« Administration du territoire au Burkina Faso dans un contexte de forts défis sécuritaires : état des lieux et perspectives » : c’est sous ce thème que l’union nationale des administrateurs civils du Burkina Faso (UNABF) a tenu un panel ce samedi 14 mai 2022 à Ouagadougou.
Un rendez-vous pour diagnostiquer la situation que vivent les populations et les agents de l’administration dans les zones où sévit l’insécurité mais surtout décliner des perspectives pour une sortie de crise.
« C’est une réalité aujourd’hui qu’il y a certaines circonscriptions administratives et certaines communes qui sont difficiles d’accès. Comment l’administration doit fonctionner avec ces difficultés ? Comment ça se passe et quelle est la meilleure formule? Voici autant de questions qu’on se pose et on a jugé bon d’organiser une rencontre autour de ces questions », a décliné Bassouleymane Ouattara, président de l’UNABF, pour justifier la tenue de l’activité.

Trois communications étaient à l’ordre du jour pour ce panel. La première communication, présentée par le directeur général de l’administration du territoire, Victorien Ouangraoua, a porté sur « l’état des lieux de l’administration territoriale en cette période de crise sanitaire » . Il a clairement détaillé que sur les 45 provinces que compte le pays, 21 sont aujourd’hui très touchées par la crise sécuritaire et « la plupart des services publiques ne fonctionnent plus » dans ces zones.
Malgré la dégradation de la situation sécuritaire, Victorien Ouangraoua a noté « une certaine capacité de résilience » de l’administration du territoire. «Malgré les difficultés qu’elle rencontre, l’administration est resilliante. Les agents continuent d’assurer les services sociaux de base » dans ces zones, a-t-il laissé entendre.

Quant à la 2e communication, elle fut portée par l’enseignant chercheur, Abdoul Azise Sodore avec pour sous thème, la situation sécuritaire dans les bandes frontalières du Burkina Faso.
Pour lui, « les bandes frontalières sont restées des déserts non exploités » et c’est ce qui a favorisé le développement rapide du germe d’insécurité. Aussi, le manque de l’Etat ou sa sous représentation et le sentiment d’abandon ont aussi favorisé la recrudescence de l’insécurité, a expliqué Azise Sodore.
Comme solutions pour une sortie de crise, il a recommandé au gouvernement de « faire l’effort pour mettre en oeuvre la politique nationale de frontière » et « agir toute suite et maintenant sur l’enjeu actuel» qui consiste à « bitumer vaille que vaille les voies rouges ».
La dernière communication a porté sur « les formes et approches de l’administration du territoire en période de crise sécuritaire ». Elle a été donnée par l’administrateur civil et ancien ministre délégué du transport, Baba Dieme.

Tout comme son prédécesseur, Baba Dieme a conseillé une prise de «mesures urgentes » dans les zones à fort défis sécuritaires pour essayer d’amorcer la crise. Il a également recommandé un « renforcement du dialogue religieux et une meilleure circulation et traitement de l’information » dans ces zones parce que, pense-t-il, « rien ne doit être minimisé ».
En un mot, M. Dieme a expliqué que « l’État doit s’employer à corriger les défaillances révélées par la crise sécuritaire ».
Pour rappel, le Burkina Faso subit des attaques terroristes depuis maintenant plus de 6 ans. Les symboles de l’État ou encore ses représentants sont le plus souvent pris pour cible dans cette guerre imposée par des groupes armés.
Mouni Ouedraogo
Minute.bf