Ceci est une déclaration du parti Les Démocrates sur la crise sociopolitique au Sénégal, avec les manifestations qui ont suivi la condamnation de l’opposant politique Ousmane Sonko. Lisez plutôt !
Le parti Les Démocrates suit avec beaucoup d’attention l’évolution de la crise socio-politique au Sénégal.
Depuis bientôt deux ans, le Sénégal connaît un climat politique et social de plus en plus tendu. Les sources des tensions sont multiples mais sont cristallisées sur Monsieur Ousmane SONKO, un des leaders de l’opposition politique du pays. En effet, particulièrement depuis février 2023, plusieurs confrontations ont opposé sympathisants de Monsieur SONKO aux forces de l’ordre, à Mbacké (février), Dakar (février/mars) et Ziguinchor (mai). La crise a atteint son paroxysme à partir du 1er juin dernier après la condamnation de Monsieur SONKO à deux ans de prison ferme pour « corruption de la jeunesse ». Il n’en
fallait pas plus pour que des manifestations violentes soient constatées dans presque tout le pays engendrant plusieurs morts, un grand nombre de blessés et l’arrestation d’environ 500 manifestants, parmi lesquels des membres de la société civile, des journalistes et des opposants politiques.
La volonté à peine voilée du Président Macky SALL d’être candidat pour un troisième mandat présidentiel aux élections prévues en février 2024, malgré les termes de la constitution sénégalaise et de sa propre parole donnée en 2019, apparait comme le vrai mobile da la crise qui met aux prise les différents acteurs. En effet, pour les acteurs politiques et de la société civile, le Président Macky SALL est dans des manipulations machiavéliques d’élimination des potentiels adversaires sérieux à l’élection présidentielle de février 2024. Il aurait mis toutes les institutions à contribution dans son complot d’Etat ourdi contre les opposants politiques ayant des voix discordantes avec lui mais audibles auprès
des sénégalais. La justice serait utilisée à tous les degrés comme bras exécutants. Les forces de défense et de sécurité sont détournées de leur
mission républicaine et portent atteinte aux libertés fondamentales des citoyens.
Les tensions politiques actuelles au Sénégal sont nourries par les nombreuses procédures judiciaires qui touchent notamment les journalistes et les hommes politiques. Étant donné que d’autres opposants politiques, dont Karim WADE et Khalifa SALL, sont déjà passés par la prison et mis sur la touche, Ousmane SONKO a adopté la stratégie de la « rue publique » pour faire face à l’adversité politique du Président Macky SALL.
Cette énième crise dans la sous-région vient nous rappeler comme si c’était hier, l’épisode du Burkina Faso en 2014 ou le président Blaise COMPAORE avait voulu tordre le cou à la constitution pour pouvoir se présenter après 27 ans de règne. Conséquence, il a été non seulement contraint à la démission, mais aussi pousser à l’exil et surtout avec des morts et des blessés qui vivent toujours avec les séquelles.
Infecté par le syndrome d’hubris, malgré sa parole donnée en 2019 de ne pas briguer un troisième mandat, le Président Macky SALL court le risque de ternir l’image de son pays jusque-là réputé pour son modèle de démocratie et de stabilité. Cette situation malheureuse que vit le Sénégal vient rappeler à quel point nos dirigeants ne tirent jamais leçons du passé. L’exemple Burkinabè et celui de la Guinée, pays voisin du Sénégal doivent inspirer le Président Macky SALL qui peut toujours saisir l’occasion de se racheter pour éviter le chaos à son pays. La solution à la crise sénégalaise est dans les mains du Président Macky SALL qui doit agir par un acte fort en déclarant clairement et sans ambiguïté qu’il ne se présentera pas à un troisième mandat. La situation du Sénégal nous interpelle en tant qu’africains, progressistes et démocrates sur
l’état de la démocratie dans nos pays. En effet, la démocratie est en train de connaître des développements inédits en Afrique, où son utilisation par les forces conservatrices aboutit finalement à du « démocratisme » ouvrant ainsi la voie aux régimes exceptions.
Les dimensions sociales et économiques, autant que celles juridiques constituent des éléments décisifs dans l’appréciation des démocraties. La bonne gouvernance politique implique que la gestion des affaires de l’État soit faite dans le strict respect des règles et des valeurs démocratiques. Ces dernières doivent être appropriées par les gouvernants et la société toute entière. L’état de la démocratie conjugue ainsi les inclinations démocratiques des institutions, des hommes qui les conduisent, la propension de la société à poser des exigences allant dans ce sens.
C’est aussi le lieu pour nous, d’attirer l’attention des dirigeants de notre sous-région, à se départir de l’autoritarisme, de la manipulation des lois
démocratiques, l’instrumentalisation de la justice, les embrigadements et violences policières, les enlèvements clandestins et la séquestration de
citoyens et atteintes incessantes des libertés démocratiques. Utiliser la force publique, notamment la justice et les forces de défense et de sécurité, pour régler les comptes politiques ou pour affaiblir l’adversaire politique, conduit à
des lendemains incertains et les exemples sont légion dans notre sous-région fortement fragilisée. Les gouvernants doivent travailler à assurer une indépendance totale de la justice dans leurs pays respectifs, gage d’une cohésion sociale durable et le couronnement d’une démocratie véritable.
L’affaire SONKO vient nous rappeler, la politisation par nos dirigeant, des forces publiques qui sont devenue des sources de conflits de tout genre dans notre sous-région.
Au vu de ce qui précède, le parti les démocrates :
-présente ces condoléances aux familles des victimes et souhaite prompt rétablissement aux blessés ;
-invite le président Macky SALL à mettre en avant l’intérêt du peuple sénégalais ; à privilégier la voie de la démocratie et le respect de la constitution sénégalaise en annonçant clairement qu’il ne se présenterait pour un troisième mandat ;
-lance un appel à la CEDEAO et l’Union Africaine à prendre position clairement pour le peuple sénégalais et ses institutions démocratiques en
exigeant le respect strict de la constitution sénégalaise sur la limitation des mandats présidentiels ;
-encourage la classe politique sénégalaise et l’ensemble du peuple sénégalais à défendre les valeurs et les principes républicains dans le
respect des personnes, des biens publics et privés.
Vive la démocratie dans notre sous régions.
Liberté et Progrès !
Le président du Parti
Pr SmaïIa OUEDRAOGO
Minute.bf