mercredi 11 décembre 2024
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Master en Sciences du langage : Oumarou Konaté analyse le discours militaire en 2022

Le Journaliste de Minute.bf, Oumarou Konaté, a soutenu son mémoire de fin de cycle Master, en Sciences de langage option Analyse du discours, le samedi 14 septembre 2024 à l’Université Joseph Ki-Zerbo. À l’issue de sa présentation, le jury a jugé le travail recevable en lui décernant la mention « Très bien » pour une note de 17/20.

« Approche argumentative du discours officiel de l’Etat-major général des armées face aux attaques terroristes : Cas du Burkina Faso en 2022 », c’est sur ce thème que Konaté a axé son travail pour l’obtention de son diplôme de Master en Sciences du langage. Après près d’une année de recherches et d’analyses scientifiques, il a défendu les résultats auxquels il est parvenu, dans la matinée de ce samedi.

Les membres du jury avec, au centre, le président du jury, Pr Bernard Kaboré, à sa droite, le rapporteur, Dr Issaka Sawadogo, par ailleurs Co-directeur de l’impétrant et à l’extrême gauche, Dr Ousseni Soré, Membre.

L’étude de M. Konaté visait à comprendre les stratégies argumentatives mobilisés en 2022 par l’Etat-Major général des armées burkinabè pour communiquer sur les incidents sécuritaires et mobiliser le peuple burkinabè autour de la cause nationale. En partant des discours officiels produits par l’institution militaire après les grandes attaques sur le territoire national en 2022, l’étudiant au département des Sciences du langage a examiné les aspects énonciatif, rhétorique, sociolinguistique ainsi que la pragmatique d’une telle communication de crise.

Son étude révèle par exemple qu’en 2022, le discours de l’institution militaire a sollicité le peuple burkinabè à travers des procédés comme la polarisation discursive, une stratégie consistant à susciter une différenciation entre deux groupes opposés par les idées et par les actions. Dans ce sens, selon l’impétrant, le discours de l’armée burkinabè en 2022 révèle l’existence de deux camps qui s’opposent. D’un côté, il y a, selon ses analyses, le pôle de ceux qui défendent le « Bien », c’est-à-dire le Burkina Faso, comprenant notamment la hiérarchie militaire, la troupe, le peuple et les amis du Burkina Faso. Et de l’autre côté, il y a le pôle des personnes qui sont favorables au « Mal » à savoir les groupes terroristes et leurs alliés. Selon l’impétrant, la mise en scène de cette polarisation discursive a permis à l’institution militaire de réunir l’ensemble des Forces nationales et internationales, amies du Burkina Faso, autour d’elle, dans son combat contre l’ennemi commun qu’est le terrorisme.

L’étude de l’étudiant Konaté révèle aussi que dans la construction de son image, l’EMGA a recours a un éthos collectif au détriment de l’éthos individuel. Ce qui se manifeste notamment par un usage prépondérant du « Nous » et de ses correspondantes possessives au détriment du « Je ». « En recourant au ‘Nous’, l’EMGA veut créer un sentiment d’inclusion et de solidarité, englobant le locuteur et l’audience dans une même communauté ou un même groupe. L’objectif ici est de renforcer l’unité et la cohésion de l’ensemble des forces de la Nation autour de la cause commune. Cette stratégie est particulièrement puissante dans ce contexte de crise où l’unité et l’identité collective sont cruciales », a-t-il relevé. Outre cet aspect, l’armée se construit également dans son discours, une image « professionnelle », « victorieuse », « engagée » et surtout « humaniste » selon lui.

L’impétrant a brillamment défendu les résultats de ses recherches devant le jury

Dans ses analyses, Oumarou Konaté a en outre fair observer qu’en 2022, le discours de l’institution militaire a mobilisé le peuple burkinabè autour de la question sécuritaire, en le sollicitant par les émotions, aussi appelées « pathos ». En plus de cela, selon ses explications, les actes de langage, les implicites, le lexique et l’interdiscours, ont aussi été utilisés au niveau pragmatique. Ces différentes stratégies ont eu pour objectif, selon les conclusions de l’impétrant, de rassembler l’ensemble des populations, autour de la lutte contre le terrorisme. Mais, pour vérifier l’efficacité de ce discours sur la cible, l’impétrant ambitionne de mener d’autres recherches ultérieures.

Après avoir exploré l’univers discursif de l’armée burkinabè, Oumarou Konaté a fait des recommandations pour un discours plus efficace. Il s’agit de la prise en compte des langues nationales dans la communication militaire afin de favoriser une meilleure compréhension des populations des attaques terroristes et favoriser ainsi leur implication dans la lutte. Il suggère également un usage nuancé des ornements stylliques dans la communication militaires car dit-il, « une rhétorique trop flamboyante pourtant en décalage avec la réalité peut créer une méfiance envers les messages officiels ». L’impétrant propose de plus, la mise en place de mécanisme pour anticiper et contrecarrer les discours non officiels qui entourent la question sécuritaire au Burkina Faso.

A l’issue de sa présentation, le jury a déclaré son travail recevable du fait de sa pertinence scientifique, la qualité de la démarche adoptée et aussi l’actualité de la thématique abordée. Il lui a décerné la mention Très bien avec une note de 17/20.

Présent à cette soutenance, le Directeur de la communication et des relations publiques de la Gendarmerie nationale, le Lieutenant Judicaël S.A.K. Koné, a félicité l’impétrant pour la qualité de son travail. Il s’est réjoui de cette thématique et surtout des suggestions qui serviront, dit-il, à améliorer la communication de l’institution militaire.

Lieutenant Judicaël S.A.K. Koné, Directeur de la communication et des relations publiques de la Gendarmerie Nationale

M. Koné a par ailleurs invité les autres acteurs de la recherche scientifique à s’intéresser au domaine militaire et sécuritaire car, de son avis, chaque couche de la société burkinabè doit, en ces moments décisifs, apporter sa pierre à la construction de la Nation.

Pour rappel, avant la soutenance, Oumarou Konaté a remporté, le vendredi 13 septembre 2024, le 1er prix du journalisme sur la paix et la cohésion sociale et le prix spécial Oxfam dans la catégorie presse en ligne, avec son œuvre intitulée : « Burkina : A Sanyiri, Jeanne Lompo tisse la toile de l’espérance avec les femmes déplacées internes ».

Lire aussi ➡️Prix du journalisme sur la paix et la cohésion sociale : Oumarou Konaté du journal Minute.bf remporte le 1er prix dans la catégorie presse en ligne

Jean-François SOME

Minute.bf

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