Ceci est une lettre ouverte de la Brigade anti magasins de la Cellule de Veille Interzones de Larlé exprimant au Ministre en charge de l’Urbanisme et de l’Habitat sa « préoccupation sur l’augmentation des constructions des magasins de stockage en milieu d’habitation ». Lisez plutôt !
Préoccupation sur l’augmentation des constructions des magasins de stockage en milieu d’habitation
Monsieur le Ministre de l’Urbanisme et de l’Habitat,
S’il y a un phénomène qui nous préoccupe ces dernières années, c’est la recrudescence des constructions des magasins de stockage dans les milieux d’habitation. C’est avec un sentiment d’impuissance et de révolte que nous assistons à un changement de ces terrains d’habitation à des terrains destinés au commerce. Nous vivons déjà avec impuissance un calvaire dû à l’occupation anarchique des emprises de la voie ferrée par les ferrailleurs.
En 2020, nous avons fait un état des lieux des magasins déjà construits sur une partie de la section WD. Nous avons pu dénombrer treize (13) magasins incrustés dans les milieux d’habitation dans un rayon de moins de 150 mètres. Dès lors, nous avons décidé de signaler à la Direction Générale de Contrôle de l’urbanisme et à la voirie municipale de Ouagadougou toute construction de magasin de stockage dans notre secteur. Nous signalons également la Mairie de l’arrondissement numéro 2.
Suite à nos dénonciations, Les services de contrôle des constructions se sont souvent déplacés pour arrêter les travaux car les constructeurs n’étaient pas en règle vis-à-vis de la règlementation en matière de construction. Mais, malgré ces arrêts répétés des chantiers, les constructeurs ont toujours poursuivi leurs travaux. Ce qui fait que de nos jours, tous les chantiers que nous avons signalé et qui ont été marqués en peinture rouge ‘’arrêt chantier ‘’ ont été achevés ou sont en phase d’achèvement. Ont-ils pu se conformer par la suite à la réglementation ?
Nous avons également mené d’autres actions tendant à amener l’autorité à se pencher sérieusement sur le problème de construction des magasins de stockage.
A titre d’illustrations, des actions suivantes ont été réalisées :
- le 20 mars 2020, nous avons déjà adressé une correspondance à ce sujet à l’ancien Maire de l’Arrondissement numéro 2 de Ouagadougou;
- en juin 2020 une autre lettre a été adressée au Maire central d’alors de la ville de Ouagadougou, lorsque sur la parcelle 01 Lot 53 Section WD (068) les travaux de construction avait redémarré. Le Maire central a ordonné l’arrêt immédiat du chantier ;
- en juillet 2020, nous avons invité la Rtb a consacré un reportage sur le dossier. Elle mandaté deux journalistes notamment les journalistes Sékou OUATTARA et Daouda ZONGO pour réaliser le reportage et l’élement est passé à la Rtb dans ce même 3ème trimestre de l’année 2020.
- Le 26 aout 2022, nous avons adressé une correspondance à votre prédécesseur pour lui soumettre nos doléances ;
- Le 12 septembre 2022, le journal en ligne minute.bf a consacré des colonnes sur le sujet.
De nos jours, tous les magasins de stockage qui avaient été arrêtés dans le passé ont connu leur achèvement. Un vient de redémarrer dans le mois de juillet 2024, celui-là que le Maire central avait ordonné l’arrêt des travaux le 19 juin 2020. Il y a également une nouvelle construction qui vient de démarrer dans ce mois d’août 2024. La voirie municipale a été informé mais c’est toujours le même refrain : « c’est où ça, nous allons passer vérifier ».
Monsieur le ministre, nous avons cette impression que nous avons prêché dans le désert.
Monsieur le Ministre, cette situation que nous vivons est en partie imputable à certains agents de la Direction Générale du Contrôle de l’urbanisme, de la voirie municipale de Ouagadougou et le service de contrôle de la mairie de l’arrondissement no2.
