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samedi 18 mai 2024

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Korsimoro/problème foncier : Le village de Raguitenga exige son retrait du projet immobilier

Toujours pas d’entente entre les habitants du village de Raguitenga et la mairie de Korsimoro sur le projet de construction d’une cité. D’un côté, les populations disent ne plus se reconnaître dans le projet et refusent catégoriquement de céder leurs terres tandis que la municipalité est en train de travailler pour le démarrage effectif des travaux. Ce mardi 16 février 2021, les habitants de Raguitenga (30 kilomètres de Kaya et 70 kilomètres de Ouagadougou) étaient encore mobilisés pour marquer leur refus à la construction de la cité dans les conditions d’indemnisations proposées par la mairie.

Balais, spatules et calebasses en main, c’est ainsi que les femmes de Raguitenga sont sorties pour accompagner leur mari pour protester contre la construction d’une cité communale qui prend en compte leur village. « Nous tenons des balais, des spatules et des calebasses pour dire que nous n’avons pas à manger parce qu’on nous a interdit de cultiver. On pensait qu’on allait avoir des mesures d’accompagnement, mais rien n’a été fait. Ils ont berné nos époux », s’est exprimée Alizéta Sawadogo, porte-parole des femmes de Raguitenga. Mais quel est le fond du problème qui divise cette population aux autorités communales sur la construction de la cité ?

« Au début, on pensait que c’était dans le sens du développement de notre village, mais actuellement nous voyons que c’est carrément le contraire. Comment comprendre qu’un projet qui vient pour développer, pour changer la vie des populations, les empêche de semer pour les laisser dans la faim et la misère ? », a réagi véhément le porte-parole des jeunes Moumouni Sawadogo avant de soupirer : « c’est déplorable !». En effet, si ces populations à travers les vieux avaient souscrit au projet, elles entendent se retirer car jugeant le dédommagement « minime ». 

Moumouni Sawadogo, porte-parole des jeunes de Raguitenga

« Sur un hectare, ils ont prévu 2 parcelles et 1 million pour nous ; c’est minime et même insignifiant », estime M. Sawadogo qui regrette que les accords aient été signés avec les vieux en écartant les jeunes. Face à cela, les manifestants proposent comme indemnisation : « 5 parcelles et 5 millions sur chaque hectare » et aussi, que le village ne soit pas déguerpi. C’est donc ce décalage entre la proposition de la mairie et celle des habitants de Raguitenga qui constitue le nœud gordien de cette affaire dont le lancement est intervenu depuis 2017. A l’étape actuelle, ces populations disent n’avoir qu’une seule position : la construction de la cité dans les autres villages excepté le leur. « L’objet de ce rassemblement est de marquer un refus catégorique du projet », a clairement notifié Moumouni Sawadogo qui regrette, lettres ouvertes à l’appui (7 novembre et 17 décembre 2020) que les tentatives de dialogues avec le maire aient été vaines. Ainsi, ces populations en appelle au mouvements de defense des droits de l’homme et particulièrement le Mouvement burkinabè des Droits de l’homme et ded Peuples (MBDHP) et aux autorités compétentes notamment le ministère de l’urbanisme qui a déjà suspendu le traitement des dossiers des promoteurs immobiliers pour qu’une solution soit trouvée à leur situation. Mais, que dit le maire ?

« Ce qu’ils (habitants de Raguitenga) veulent est impossible… », maire

De son côté, le maire de Korsimoro dit ne pas comprendre les manifestants de Raguitenga, arguant qu’au début du projet, ils semblaient les plus motivés. « Les négociations ont mis en accord tout le monde », rassure le maire Jacques Ouédraogo qui en veut pour preuve, les signatures apposées par les différentes parties. 

Face à la décision de Raguitenga de sortir du projet, « ce qu’ils veulent n’est pas possible », a réagi le maire qui explique : « s’ils avaient dit au départ qu’ils n’étaient pas d’accord, peut-être qu’on allait circonscrire leurs terrains et continuer avec les autres ». Par ailleurs, au moment où les populations de Raguitenga manifestaient, le Conseil municipal était en session pour décider de « comment commencer les dédommagements ». A cet effet, le maire de Korsimoro précise que « les parcelles ont été immatriculées », l’Etat ayant donné son autorisation. Ce dernier poursuit en lancant aux manifestants : « vous croyez que si la commune est en rupture de parcelles, on va vous laisser ? ».
Aussi, sur le fait que les populations de Raguitenga se plaignent de n’avoir pas pu cultiver, le maire dit reconnaitre les désagréments liés à cela. « Nous travaillons avec des partenaires et c’est un partenaire qui n’a pas pu marquer le pas », a répondu le maire qui rassure tout de même qu’un dédommagement est prévu dans ce sens. A l’en croire, les démarches sont entamées dans ce sens. Et si les choses trainent, c’est parce que « la commune n’a pas un rond. Elle a initié ce projet pour avoir des sous. La commune n’a pas mis le projet entre les mains des promoteurs immobiliers parce qu’elle a besoin d’argent pour pouvoir se développer », soutient M. Ouédraogo.

Jacques Ouedraogo, maire de la commune de Korsimoro

En outre, si les populations de Raguitenga disent avoir essayé de rencontrer le maire en vain, ce dernier nie cela. « Quand ils viennent de temps à autre, on les écoute », a-t-il déclaré avant d’ajouter d’ailleurs qu’« il n’y a pas eu d’autres propositions » de la part des manifestants qui refusent maintenant le projet. Qu’à cela ne tienne, le maire lui aussi campe sur sa position en indiquant qu’il ne peut plus faire marche arrière encore moins revenir sur les conditions d’indemnisation telles que souhaitées par les habitants de Raguitenga.

C’est donc entre ces voix discordantes que traîne le projet de construction de la cité à Korsimoro qui, faut-il le rappeler à été lancé depuis 2017 et doit couvrir cinq villages dont Raguitenga. Ce vaste projet couvre une superficie totale de 415 hectares pour un coût global de plus de 15 milliards de f cfa.

Franck Michaël KOLA

Minute.bf

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