La Coalition pour le suivi des engagements du Burkina Faso en matière de climat et de développement durable (Coalition CDN) a dévoilé, le jeudi 10 octobre 2024, sa stratégie de plaidoyer pour la promotion des énergies renouvelables et la mise en œuvre des engagements politiques.
Dans son combat pour la promotion des énergies renouvelables pour un développement durable, la Coalition CDN a une stratégie de plaidoyer auprès des autorités nationales.
En effet, le Coordonnateur du projet CDN, Daniel Ilboudo a rappelé que le Burkina Faso est signataires d’au moins 12 conventions internationales sur l’environnement et le climat. Cela l’astreint au paiement régulier de cotisations. Mais, foi de M. Ilboudo, 04 conventions sur les 12 signées par le Burkina Faso totalisent des impayés de 8 millions de F CFA.
Ainsi, sachant que les retards de paiement des cotisations sont de nature à restreindre certains avantages dont le Burkina Faso pourrait bénéficier (financements et participations aux conférences des professionnels Parties (Cops) avec droit de vote), la Coalition CDN suggère au Premier ministre, au ministre en charge de l’économie, celui en charge des Affaires étrangères et celui en charge l’environnement, d’ « accélérer les concertations interministérielles pour aboutir rapidement au rattachement du paiement des cotisations au programme budgétaire de l’institution qui assure la mise en œuvre de chaque convention ». La Coalition recommande également à la Primature et aux ministères susmentionnés de « s’impliquer davantage dans le suivi de la mise en œuvre des convention ».
A l’Assemblée législative de Transition (ALT), à travers notamment la Commission développement durable et aménagement du territoire, Daniel Ilboudo et ses camarades proposent de « suivre la dynamique de mise en œuvre des conventions ratifiées par le Burkina Faso et interpeller, au besoin, le Gouvernement au respect des engagements librement pris avec la ratification des textes et lois internationaux ».
Aussi, engagé à soumettre périodiquement des rapports sur le climat au Secrétariat exécutif de la Convention-cadre des Nations unies sur les Changements climatiques (CCNUCC), le Burkina Faso, sur la période 2001-2020 a soumis 3 communications nationales contre 5 rapports attendus, un rapport biennal actualisé sur 2 attendus.
Sur ce point, la Coalition CDN suggère à l’Institut géographique du Burkina et l’Agence nationale de Météorologie de « mettre à disposition les données pouvant contribuer à l’élaboration de rapports de qualité ».
De l’accessibilité des collectivités territoriales aux énergies renouvelables
La seconde note de plaidoyer de la Coalition CDN porte sur l’amélioration de l’accessibilité des collectivités territoriales aux énergies renouvelables. A ce niveau, la Coalition CDN a souligné que le Burkina Faso a pris l’engagement, pour la période 2015-2020, de réduire à l’horizon 2030, ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 18,2%. En 2020, l’évaluation de la première CDN a permis de définir de nouvelles ambitions conformément aux dispositions de l’Accord de Paris sur le climat. En 2021, le Burkina Faso a soumis une nouvelle CDN dont l’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre est de 29,42% à l’horizon 2030. Toutefois, cela s’est heurté à des écueils sur le terrain, parmi lesquels, les conférenciers ont cité « le faible accès des collectivités territoriales aux énergies renouvelables ; la forte émission de GES du secteur énergétique (2ème secteur émetteur) due à l’utilisation des énergies fossiles ».
Pour accélérer l’accès des collectivités territoriales aux énergies renouvelables, la coalition CDN plaide auprès du ministère en charge de l’Énergie, de celui en charge de l’environnement et de celui en charge de l’Administration pour « le renforcement des capacités des collectivités territoriales dans la recherche de financements au plan national et à les accompagner à la mobilisation de ressources à l’international ».
A l’endroit de l’Association des municipalités du Burkina Faso et de l’Association des régions du Burkina Faso et des communes cibles du projet CDN, M. Ilboudo préconise « d’expérimenter et vulgariser des systèmes intégrés et circulaires de production d’énergie à base de bioénergie dans les établissements publics tels que les mairies, les centres de santé, les écoles… d’initier et subventionner des opérations pour l’amélioration de l’accès des populations rurales aux énergies renouvelables ; de prendre en compte les énergies renouvelables dans les Plans communaux de développement/Plans régionaux de développement ».
A l’Autorité de Régulation du secteur de l’Energie (ARSE) la coalition recommande « d’analyser et d’améliorer le mécanisme de contrôle-qualité des équipements solaires importés ».
La gestion des déchets plastiques coûte 2 milliards de F CFA à la ville de Ouagadougou
La dernière note du plaidoyer de la CDN concerne l’accélération de la révision de la mise en œuvre de la loi portant interdiction de la production, de l’importation, de la commercialisation et de la distribution des emballages et sachets plastiques non-biodégradables. Adoptée depuis 10 ans, cette loi peine à être « pleinement » mise en œuvre. Conséquence, la seule ville de Ouagadougou produit à elle seule « 130 000 tonnes de déchets plastiques par an, soit 14% de la production nationale de déchets de tous genres », a dénoncé Daniel Ilboudo, soulignant que « la gestion de ces déchets plastiques coûte à la commune 2 milliards de F CFA chaque année ».
Au regard du danger que le péril plastique fait peser sur l’environnement, sur les animaux et sur la qualité de vie des Burkinabè, la Coalition CDN tout en félicitant le Gouvernement, à travers le ministère en charge de l’environnement, pour l’adoption en conseil de ministres en sa séance du 02 octobre 2024 d’un avant-projet de loi portant interdiction totale des emballages et sachets plastiques au Burkina Faso, a formulé des suggestions. Elle exhorte l’ALT, à « conforter la décision du gouvernement en adoptant la loi portant interdiction totale des emballages et sachets plastiques au Burkina Faso ; à suivre l’action gouvernementale pour s’assurer, après adoption, de l’application effective de la loi portant interdiction totale des emballages et sachets plastiques au Burkina Faso ».
Au ministère en charge de l’Environnement et à celui en charge du Commerce, la coalition CDN suggère de « renforcer le contrôle aux frontières, notamment terrestres, aussi bien sur les points d’accès officiels que sur les autres bandes frontalières ; d’intensifier les campagnes de sensibilisation et l’éducation environnementale en direction des populations et des élèves ; de poursuivre et intensifier la dynamique de financement, notamment à travers le Fonds d’intervention pour l’Environnement, des initiatives locales de valorisation des déchets plastiques… ».
Franck Michaël KOLA
Minute.bf