Tenez, lorsque les travaux sur la parcelle 18 Lot 33 Section WD Secteur 08 ont démarré en décembre 2021, nous avons signalé plusieurs fois les trois services ci-cités. Et plusieurs fois le chantier a été arrêté. Une première fois par la Direction Générale du Contrôle de l’urbanisme et trois fois par les services de la voirie municipale de Ouagadougou qui travaille en tandem avec ceux de la mairie de l’arrondissement no2. Mais le constructeur n’a jamais arrêté ces travaux. Un jour de novembre 2022, un technicien de la voirie municipale nous a approchés pour dire qu’il a pris en main le dossier du constructeur de la parcelle 18 Lot 33 Section WD et qu’il s’activait à régulariser le dossier.
Dans le même ordre d’idées, lorsque les travaux de construction sur la parcelle 01 Lot 53 Section WD (068) ont démarré nous avons signalé la Direction Générale du Contrôle de l’urbanisme qui est venue marquée par la peinture rouge « arrêt chantier ». C’était en février 2020. En juin 2020 le chantier a redémarrer. Nous avons signalé la voirie municipale mais qui tardait à réagir. C’est alors que nous avons adressé une correspondance au Maire central d’alors de la ville de Ouagadougou qui a instruit les agents de la voirie de faire arrêter les travaux comme nous l’avons déjà évoqués dans les actions réalisées. Une équipe de la voirie a effectivement débarqué sur le chantier et a mis fin aux travaux. L’équipe a même emporté le matériel de construction qui était sur les lieux. Elle a aussi marque sur le mur « arrêt chantier, magasin non autorisé ». C’était le 19 juin 2020. Mais à notre grande surprise, les travaux ont repris en juillet 2024.
Lorsque nous avons approché la voirie municipale pour signaler le redémarrage du chantier, l’agent qui était le chef d’équipe, chargé de faire arrêter le chantier en 2020, nous a dit que le constructeur du magasin a obtenu ses papiers (changement de destination permis de construire) l’autorisant à poursuivre son chantier. Et Pourtant sur le chantier nous avons constaté beaucoup d’irrégularités : absence de signalement des travaux de construction par un panneau de chantier, un impératif pourtant obligatoire pour toute construction selon l’article 199 du code de l’urbanisme et de construction ; absence de matériels adéquat (bétonnière, vibreur…) pour un tel ouvrage classé dans la catégorie C des constructions ; pas de structure de contrôle. Le décoffrage se fait en 24 heures, les briques et le ciment sont déposés nuitamment sur le chantier par des tricycles.
Monsieur le Ministre, si nous avons signalé la construction du magasin de stockage sur la parcelle 01 Lot 53 Section WD (068) secteur 08, ce n’est pas le fait qu’il soit en règle ou pas. Nous l’avons signalée à cause du contexte du milieu. En effet ce nouveau magasin en construction est implanté dans un six mètres et fait face à un autre magasin déjà construit et qui avait déjà fait l’objet d’une perquisition car abritant des produits très dangereux. A la sortie Est et Ouest du six mètres, il y un magasin déjà deux construits. Au Nord de la parcelle c’est dire le six mètres suivant il y a également deux magasins construits. Comment pourrons-nous vivre dans de telles conditions ? Ces constructions répondent-elles aux objectifs du développement durable et de la durabilité tant prônés ?
Monsieur le Ministre, les cibles priorisées de l’Objectif 11 du Développement Durable parlent de renforcement d’une urbanisation inclusive et durable pour tous et une réduction de l’impact environnemental négatif des villes par habitant.
Nous ne pouvons pas dire que des magasins de stockage implantés dans un espace aussi réduit surtout en milieu d’habitation répondent à une urbanisation inclusive et durable encore moins contribuent à réduire l’impact environnemental négatif des villes. Car les activités générées par ces implantations nuisent à la quiétude des riverains. Les rotations des gros camions pour décharger ou recharger la marchandise représentent de véritables dangers pour les riverains. Ces magasins stockent souvent des produits dangereux. Il y a des périodes où les six mètres sont bloqués par les stationnements et il est souvent difficile de sortir ou de rentrer chez soi. Ces activités sont encore exacerbées quand elles sont menées de nuit. Les enfants qui s’amusent en longueur de journée dans ces six mètres déjà très exigus sont exposés permanemment à des risques d’accidentMonsieur le Ministre, des propos de certains responsables dans la chaine de contrôle des constructions portent à croire qu’ils ont opté pour une urbanisation exclusive. Ils encouragent l’implantation des magasins de stockage en milieu d’habitation sans tenir compte des contextes du milieu.
