vendredi 13 décembre 2024
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Institut des peuples noirs: Pour une affirmation des identités culturelles des Noirs

L’institut des peuples noirs, de quoi s’agit-il? Quelles sont ses missions et sa vocation ? Pour répondre à ces questions, www.minute.bf a rencontré le Secrétaire technique de l’institut des peuples noirs, Ousmane Djigmdé. Le cadre institutionnel de la création de l’institut, le stade actuel de son évolution, ses prérogatives, les activités menées sont entre autres les questions qui ont été abordées avec Ousmane Djigmdé. Il n’a cependant pas voulu se prononcer sur l’affaire de l’incinération des fétiches qui avait défrayé la chronique.  

Minute.bf :Présentez-nous l’Institut des peuples noirs ?

Ousmane Djigmdé : Selon l’article 1er de la Convention portant création de l’Institut des Peuples Noirs (IPN), « L’I.P.N est un cadre adéquat de rencontre et l’expression vivante de la volonté commune des peuples noirs de préserver leurs identités culturelles, leur génie et leur dignité ».

Il est la volonté manifestée par l’ensemble des peuples noirs d’Afrique et de sa Diaspora, depuis la maturation du projet en 1986, au symposium international de Ouagadougou, jusqu’à la naissance le 10 avril 1990.

L’article 2 vient préciser le type d’institution qu’il est, à savoir qu’il « est doté de la personnalité juridique et de l’extraterritorialité. Il jouit en outre de l’autonomie financière et des privilèges et immunités diplomatiques attachés à son statut. Un accord de siège entre le pays hôte et l’I.P.N sera établi à cet effet. »

Dès 1990, à sa naissance, l’IPN était représenté par une direction générale, dirigée par Prosper Kompaore. Son siège, conformément à la convention, est Ouagadougou.

Minute.bf: Quelles sont les missions de l’Institut ?

Ousmane Djigmdé : Pour retrouver les missions de l’IPN, il faut examiner le chapitre II de la Convention qui traite des principes et objectifs. Que disent ceux-ci ?

« L’IPN se fonde sur les principes de droit international touchant les relations amicales et la coopération entre les États et tout particulièrement sur : « le respect de la dignité humaine sans considération de race, de religion, de croyance philosophique ou politique; l’égalité de droits des Peuples ; le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes».

« D’une manière générale, l’IPN a pour vocation de doter les peuples noirs d’un cadre de rencontre, d’échange et de partage de leurs multiples expériences à travers le monde, d’un lieu de remembrement de la grande communauté noire, et de point d’ancrage, de ressourcement culturel et d’accueil de la Diaspora noire ; restaurer chez les Noirs, où qu’ils soient, la confiance totale en eux-mêmes, notamment par le biais de l’éducation, afin qu’ils puissent toujours compter, avant tout, sur leurs propres capacités d’imagination et de créativité ; stimuler, promouvoir et manifester la créativité dont les Noirs ont donné des preuves magnifiques dans leur histoire et qui peut aujourd’hui servir de ressource pour l’expression moderne de leur génie inventif, scientifique et technologique, de norme pour la transformation de leurs pratiques culturelles et sociales ; contribuer à l’émergence d’une nouvelle conscience historique dans le monde noir en favorisant les mutations susceptibles d’enrayer certaines extraversions négatives afin de redonner aux noirs l’initiative créatrice pour réaliser leur propre développement ; contribuer à travers la recherche et l’éducation, sur la base des réalités culturelles du monde noir, à la restauration et à l’approfondissement d’une vraie démocratie dans les États noirs, en tenant compte du fait que la liberté d’opinion et d’expression sont les sources essentielles de créativité et de développement ; contribuer au renforcement et à l’affirmation des caractères communs des identités culturelles des Peuples noirs, par la sauvegarde et la mise en valeur de leurs patrimoines culturels qui témoignent et expliquent leurs affinités ; servir de liaison entre les Organisations éducatives, culturelles et scientifiques du Monde noir, dont il doit encourager et faciliter le développement et la collaboration ; favoriser la participation consciente, volontaire et solidaire des Peuples Noirs à la civilisation universelle contemporaine et future : en tant que communauté consciente de son histoire spécifique, de son identité communautaire liée par des solidarités internes structurées ; par le dialogue et la coopération avec les peuples des autres communautés, en tant que partenaires égaux

Minute.bf: Depuis la création de l’Institut, quelles sont les activités que vous avez pu mener ? 

