aussi un militant de l’ANEB. Ce qui a conduit à son interpellation aux environs de 10h pour être relâché vers 14h du même jour.

« J’ai été arrêté le 19 mai vers 16h, une deuxième fois, à mon domicile à Wemtenga et conduit à la sûreté de l’État. J’ai été gardé au poste de garde juste à l’entrée de la sûreté avec un étudiant, feu Boukary Sebgo, qui m’a rejoint 1h après. J’étais alors en 5e année de médecine et Sebgo, en 4e année. Il avait une large plaie au genoux et le dos en piteux état. Il m’a affirmé qu’il a été arrêté ce même samedi 19 mai après une course poursuite dans le quartier 1200 logements. C’est moi qui assurait le pansement de ses blessures», a confié la victime.

Les deux étudiants en médecine sont restés à la sûreté jusqu’au mois de septembre ou octobre, ajoute Rasmané Béogo, avant d’être de nouveau conduits aux Conseil de l’entente quelques temps après.

Selon les explications de Rasmané Béogo, un matin, l’adjudant-chef Elie Sawadogo est venu les chercher pour leur remettre des tenus militaires pour leur intégration dans les rangs des forces armées nationales.

« Le lendemain, le capitaine d’alors Gilbert Diendéré est passé. Il a dit : “vos soldats là, ils ont trop de cheveux”. Je portais une barbe très longue. On nous a rasés sur ordre du capitaine Diendéré. Ainsi commençait la formation militaire jusqu’en novembre. Le capitaine Gilbert Diendéré nous a dit, avant de nous donner une permission de 48h peu après novembre, que “celui qui ne revient pas encourera toutes les conséquences”. À partir de ce moment, les conditions se sont assouplies », raconte la victime.

Il précise en sus que le capitaine Gilbert Diendéré, pourvoyait à leurs petits besoins, notamment en savon et pâte dentifrice. La victime appuie aussi qu’ils sont restés au Conseil de l’entente jusqu’au mois d’avril – mai 1991, avec quelques fois des permissions de 48h.

Rasmané Béogo a confié aux juges que cet épisode lui a fait perdre 2 ans d’études en médecine.

Les auditions se sont achevées avec ce dernier témoignage. La place est laissée à présent aux plaidoiries…

Mathias Kam
Minute.bf

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