En 2023, nous avons rencontré le PDS de la Mairie de l’Arrondissement numéro deux (2) de Ouagadougou pour lui faire part de nos préoccupations. Deux sujets étaient à l’ordre du jour. Il s’agissait de l’occupation anarchique des emprises des rails par les ferrailleurs et l’implantation inquiétante des magasins de stockage en milieu d’habitation. Pour le dernier point, le PDS nous a simplement dit que si nous avons vendu nos parcelles, nous ne pouvons pas empêcher les nouveaux acquéreurs de construire des magasins. Pour ce qui est de l’occupation des emprises des rails, un de ces assistants a dit que si la mairie centrale s’aventurait à vouloir déguerpir les ferrailleurs des emprises du chemin de fer, c’est la mairie qui sera déguerpie. Pour ce conseiller les ferrailleurs sont plus fort que l’institution que représente le PDS central de la mairie de Ouagadougou. Le troisième propos vient d’un technicien chargé du contrôle des constructions de la voirie municipale. Pour lui, des sections de certaines zones d’habitation seront déclassées en faveur des zones commerciales à l’image de Sankar-yaaré. Il ajoute encore que la loi a déjà prévu des dispositions pour les changements de destination. Nous lui avons répondu que nous ne sommes pas à cette étape d’abord et que Sankar-yaaré n’est pas un bon exemple pour nous. Nous avons poursuivi en lui disant que notre souci réside dans le fait de déclasser une seule parcelle d’habitation dans un lot de plusieurs pour permettre à un individu de construire un magasin de stockage.
Dans l’entendement de ces responsables cités précédemment, la construction d’un magasin de stockage rime avec urbanisme et développement (économique). Ils ont occulté les autres dimensions de développement qui sont celles environnementales et sociales. Est-ce que la construction de ces mastodontes de stockage en milieu d’habitation est-elle en phase avec le concept de durabilité ? La réponse est non. Car la durabilité est la qualité d’un processus, d’une action, d’une activité remplissant les trois conditions du Développement Durable, c’est-à-dire l’équité sociale, la viabilité environnementale et enfin l’efficacité économique. Nous devons rechercher une construction soucieuse de l’environnement et du bon-vivre ensemble et non accentuer uniquement sur l’aspect économique.
Monsieur le Ministre, au vu de ce qui précède, nous avons l’honneur de solliciter de votre bienveillance un solutionnement de nos préoccupations et proposons les recommandations suivantes :
- tenir compte dans le nouveau code de l’urbanisme, les cibles priorisées de l’objectif 11 du Développement Durable;
- relire le décret 554 portant conditions et modalités de changement de destination de terrain car comportant des insuffisances ;
- imposer une superficie sur laquelle doit être implantés les magasins de stockage ;
- mener des enquêtes sur les magasins implantés sur cette partie de la section WD pour s’assurer qu’ils ont obtenu un certificat de conformité après l’achèvement des travaux article 202 du code de l’urbanisme et des construction.
- appliquer l’article 222 à tout magasin construit ou en construction en violation des dispositions applicables ;
- mettre en place une équipe pluridisciplinaire en concertation avec les riverains pour statuer sur les constructions futures des magasins de stockage en milieu d’habitation, même si le constructeur a ses document (changement de destination, permis de construire) ;
- transformer le magasin de stockage dont les travaux sur la parcelle 01 Lot 53 Section WD (068) ont redémarré en 2 villas F3. Nous estimons que c’est un magasin de trop dans un six mètres aussi réduit ;
- affecter les agents de la Direction Générale du Contrôle de l’Urbanisme ; de la voirie municipale de Ouagadougou chargés du contrôle des constructions qui ont fait plus de trois ans de service.
Dans l’espoir d’une suite favorable, nous vous prions de recevoir monsieur le Ministre, l’expression de nos salutations distinguées
1er Responsable 2ème Responsable
Saydou KABORE
78982117 // 70223879
Fatwa TRAORE
69691059 // 70167951
Ampliations
Ministre de l’administration territoriale et de la Mobilité
Lire aussi ➡️ Ouagadougou : Des habitants en colère contre la « construction anarchique » de magasins à Larlé
Minute.bf