Ousmane Djigmdé: Je voudrais ici rectifier cette perception qui se repend surtout au niveau des plus jeunes. Non, nous n’avons pas créé l’IPN car l’IPN renaît, si on peut parler ainsi, dans la mesure où, c’est une institution qui avait simplement été mise en hibernation pour un certain nombre de raisons. Le congrès des peuples noirs étant la seule instance à prononcer sa dissolution.

Ceci dit, depuis le 6 août 2020, le Gouvernement du Burkina Faso a décidé de relancer le projet et nous sommes à pied d’œuvre pour faire connaître la structure et mobiliser aussi bien au niveau national qu’international.

Il a donc créé le Secrétariat technique de l’Institut des Peuples Noirs (ST-IPN) pour porter le projet de relance de l’IPN. Ce qui veut dire que dans un délai de 5 ans maximum, l’IPN devrait renaître avec l’ensemble de ses prérogatives internationales

À ce titre, la Ministre (de la culture, ndlr) a fait une communication orale et participé à la commémoration du Mois de l’Histoire de l’Afrique et de ses Diasporas. Nous avons également participé à ses côtés à Dakar à la célébration de la Journée de la Renaissance africaine, ainsi qu’au 10ème anniversaire du Monument de la Renaissance Africaine.

Nous nous attelons également à mettre en place l’ensemble des structures du secrétariat technique de l’IPN et à déployer les activités de vulgarisation et de mobilisation au niveau national et international.

Minute.bf : On ne vous sent pas depuis votre création. Est-ce que vous n’êtes pas en train de disparaître ?

Ousmane Djigmdé: Pas du tout ! Je vous ai cité à l’instant les activités que nous avons menées ou auxquelles nous avons pris part. Il faut se dire aussi que ce n’est pas aisé de remettre sur pied une structure d’une si grande importance. Notre pays est résolument lancé sur le projet avec l’engagement politique du Chef de l’État qui a décidé de le prendre en compte dans son programme 2020-2025. La Ministre (de la culture, ndlr) est très engagée sur le dossier. Les contacts ont été pris pour booster notre action de relance. Soyez rassuré !

Minute.bf : Quels sont vos rapports avec la nouvelle équipe dirigeante quand on sait que l’ancien ministre a porté la renaissance de l’Institut des peuples noirs ?

Ousmane Djigmdé: Je viens de vous dire que c’est un dossier prioritaire sur lequel travaille la Ministre Foniyama Elise Ilboudo/Thiombiano. C’est même elle qui a procédé à mon installation juste après le Mois de l’Histoire de l’Afrique et de ses Diasporas. Elle est en train de mettre à notre disposition les moyens nécessaires pour fonctionner, malgré les conditions difficiles.

Minute.bf: L’actualité est marquée par l’incinération de « fétiches » par une église. Après cette incinération, des associations de défense de la tradition ont organisé une conférence de presse pour marquer leur indignation. En tant que directeur de l’Institut des peuples noirs quelles est votre opinion ?

Ousmane Djigmdé: Je ne suis pas directeur de l’IPN. Il y a une nuance à faire entre le Secrétariat Technique de l’IPN qui est une structure administrative de droit burkinabè, chargé de relancer la Direction Générale de l’IPN, structure exécutive d’une institution internationale qu’est l’IPN.

Sur la question du débat actuel, je pense que je n’ai aucun commentaire à faire là-dessus.

Propos recueilli par Hamadou Ouédraogo

Minute.bf

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