Le jeudi 4 février 2021, le Premier ministre (PM), Christophe Marie Joseph Dabiré se prêtant à l’exercice de Déclaration de Politique générale (DPG) devant la représentation nationale, a obtenu l’onction des députés, qui lui accordent le plein pouvoir de mettre en œuvre sa feuille de route. Si le PM l’a emporté par la majorité absolue, soit 105 voix sur les 127 députés, il n’en demeure pas moins que les positions sont mitigées de part et d’autre en fonction des positions politiques. A la sortie de l’exercice, le président du groupe parlementaire CDP a donné les raisons de vote de son parti qui a décidé de ne pas accorder sa confiance au premier ministre.
Achille Tapsoba est le président du groupe parlementaire Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP). Voici sa réaction: « C’est au nom du groupe parlementaire du CDP que nous avons déclaré notre intention de vote à cette déclaration de politique générale (DPG) du Premier ministre Christophe Dabiré.
En effet, nous avons auditionné le premier ministre (PM), nous avons analysé cette politique générale qu’il nous a proposée, et après avoir échangé avec le PM comme prévu dans le règlement de l’Assemblée et de la constitution, nous avons estimé que cette DPG est une sorte de mise en œuvre sous forme de plan général du programme quinquennal du président Rock Marc Christian Kaboré. Nous avons observé que du point de vue de la forme, ce discours avait une grande qualité. Nous avons apprécié également la volonté de balayer tous les domaines dans une concision assez exceptionnelle. Mais du point de vue du fond et de la portée de cette politique générale, la politique du PM nous semble en deçà des attentes des populations.
Par conséquent, en temps que représentant de ces populations, nous avons estimé que les réponses apportées aux graves problèmes que traverse le Burkina Faso, notamment en matière de sécurité, de santé, de réconciliation nationale, d’infrastructures et de relance économique, paraissent insatisfaisantes.
Sur le foncier par exemple, ce sont des reformes qui sont annoncées avant que nous ne les voyons concrètement. Une reforme du point de vue de la thématique générale est toujours une bonne chose, mais le tout est de savoir ce qu’on met dans le contenu. C’est dans la déclinaison du contenu d’une reforme que peut naître nos divergences également. Ce n’est donc pas suffisant de nous annoncer qu’il y aura une reforme foncière, encore faut-il savoir ce que va recouvrir cette reforme foncière que nous apprécierons en son temps.
Ces propositions correspondent peut-être à la vision de la majorité mais présentent quelques contradictions et quelques divergences avec le programme de notre parti et de notre candidat. Étant entendu que c’est le programme qui a été voté par les Burkinabé à l’issue du suffrage du 22 Novembre 2020, nous estimons que ce programme est le leur. Nous avions une meilleure offre politique même si elle n’a pas été plébiscitée. Nous estimons que c’était la meilleur offre politique sur le plan alternatif. Nous considérons fiable et viable notre programme pour le devenir et l’avenir des Burkinabè. C’est pour cette raison que nous avons estimé que ce discours ne nous donnait pas de satisfaction, même s’il contient bien-sûr des aspects intéressants telle que la volonté politique de faire la réconciliation nationale, de travailler pour juguler les problèmes sécuritaires. Mais tout cela, pour nous, ne répond pas de manière holistique aux différentes réponses apportées à ces questions graves. Il faut donc quitter les sentiers battus, apporter des réponses innovantes, afficher un engagement ferme à travers des programmes osés et engager des solutions aux problèmes que connaissent les Burkinabé en tenant compte de tous les aspects, de toutes les compétences et de tous les acteurs. C’est pour cette raison que nous n’avons pas approuvé ce programme.
Nous avons souhaité que le gouvernement travaille à faire en sorte que nous nous retrouvons, si jamais dans leur vision globale, ils venaient à comprendre et apprécier la pertinence de notre programme, que nous tenons à proposer comme étant une alternative pour le Burkina Faso. Voilà le sens de notre vote ce soir à l’hémicycle par rapport au programme du premier ministre.
Au niveau du foncier par exemple, il y a quelque chose à faire. Même dans nos programmes politiques nous avons abordé cette question. Si rien n’est fait ce sera une bombe donc il est vraiment important que l’on puisse faire en sorte qu’il y ait plus de transparence dans la gestion du foncier, et surtout la question des sociétés immobilières ».
Propos recueillis par Priscille Somda (Stagiaire)
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